L’indice IFO mesurant le climat des affaires en Allemagne a battu un nouveau record au cours du mois d’octobre. L’entrée des députés de l’AFD, parti d’extrême droite au parlement allemand ne semble pas affecter le moral des entrepreneurs de la première économie européenne.
Les perspectives économiques sont au beau fixe pour les patrons allemands. Selon le baromètre IFO publié ce mercredi, le moral des entrepreneurs a enregistré un rebond inattendu au mois d’octobre et signé un nouveau record historique. Ces résultats interviennent alors que le parti populiste AFD est la première formation d’extrême droite à faire son entrée au Bundestag depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce parti est devenu la troisième force politique d’Allemagne en surfant sur le mécontentement des électeurs face à l’arrivée de nombreux réfugiés et l’effondrement des deux grands partis traditionnels que sont la CDU et le SPD.
Un moral en hausse dans l’industrie
S’appuyant sur un sondage mené auprès de 7.000 entreprises, cet indicateur très attendu, qui permet d’avoir un aperçu de l’activité économique dans les prochains mois, s’est hissé à 116,7 points, après deux mois de baisse d’affilée, en étant redescendu à 115,3 points en septembre, selon un chiffre corrigé par l’Ifo.
“Les entreprises sont très optimistes concernant les mois à venir. Elles ont également revu à la hausse leur évaluation sur leur situation actuelle”, relève Clemens Fuest, président de l’institut Ifo, cité dans un communiqué. “La très bonne situation commerciale a permis cette correction, l’économie allemande est toutes voiles dehors”, ajoute-t-il.
Le moral est particulièrement en augmentation dans l’industrie manufacturière “tractée par les biens d’équipement et l’ingénierie mécanique”. En témoigne la forte hausse de l’utilisation des capacités industrielles. Le commerce de détail a fait un bond en avant en octobre. Le baromètre demeure par ailleurs au beau fixe dans le secteur de la construction, où il affiche un niveau record. Seul le secteur du commerce de gros, où le moral est en baisse, vient ternir le tableau, rapporte l’Ifo.
Les élections fédérales n’affaiblissent pas le moral des entrepreneurs
Après avoir obtenu 12,6% des voix aux élections législatives à la fin du mois de septembre, le parti nationaliste et xénophobe Alternative pour l’Allemagne (AFD) a fait son entrée au parlement allemand mardi dernier dans une ambiance tendue. Mais pour Carsten Brzesk, analyste de la banque ING Diba interrogé par l‘AFP :
“Il semblerait que les entreprises allemandes soient résolues à laisser derrière elles les tensions géopolitiques accrues, les déboires de l’industrie automobile allemande et l’euro fort. Quant aux résultats des élections fédérales, ils n’ont pas ébranlé l’optimisme des entrepreneurs.”
Klaus Wohlrabe, économiste de l’IFO interrogé par Reuters a indiqué que l’économie passait outre les difficiles négociations que tient la formation politique de la chancelière Angela Merkel avec deux partis d’opposition en vue de former une coalition gouvernementale. “L’économie allemande montre qu’elle ne souffre pas de la situation politique”, a-t-il dit, faisant référence aux discussions ouvertes à la suite des élections législatives du mois dernier.
Par ailleurs, il a ajouté que les firmes allemandes semblaient protégées contre d’autres risques extérieurs comme le futur départ du Royaume-Uni de l’Union européenne, la crise catalane ou la réforme fiscale de Donald Trump.
L’inflation préoccupe les consommateurs allemands
Si le moral des entrepreneurs bat des records, celui des consommateurs montre quelques signes de ralentissement. Selon l’étude mensuelle de l’institut GfK publiée ce jeudi, le moral des consommateurs allemands devrait légèrement baisser en novembre sur fond de regain de crainte d’inflation.
Après avoir atteint 10,8 points en octobre, le baromètre GfK, qui repose sur un sondage de quelque 2.000 personnes, devrait en novembre à nouveau céder 0,1 point, à 10,7 points.
“Les attentes sur la conjoncture et les intentions d’achat augmentent”, selon le communiqué du GfK. “Le thème de l’inflation semble toutefois davantage préoccuper les consommateurs”, ajoute l’institut.
En Allemagne, l’inflation s’est établie à 1,8% en septembre, ce qui n’est “pas encore une raison de s’inquiéter”, en restant sous l’objectif proche de 2% fixé par la Banque centrale européenne pour la zone euro. Les consommateurs ont surtout vu grimper les prix des denrées alimentaires, en particulier les produits laitiers, et des carburants. Si le moral des consommateurs reste élevé, la suite va notamment dépendre de l’issue des négociations à Berlin en vue de former un gouvernement de coalition. “Si cela devait s’éterniser, cela finirait par inquiéter les consommateurs”, note le GfK.
Des prévisions de croissance à la hausse
Au début du mois d’octobre, le gouvernement allemand a nettement relevé ses prévisions de croissance à 2% pour 2017 et 1,9% pour 2018 d’après des propos de la ministre de l’Economie, Brigitte Zypries, rapportés par l’AFP.
“L’économie allemande se porte bien, le prochain gouvernement doit faire en sorte que cela reste le cas, la conjoncture allemande a gagné en dynamisme et en envergure et restera pour les années suivantes sur le chemin de la croissance”.
En revoyant à la hausse ses projections pour 2017, le gouvernement se montre encore plus optimiste que les annonces des principaux instituts économiques allemands. Ces derniers tablaient sur une progression du PIB de 1,9% en 2017 et 1,8% en 2018. Par ailleurs, le nombre de chômeurs devrait passer de 2,54 millions en 2017 à 2,47 millions, malgré l’introduction d’un salaire minimum dans le pays et l’arrivée de plusieurs centaines de milliers de réfugiés faisant leur entrée sur le marché du travail.
Avec latribuneafrique