Le SNPL, syndicat majoritaire des pilotes de la compagnie aérienne Air France, a décidé de ne rien décider sur le projet Boost : il va demander des « clarifications » à la direction, avant d’organiser un nouveau référendum.
Le PDG d’Air France-KLM et président de la compagnie nationale française Jean-Marc Janaillac l’avait répété dans Le Figaro le 16 mai 2017 : il n’y aura pas de réouverture des négociations avec les pilotes sur le projet de filiale à coûts réduits, même si le feu vert des pilotes est nécessaire, et Boost « devra se faire ». Le Conseil du SNPL Air France ALPA, qui avait rejeté un premier projet d’accord malgré le vote favorable de la base, devait annoncer hier sa position sur le nouvel accord, proposé au début du mois par Air France et ouvert à la signature jusqu’au 31 mai. Son porte-parole Emmanuel Mistrali explique dans l’Express que le Conseil a reçu « un mandat à l’unanimité pour retourner vers la direction » le plus rapidement possible, afin d’obtenir des « clarifications » sur des points posant problème et devant être « corrigés ». Les problèmes en question incluent la promesse que le reliquat de Transform 2015 sera bien enterré, et les « pénalités » si le rééquilibrage entre Air France et KLM n’est pas respecté. Le but n’est pas de « rouvrir une négociation », assure M. Mistrali, précisant que le projet d’accord sera ensuite « soumis à référendum auprès des adhérents ».
Jean-Marc Janaillac rappelait mardi avoir ouvert à la signature des pilotes un projet d’accord « fruit de mois, de jours et même de nuits de négociations (…) J’ai le sentiment que les pilotes l’ont compris ». Et il affirmait que le statu quo était impossible, mettant en avant la réalité du marché : « dans deux mois, un avion Norwegian décollera chaque jour de Roissy vers les Etats-Unis. Dans quelques mois, nous verrons sans doute des avions Level, la nouvelle low-cost long-courrier du groupe British Airways, décoller d’Orly. Eurowings mettra en ligne six avions long-courriers dès cet été. Et nous serions les seuls à ne pas agir pour reprendre l’offensive ? ». Avant de souligner que la seule compagnie n’ayant pas agi est Alitalia, dont la faillite est annoncée. Rappelons que le CCE d’Air France a rejeté Boost à l’unanimité, son avis n’étant que consultatif. Quant aux syndicats de PNC qui ont assigné Air France en justice pour « déloyauté dans les négociations » (l’audience au TGI de Bobigny étant fixée au 9 juin), ils ne sont qu’indirectement concernés puisque Boost recrutera en externe, a priori à des coûts inférieurs de 40%. Les premières sélections doivent débuter avant la fin mai.
La future filiale connu sous le nom de projet Boost vise des coûts opérationnels inférieurs à ceux d’Air France de 15% à 18%, elle s’adressera aux « millenials », et son activité correspondra à 10% de celle de la maison-mère : 70% des lignes long-courriers seront reprises à AF, avec promesse qu’il s’agit uniquement de celles déficitaires, (des « routes ultra-concurrentielles avec un mix vers l’Asie, face aux compagnies du Golfe »), et les 30% de nouvelles destinations. Quant au moyen-courrier, il visera comme aujourd’hui à alimenter le hub d’Air France qu’est l’aéroport de Paris-CDG. Le développement de la flotte de Boost, qui comprendra donc 18 avions sur le moyen-courrier et 10 pour le long-courrier à la mi-2021, a déjà été détaillé : elle débutera ses activités avec six Airbus A321.
Avec airjournal