Dans un très long processus, la 54e réunion élective du Congrès national africain (ANC) aura finalement accouché d’un nom. Après plusieurs tours d’horloge de vote et de suspens, le parti au pouvoir sera désormais dirigé par Cyril Ramaphosa. Le nouveau président, dauphin putatif de Nelson Mandela, a damé le pion à Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ex-épouse du président actuel. Cyril Ramaphosa prend ainsi la succession de Jacob Zuma, resté 10 ans à la tête du parti-Etat dont il est un des plus farouches détracteurs.
L’attente a été longue, le suspense intenable après un processus électoral qui est allé jusqu’au recomptage des voix. Au final, dans un huis clos électrique suivi par plus de 3000 journalistes, le duel très serré entre le vice-président et l’ancienne présidente de la commission de l’Union africaine a tourné à l’avantage du premier.
Un écart de 179 votes, symbole d’un scrutin serré
Matamela Cyril Ramaphosa -de son vrai nom- a été élu avec 2440 votes des délégués (4 800 au total), contre 2261 voix pour sa rivale Nkosazanna Dlamini-Zuma, l’ex-épouse du président actuel, avec un petit écart de 179 votes. Le nouveau président du Congrès national africain(ANC), parti qui dirige le pays depuis la fin de l’apartheid en 1994, succède à Jacob Zuma, qui a régné une décennie sur la formation politique.
A 65 ans, cet avocat de formation est une vieille figure de la lutte anti-apartheid. D’abord au niveau de la formation des étudiants, ensuite chez les syndicalistes, où il fait ses classes entre le milieu des années 1970 et les années 1980. Négociateur tenace, il œuvre pour la fin pacifique du système ségrégationniste, ce qui lui vaut d’apparaître, le poing levé en arrière de la photo de Nelson Mandela lors de sa libération.
Malgré son habileté de négociateur de coulisses, Cyril Ramaphosa échoue à se porter à la tête du parti lors du Congrès de 1997 au profit de Thabo Mbeki. Il s’éloigne de la politique et embrasse les affaires, notamment en profitant de la politique de rééquilibrage économique entre la communauté noire et la communauté blanche.
Rapidement, Ramaphosa fait fortune en lançant localement la chaîne américaine Mc Donald, mais aussi dans les mines où son business florissant est entaché par la sombre affaire de la mine Marikana où 50 mineurs avaient perdu la vie, lors d’une grève, sous les balles de la police en août 2012.
D’aucuns estiment que c’est cet épisode sanglant qui a précipité son retour en politique la même année au poste de vice-président de l’ANC, puis au poste de vice-président, deux ans plus tard.
Les travaux d’Hercule de Ramaphosa
Avec son élection à la tête de l’ANC, Cyril Ramaphosa est aux portes du Mahlamba Ndlopfu, le Palais de la Nouvelle Aube (en tsonga). A 65 ans, il devient le candidat désigné du parti-Etat pour les élections générales de 2019. Si le parti remporte à nouveau le vote, il deviendra automatiquement, le nouveau président de la «Nation arc-en-ciel».
Pour l’heure, le chantier pour déblayer le boulevard du pouvoir est jonché d’obstacles. En perte de vitesse, miné par les divisions, l’ANC est au bord de l’implosion. A cela, Cyril Ramaphosa va trouver sur sa table la pléthore de scandales économico-financiers qui ont jalonné la présidence de Jacob Zuma à la tête d’un pays en proie aux difficultés économiques.
Signe de l’agitation qui aura entouré cette élection jusque sur les réseaux sociaux, les Sud-Africains, dont le pouvoir d’achat est en baisse, ont suivi le vote avec angoisse, comme s’ils s’attendaient à être sauvés de quelque chose. Les promesses n’y changeront rien. Le parti tout comme le pays s’attendent à tourner la page Zuma. Dans la gaieté !
Avec latribuneafrique