La Ligue arabe, l’Organisation de la coopération islamique et le Conseil de coopération du Golfe ayant soutenu la décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran, l’Algérie reste l’un des rares pays du monde arabe à entretenir des rapports non conflictuels avec l’Iran. Mais que va-t-elle faire face à un «front arabe» de Riyad?
La Ligue arabe, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et le Conseil de coopération du Golfe (CCG) se sont félicités de la décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran accusé «d’ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes».
Mahmoud Afifi, porte-parole du secrétaire général de la Ligue arabe, a déclaré au dernier sommet de l’organisation que la position arabe sur la question était «solide». Pourtant, estime le média algérien TSA, le sommet était presque exclusivement orienté vers l’objectif stratégique que s’est fixé l’Arabie saoudite: créer «un front arabe» contre l’Iran. Ainsi, Riyad veut s’imposer comme le leader du monde arabe et des musulmans sunnites et accuse l’Iran chiite de «soutenir le terrorisme».Cette «Alliance sunnite» contre le terrorisme se veut être «un gage» de bonne volonté de l’Arabie Saoudite dans cette lutte après le drame du 11 septembre 2001. En effet, des familles américaines des victimes des attentats de septembre 2001 ont déposé plainte contre l’Arabie saoudite en mars 2017 pour «financement du terrorisme», ce qui pèse comme une épée de Damoclès sur le Royaume saoudien.
Riyad a ensuite déclenché une offensive militaire au Yémen contre les Houthis, accusés d’être proches de l’Iran, et imposé un blocus au Qatar, puissance énergétique, médiatique et diplomatique rivale.
L’un des grands objectifs de l’Arabie saoudite est également de se débarrasser de son image de pays fermé et conservateur, celle-ci ne devant coller qu’à l’Iran, «exportateur de déstabilisation» dans le Moyen-Orient, a poursuivi TSA.Fort du soutien de son allié stratégique Washington, Riyad espère maintenant amener toutes les organisations multilatérales arabes et islamiques à s’aligner sur ses choix politiques. D’où l’appui à la démarche du Maroc contre l’Iran, démarche arrangeant les États-Unis qui tentent de remettre en cause l’accord sur le nucléaire iranien conclu en juillet 2015.
L’Algérie se retrouve ainsi presque isolée, le soutien d’organisations telles que la Ligue arabe et l’OCI à la décision du Maroc lui étant défavorable, notamment parce que l’Algérie entretient des relations avec Téhéran.
Toutefois, Alger a un avantage parce qu’il est en relations régulières avec tous les pays concernés: Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabe unis, États-Unis, Iran et Qatar. Quant à ses différends avec le Maroc concernant le Sahara Occidental, ils pèsent depuis longtemps sur les rapports qu’ont ces deux pays voisins.Mais l’Algérie, qui soutient «le renforcement de l’unité arabe sans ingérences étrangères» et «la réforme profonde» de la Ligue arabe, se retrouve ainsi devant un grand défi: elle devra désormais adapter sa politique étrangère aux nouvelles réalités sur la scène arabe sans abandonner ses valeurs et ses orientations.
sputnik