L’ancien trésorier du parti au pouvoir, Mathews Phosa, vient de se déclarer officiellement candidat à la présidence de l’ANC. L’avocat est l’un des premiers à appeler à la démission du président du pays, qui lui soutient la candidature de son ex-femme, Nkosazana Dlamini-Zuma. Devant cette situation qui menace le parti d’implosion, les marchés financiers demeurent très peu confiants en l’avenir du pays…
Ce sont désormais trois candidats qui seront en lice pour la présidence du parti au pouvoir sud-africain, le Congrès national africain (ANC). Après Cyril Ramaphosa, soutenu par la confédération syndicale Cosatu, et Nkosazana Dlamini-Zuma, l’ex-femme du président Jacob Zuma, c’est au tour de l’ancien trésorier du parti, Mathews Phosa, qui annoncé officiellement sa candidature ce weekend. Cet opposant aux «dérives du leadership» ne sera pas à sa première tentative pour arriver au sommet de l’ANC. En 2012, il s’était présenté sans succès à la candidature au poste de vice-président du parti, avant de se voir battre par Ramaphosa avec un écart avoisinant les 3 000 voix.
Avocat, Phosa est administrateur de sociétés de charbon et de platine et a été précédemment trésorier général à l’ANC. Le leader du parti sera désigné aux élections générales du pays prévues en 2019, Zuma ayant rempli les deux premiers mandats autorisés par la Constitution. Les candidatures à la présidence s’ouvriront officiellement en juin, mais les campagnes déjà sont lancées. D’ailleurs, beaucoup s’attendent à une candidature de la ministre du Logement, Lindiwe Sisulu, et de l’ancien président par intérim, Kgalema Motlanthe.
Tout comme Ramaphosa, Mathews Phosa se positionne comme un opposant à la politique de Zuma. Il a été d’ailleurs l’un des premiers à demander à Jacob Zuma de démissionner. En plus de considérer le président actuel du parti et du pays comme un dictateur, il a annoncé que de nouvelles révélations compromettantes pour Zuma vont être faites «dans les prochaines semaines».
Avec cette candidature, l’étau se resserre sur Zuma. En plus des challengers qui remettent en doute son intégrité et ses ambitions, le président est sous pression après que S&P Global Ratings et Fitch Ratings aient répondu à son licenciement du ministre des Finances, Pravin Gordhan, pour ses liens trop étroits avec le candidat Ramaphosa, en réduisant leurs évaluations du crédit international de l’Afrique du Sud. En même temps, les appels à la démission se multiplient et un vote de confiance au Parlement a été reporté, en attendant une décision de la justice.
Les marchés financiers toujours inquiets
Une situation qui ne rassure point les marchés financiers. Les principaux grands cabinets d’audit du monde considèrent que l’avenir du pays est incertain à cause, justement, de cette guerre de succession au sein du parti au pouvoir. Tout comme Standard & Poors avant elle, l’agence Fitch Ratings a réduit les notes locales et internationales de l’Afrique du Sud en dessous de l'”investment grade” le 7 avril. Pour Ernest&Young, la fragilité du Rand devrait stimuler l’inflation, ce qui freinera l’activité des banques, tout en rendant les prêts plus difficiles à rembourser. Par un effet domino, les institutions financières du pays, ses plus grandes entreprises et le gouvernement lui-même ne pourront plus emprunter aussi facilement qu’avant. L’agence Moody’s a, quant à elle, placé le pays sous surveillance en vue d’une éventuelle dégradation de sa notation, étant donné l’incertitude politique et institutionnelle.
Avec latribune