Les opérateurs aurifères sud-africains traversent une mauvaise passe et multiplient les fermetures de mines. Une situation qui s’explique par le rebond du rand et le coût élevé de l’exploitation des mines sud-africaines, qui sape la compétitivité des entreprises malgré les réserves importantes dont elles disposent.
L’échec de la neuvième motion de censure à l’encontre du président Jacob Zuma, a eu pour principal effet de rassurer les marchés sur la stabilité du pays, alors qu’il doit faire face à une récession économique. L’impeachment raté a également eu pour effet de raffermir le cours du rand et a éloigné les risques de notation négative à son égard par les principales agences de notation.
Des mines de moins en moins rentables
Une évolution perçue comme bénéfique en temps de crise, mais qui inquiète du côté du secteur minier notamment les producteurs d’or. Ces derniers ont depuis un an généré des revenus, évalué des acquisitions et planifié des projets d’expansion, justement grâce au trend baissier du rand.
Le récent rebond de la monnaie, signifie pour les groupes aurifères, une hausse des coûts. Ce qui devrait se traduire pour les opérateurs par de probables pertes considérables. Le groupe Sibanye est dans ce cas de figure et s’attend à enregistrer au moins 360 millions de dollars de pertes au premier semestre contre un bénéfice de 22 millions de dollars engrangés en 2016.
Une situation qui s’explique en partie par la hausse de 14% du rand lors de la même période, conjuguée à l’importante charge de dépréciation sur les mines non rentables que l’opérateur a décidé de fermer. Cet effet du rand sur le secteur aurifère est également lié à des questions d’exploitations. L’Afrique du Sud était jusqu’en 2007, le plus important producteur mondial d’or et ce depuis un siècle.
Coûts d’exploitation intenables
Un leadership perdu à cause du mode d’exploitation utilisé par les opérateurs depuis la découverte de la première mine à Johannesburg en 1887. Les mines ont depuis focalisé leurs efforts sur l’extraction de métal à faible coût. Résultat des comptes, les opérateurs travaillent aujourd’hui avec des mines datant des années 1950/1960 et sont obligés de creuser plus profondément pour trouver de l’or, ce qui fait exploser les frais d’exploitation.
Des coûts exponentiels libellés en rand, ce qui signifie que plus la monnaie locale est faible, plus l’exploitation d’or est rentable. Un inversement de la situation entraînant inexorablement une inflation des coûts, rendant au passage des mines entières inexploitables d’un point de vue économique. Sibanye n’est pas l’unique opérateur à ressentir les effets d’un rand plus fort.
Bien que l’Afrique du Sud dispose des troisièmes réserves mondiale d’or, la situation de ses opérateurs ne semblent s’améliorer. AngloGold Ashanti a également annoncé le premier août dernier, une perte estimée à 86 millions de dollars pour le premier semestre. Cet opérateur reçoit rappelons-le un quart de ses réserves en or des mines sud-africaines.
Cette situation touche également Harmony Gold Minig qui a subi une dépréciation de 129 millions de dollars après avoir décidé de fermer certaines mines qu’il exploitait. L’entreprise a justifié ces fermetures comme une mesure de sauvegarde du capital, alors que les coûts d’exploitation de ces mines dépassaient ces gains.
Avec latribuneafrique