Le numérique c’est l’effet de levier qui va permettre à l’Afrique de répondre à ses grands enjeux
QUESTION : De plus en plus on dit que l’Afrique est le continent de l’espoir. Comment doit on le comprendre ?
Alexandre Zapolsky :Aujourd’hui l’Afrique c’est le continent d’avenir, quand on parle de numérique en tout cas.
Le numérique aujourd’hui, c’est le vecteur qui va permettre à l’Afrique de répondre à la plupart de ses grands enjeux.
Le numérique seul ne sera pas suffisant, mais le numérique c’est la clé pour être capable d’avoir une éducation qui correspond au plus grand nombre. L’un des enjeux majeurs de l’Afrique ; c’est de passer d’un milliard d’habitants à deux milliards entre maintenant et 2050 donc bien sur c’est un défi formidable en terme d’accroissement de la population.
La réponse à ce défi là passera par un usage accru du numérique dans le domaine de l’éducation , mais également dans le domaine de l’agriculture. Il est absolument évident que si l’agriculture africaine ne se modernise pas on n’arrivera pas à nourrir toutes les bouches africaines.
L’agriculture numérique de demain pour l’Afrique, ce n’’est pas d’énormes moissonneuses batteuses pilotées par des satellites avec des agriculteurs africains, qui sont derrière un joystick comme s’ils jouaient à des jeux vidéos. L’agriculture numérique de demain pour l’Afrique c’est des petits cultivateurs qui ont plein de lopins de terre pas très grands assez disparates, mais par contre avec un simple téléphone comme vous le faites par exemple pour cette interview et avec des capteurs dans les champs, connaître exactement et à un moment donné la composition chimique du sol pour ne pas être obligé de mettre trop d’engrais, mais en mettre suffisamment et développer finalement une agriculture qui est plus durable, écologique, plus tournée vers l’avenir, de mieux organiser la tournée pour faire les irrigations
Le sujet de l’eau est un sujet tout aussi majeur pour l’Afrique; ainsi que pour le monde entier. Il faudra bien qu’on utilise mieux l’eau. Et donc avec de simples capteurs on pourra être capable de moderniser, d’augmenter les rendements de façon tout à fait colossale.
C’est vrai aussi dans le domaine de du e-gov, un de mes domaines de prédilection. On ne fera pas une fiscalité africaine comme on fait une fiscalité dans les pays occidentaux, c’est-à-dire avoir un impôt sur le revenu qui arrive le particulier par une adresse postale et puis en fonction de ce qui est marqué dessus, vous allez payer en ligne. Là ça ne fonctionnera pas en Afrique.
Article paru dans PME PMI Magazine n°206 juin 2015
Alexandre ZAPOLSKY est PDG de la société Linagora. Il a conduit la délégation française d’entreprises à l’occasion des Journées de l’Entreprise Numérique les 9 et 10 avril 2015 et lancé l’initiative Ambition Afrique Numérique.