Le Kenya est menacé par les changements climatiques. Le pays ferait même face en 2022 à la pire sécheresse de son histoire. Pour anticiper, le gouvernement vient de recevoir du financement de la part de l’Union européenne (UE). Soutien aux petits exploitants et approvisionnement en eau, les principaux axes d’attaques. Détails.
Accélération ! Tel serait le mot d’ordre donné du côté de Nairobi. Le Kenya et l’Union européenne (UE) ont signé ce mardi 20 décembre dans la capitale kényane un accord de financement de 11 milliards de shilling kényan (Sh), soit environ 103 millions d’euros. Cet accord qui vise à renforcer la coopération entre les deux parties servira à concrétiser le plan stratégique d’urgence du gouvernement.
Si 33% de cet argent servira à financer l’autonomisation de la justice, le reste est entièrement dédié aux plans gouvernementaux d’appui aux petits exploitants agricoles et au programme national d’approvisionnement en eau.
Anticiper 2022
Dans le détail, 2,1 milliards Sh ont été alloués à la mise en œuvre du « Ending Drought Emergencies Strategy », une nouvelle stratégie mise en place par le gouvernement kényan afin d’anticiper l’extrême sécheresse que devrait connaitre le pays en 2022.
Les petits exploitants (qui constituent % du maillage agricole kényan) pouvant être les plus grands perdants d’un tel drame naturel recevront également un appui. Une enveloppe d’environ 50 milliards Sh financera la mise en œuvre de techniques d’accroissement de leur productivité, ainsi que celle leur permettant de mieux s’adapter à l’évolution des difficultés et de mieux s’intégrer dans les marchés en cause. Il sera également question de renforcer leur résilience aux chocs climatiques, favoriser la recherche agricole, améliorer la qualité des aliments et garantir la sécurité alimentaire.
Dans le cadre du programme national d’approvisionnement en eau en outre, 2 milliards Sh serviront à la mise en place d’installations sanitaires et d’infrastructures qui bénéficieront à près de 400 000 personnes vivant dans les zones arides et semi-arides du pays. L’accord de financement Kenya-UE favorisera également l’établissement de partenariats public-privé afin d’accroître le rôle du secteur privé dans la construction et la gestion des services d’approvisionnement en eau.
Les alertes se multiplient
L’agriculture kényane rentre en effet dans une période assez difficile à partir de l’année prochaine à en croire les différentes études publiées récemment. Lundi dernier encore, l’Indice d’exposition au changement climatique citait le Kenya parmi ces pays africains dont l’économie pourrait sérieusement pâtir des conséquences des changements climatiques à partir de 2017, notamment en termes de volatilité des prix. La crainte est surtout renforcée pour les ventes à l’étranger de thé qui rapportent annuellement 1,2 milliard $ au Kenya et représente 22% de ses exportations du pays.
Ce mardi, c’était au tour de l’Organisation des nations unies de rajouter une couche, révélant, selon son nouveau système d’alerte précoce, que la sécheresse devrait s’aggraver au Kenya dès 2017, plombant l’agriculture et l’élevage.
De nombreuses cultures à sauver
Le secteur a pourtant le mérite de s’être considérablement développé au fil des décennies, au point de mener le pays à l’autosuffisance pour l’ensemble des denrées alimentaires de base. L’agriculture représente près de 24% du PIB du Kenya et occupe 70% de la population active en zone rurale. Pour le gouvernement, sauver le secteur est capital pour l’économie du pays. La première culture qui subirait de plein fouet la sécheresse est bien le mais qui couvre environ 62% des terres cultivables. Viennent ensuite le sorgho, les pommes de terres, les haricots, les arachides et le tabac. Mais la canne à sucre, le blé, le manioc, l’ananas et le coton cultivés sur les plaines côtières ne sont pas en reste.
Jusqu’à présent, seule la culture des fleurs, qui est récemment devenue une véritable industrie au Kenya (premier fournisseur de roses de l’UE), bénéficie d’un certain encadrement qui pourrait amoindrir l’impact de la sécheresse. Après, il faudrait que l’approvisionnement en eau permette de maintenir le rythme de production.