Les autorités algériennes se sont fermement opposées à une hausse unilatérale de 30% du prix de la baguette, menée par un collectif d’une cinquantaine de boulangers.
Leur tentative aura duré moins d’une semaine. Regroupé au sein d’un collectif, une cinquantaine de boulangers ont décidé le 1er décembre d’augmenter de plus de 30% le prix de la baguette. Alors que le prix est fixé par l’État algérien, ils ont tenté de vendre la baguette de pain à 15 dinars (environ 0,11 euro), contre 10 dinars habituellement.
Motif : le prix contrôlé ne permet plus de garantir une marge bénéfique aux boulangeries. « Ils disent vendre à perte. Certes, la farine est un produit subventionné mais cela ne suffit pas à compenser l’augmentation du coût de production qui résulte d’une hausse des charges telles que le gaz, l’électricité ou encore les salaires », explique Youcef Kalafat, président de la Fédération nationale des boulangers (FNB), qui dit regretter de ne pas avoir été consulté par ce collectif.
Un passage en force illégal
La décision de ces boulangers frondeurs a suscité l’émoi auprès des consommateurs et fait réagir le ministère du Commerce, qui a dénoncé « un passage en force illégal » et une « décision unilatérale ».
Le plus grand consommateur au monde
Il faut dire que le sujet est sensible en Algérie : 70 millions de baguettes sortent chaque jour des fournils du pays, qui est le plus grand consommateur au monde d’après la FAO. Plus important, le prix de la baguette ordinaire est fixé à 8,5 dinars par un décret exécutif datant de 1996. Un prix resté inchangé depuis, malgré les menaces répétitives des boulangers.
Si les autorités tolèrent un prix de vente de la baguette légèrement supérieur à celui décrété par l’État, une hausse supplémentaire n’est pas envisageable. Le ministère du Commerce s’est néanmoins dit prêt à entamer un dialogue avec les représentants des artisans boulangers algériens.
« Le dossier est à l’étude au niveau du ministère. L’une des solutions évoquées est un abattement sur le prix de la farine pour les boulangers. Il n’est en revanche pas question de reformer le prix de la baguette », avance Youcef Kalafat, propriétaire d’une boulangerie à Alger. D’après lui, les boulangers frondeurs sont progressivement revenus sur leur décision et « tout est rentré dans l’ordre le 6 décembre ».
La profession traverse une crise profonde
La polémique autour du prix a éclaté alors que la profession traverse une crise profonde. Depuis le début de l’année, 3 000 boulangeries ont baissé leurs rideaux, faute de rentabilité.
« En janvier, on comptait 21 000 boulangeries sur tout le territoire, aujourd’hui il n’en reste plus que 18 000. À Alger, ces quatre dernières années, le nombre de boulangeries est passé de 1 400 à 630. La plupart des boulangers qui ont fermé boutique ont changé d’activité, certains sont encore au chômage », précise enfin le président de la FNB.
Avec jeuneafrique