2018 ne sera pas riche en investissements pour les grands groupes miniers en Afrique du Sud, selon une enquête de la Chambre nationale des Mines présentée à l’ouverture du Mining Indaba dans le cadre d’un état des lieux du secteur. Alors que la crise perdure, le bras de fer entre la Chambre et le ministère n’arrange rien.
Comme à l’accoutumée, c’est en grande pompe que s’est ouvert, ce lundi 5 février à Cape Town en Afrique du Sud, l’édition 2018 du plus grand rendez-vous annuel de l’industrie minière en Afrique, Mining Indaba. Avant de lancer les hostilités, la Chambre des Mines d’Afrique du Sud a présenté à la presse l’état des lieux du secteur.
En matière d’investissements -principal sujet lors de cette grande messe minière- le pays a de quoi s’inquiéter : un tiers des plus grands groupes miniers en Afrique du Sud n’envisage pas de nouveaux investissements en 2018, indique une enquête menée par l’institution auprès de 16 entreprises représentant 80% de la production minière nationale. En cause, les faiblesses accumulées par le secteur ces dix dernières années avec notamment la flambée des coûts salariaux et énergétiques, la baisse des prix des produits miniers, la violence sociale, l’agitation sociale et les incertitudes politiques, selon un communiqué distribué à la presse. En terme d’emplois, sur cinq ans, la Chambre comptabilise 70 000 emplois perdus.
La situation est telle que l’une des 16 entreprises sondées envisage de tourner définitivement le dos au marché sud-africain.
« Une décision qui sera prise en 2018, si la situation ne s’améliore pas », indique la Chambre.
La réglementation pointée du doigt
Chez Anglo American, multinationale minière basée à Johannesburg et Londres -un des ténors du marché et l’une des entreprises sondées-, c’est la fameuse question de la réglementation qui pose problème. Prenant la parole lors du Mining Indaba, son Vice-président, Norman Mbazima, a souligné l’inconfort de son entreprise dans un tel contexte en raison des « très grandes quantités de capitaux » que nécessite l’investissement dans le secteur minier pour un retour sur investissement envisageable seulement sur le long terme.
« Les investisseurs ont besoin d’un environnement réglementaire clair, concis et cohérent pour justifier leur investissement. […] À l’heure actuelle, nous avons tout sauf un environnement réglementaire favorable », Norman Mbazima, vice-président d’Anglo American.
Bras de fer stérile?
Selon le directeur de la Chambre des mines, Roger Baxter, « le défi dans l’environnement réglementaire était le pire que l’industrie ait connu ». Devant les journalistes, il n’a pas hésité à pointer une fois de plus la responsabilité, d’après lui, du ministre des Ressources minérales, Mosebenzi Zwane.
Rappelons qu’en septembre dernier déjà, Baxter déclarait officiellement le secteur « en crise », mettant ouvertement en cause le leadership du ministre qui, selon lui, élude les vraies problématiques.
« Il existe un certain nombre de facteurs critiques qui influent sur l’attractivité des investissements miniers en Afrique du Sud, y compris le fait que l’industrie minière a perdu confiance en le ministre des Ressources minérales », déclarait le directeur de la Chambre des mines.
Mais au fond, l’objet de cette discorde ne serait autre que la nouvelle charte du secteur minier révélée le 15 juin dernier qui ambitionne de relever l’actionnariat noir dans les mines à 26%.
Depuis plus d’un an, le secteur des mines en Afrique du Sud piétine. Entre vétusté des mines et chute de l’activité d’extraction notamment, les indicateurs de l’investissement sont dans le rouge. Et alors que les responsables sud-africains devraient présentement composer pour relever le secteur, le bras-de-fer entre la Chambre des Mines et le ministère se poursuit et demeure stérile.
La cérémonie d’ouverture du Mining Indaba ce lundi a une fois de plus été le théâtre de leur mésentente. Alors que Baxter tirait la sonnette d’alarme quant à l’avenir du secteur, Zwane, lors de son allocution, présentait plutôt une industrie « en pleine reprise », justifiée selon lui par la hausse des prix des produits de base, les tendances à la hausse de l’exploration, du financement et des fusions et acquisitions.
Avec latribuneafrique