En visite en Algérie depuis le 2 décembre, le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salman, qui n’a pas pu être reçu par le président Bouteflika, souffrant d’une « grippe aiguë », s’est néanmoins entretenu avec le Premier ministre au sujet du renforcement de la coopération économique entre les deux pays.
Mohamed Ben Salman (MBS) n’aura finalement pas pu être reçu par Abdelaziz Bouteflika. Dans un communiqué publié vers 14 heures, la présidence de la République avait annoncé que le président algérien, souffrant d’une « grippe aiguë », ne pourrait finalement pas recevoir le 3 décembre le prince héritier saoudien, comme cela était prévu. « Devant cet empêchement, l’illustre invité a formulé ses meilleurs vœux de prompt rétablissement au chef de l’État », a ajouté la présidence dans son communiqué.
Une heure à peine avant la parution dudit communiqué, la chaîne d’information Al-Arabiya, voix du pouvoir saoudien, se félicitait déjà de cette rencontre qui devait, selon le média, « durer deux heures, le plus long entretien du président algérien ces dernières années. Il n’accorde plus que dix minutes de rencontre à ses invités à cause de son état de santé », poursuivait la chaîne.
The meeting between the two leaders is said to be scheduled for two full hours, which is the longest of its kind for the #Algerian president, who usually does 10-minute meetings with his guests because of his health condition:https://t.co/g7lGQ4fnre
— Al Arabiya English (@AlArabiya_Eng) December 3, 2018
Ce n’est pas la première fois que ce type de contretemps se produit lors d’une visite de chefs d’État en Algérie. La chancelière allemande, Angela Merkel, avait par exemple dû reporter sa visite prévue en Algérie le lundi 20 février 2017, à cause d’une bronchite aiguë du président algérien.
La coopération économique au centre
Le prince héritier Mohamed Ben Salman a néanmoins été accueilli par le Premier ministre Ahmed Ouyahia dans la soirée du 2 décembre, à son arrivée en Algérie. Ils se sont à nouveau rencontrés le lundi 3 décembre, à la résidence d’État de Zeralda, en présence de plusieurs ministres algériens ainsi que de celle du vice-président du Conseil des ministres saoudien et le ministre de la Défense du royaume.
Un comité algéro-saoudien s’est également réuni dans la journée de lundi, en présence du prince héritier, afin d’évoquer les investissements et les projets en cours. Le renforcement de la coopération économique entre les deux pays a été le principal ordre du jour.
Un séminaire sur la coopération sécuritaire entre les deux pays, sur des sujets comme la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, a été organisé par l’université saoudienne Naif Arab University for Security Sciences et par le ministre de la Justice algérien, Tayeb Louh.
Une précédente rencontre avait d’ailleurs déjà eu lieu le 6 juillet dernier. Le doyen de l’université, Abdulmajeed Bin Abdullah Al-Bunyan, s’était ainsi rendu en Algérie afin de rencontrer plusieurs officiels, notamment le ministre de la Justice et le ministre de l’Intérieur, Noureddine Badawi. Dans le but d’apprendre de l’expérience algérienne dans la gestion des prisons, il avait notamment visité quelques institutions, comme la direction générale de l’administration pénitentiaire.
Opposition à la visite de MBS
En Algérie, plusieurs intellectuels et politiques se sont publiquement opposés à sa venue. Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a notamment parlé d’une « grosse provocation ».
« Les Algériens ne peuvent souhaiter la bienvenue au prince héritier saoudien », a de son côté indiqué à la presse Abderrazak Makri, président du parti islamiste Mouvement de la société pour la paix (MSP). Plusieurs intellectuels algériens, dont des oulémas et des écrivains comme Kamel Daoud, ont lancé un manifeste pour dire « non à la visite en Algérie » de Mohamed Ben Salman cette semaine.
Cette visite se déroule dans le cadre d’une tournée du prince héritier saoudien à l’étranger. Avant de se rendre le 5 décembre à Buenos Aires pour le sommet du G20, MBS s’était rendu aux Émirats arabes unis, à Bahreïn, en Égypte et en Tunisie.
Cependant, aucune manifestation n’a eu lieu dans les rues d’Alger, comme cela avait été le cas le 26 novembre dernier, où d’importantes manifestations avaient été organisées dans la capitale. Les protestataires lui reprochaient son rôle dans la guerre au Yémen, le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi et le traitement des droits humains dans son pays.
Avec jeuneafrique