Les autorités locales sud-africaines ont sommé ce mardi 30 août un prestigieux lycée de Pretoria de suspendre son règlement intérieur en matière de coupes de cheveux, après que des élèves noires ont affirmé avoir été traitées de “singes” à cause de leurs cheveux portés au naturel.
Le Lycée pour filles de Pretoria, un établissement huppé privé, dispose de 21 jours pour revoir sa politique jugée raciste, alors que des élèves ont déclaré avoir été contraintes de lisser artificiellement leurs cheveux et ne pas porter de coupes afro.
Le ministre provincial de l’Éducation, Panyaza Lesufi, s’est rendu dans l’établissement lundi pour discuter avec le personnel et les élèves.
Les enseignants accusés de discrimination
Des jeunes filles « ont le sentiment de ne pas être autorisées à porter des coupes de cheveux de Noirs, comme les coupes afro. Spécifiquement, la politique de l’établissement limite la longueur de la coupe », a déclaré le ministère de l’Éducation dans un communiqué mardi.
« Des enseignants leur disent qu’elles ressemblent à des singes ou ont des nids sur la tête, a-t-il ajouté. Le règlement intérieur (…) doit être revu et dans l’immédiat, le paragraphe sur le style de cheveux doit être suspendu. »
Lors de leur rencontre lundi avec les autorités provinciales, des élèves ont aussi affirmé ne pas être autorisées à parler, dans l’établissement, leur langue locale et être victimes de discrimination de la part d’enseignants et d’élèves blancs.
Le ministère a également dénoncé l’attitude du lycée qui a fait appel ce week-end à la police et à des gardes de sécurité armés lors d’une manifestation d’élèves noires coiffées de coupes afro et de tresses.
Problème national
La classe politique s’est rapidement emparée de ce débat brûlant: Mmusi Maimane, chef du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), s’est ainsi demandé si sa fille, qui arbore une coiffure afro, serait autorisée à suivre les cours dans cet établissement.
Le lycée accueillait seulement des Blancs jusqu’à la fin officielle du régime raciste d’apartheid en 1994. Depuis, les élèves noirs et métis y sont admis.
Vingt-deux ans après l’avènement de la démocratie, les tensions raciales restent cependant très élevées en Afrique du Sud, où sont régulièrement proférés des commentaires racistes notamment dans les médias sociaux et sur la scène politique.
Avec Jeune Afrique