Les dernières statistiques de l’Unesco rappellent que l’Afrique ne produit que 1% des connaissances scientifiques mondiales. Les chercheurs formés sur le continent sont rares et cherchent plutôt… refuge dans des contrées qui consacrent, à la recherche, des budgets conséquents.
L’opinion africaine en est persuadée : c’est parce que le paludisme ne fait des ravages que dans l’hémisphère sud que les chercheurs n’ont pas encore pris le temps d’élaborer un vaccin. Ainsi déclamée, la phrase sous-entend que les chercheurs dont il est question sont ceux de l’hémisphère nord. Pourquoi alors les chercheurs africains ne négligeraient-ils pas, à leur tour, les maladies du Nord pour celles du Sud ? Peut-être parce que cette autre phrase sous-entend, elle, que « les chercheurs de l’hémisphère sud » ne sont pas en situation de trouver grand chose…
Pour trouver, il faut pouvoir chercher. Et l’Unesco enfonce le clou de ce qui apparaît comme une évidence. Dans un de ses récents rapports, l’organisation des Nations unies dédiée à la science indique que seules 1,1% des publications scientifiques diffusées à travers le monde sont l’œuvre de scientifiques africains. Les personnes vivant sur le continent représentent pourtant 16% de la population mondiale. Les autres statistiques ne permettent pas de relativiser le triste constat.
EN 2009, DANS LE TOP 40 DES PAYS CONSACRANT LA PLUS GRANDE PART DE LEUR BUDGET À LA RECHERCHE ET AU DÉVELOPPEMENT, SEULE L’AFRIQUE DU SUD REPRÉSENTAIT LE CONTINENT
En Afrique, il y a actuellement 79 scientifiques pour un million d’habitants, soit 57 fois moins qu’aux États-Unis qui comptent 4 500 scientifiques pour un million d’habitants. Même le « méridional” Brésil s’enorgueillit d’avoir 656 scientifiques pour un million d’habitants. En 2009, dans le top 40 des pays consacrant la plus grande part de leur budget à la recherche et au développement, seule l’Afrique du Sud représentait le continent, avec 0,93% de son PIB consacré à ce poste, contre 3,33% au Japon ou 2,88% aux États-Unis.
Manque d’infrastructures
Ce qui est rare est cher, et les scientifiques formés en Afrique devraient être les stars du continent. Que nenni. Découragés par le manque d’infrastructures et de moyens mis à leur disposition, ils déploient rapidement leurs ailes vers l’occident, alimentant finalement les tristes statistiques de l’Unesco. Sans vérifier si la méthode Coué est scientifique, elle permet tout de même à la Banque mondiale de dédramatiser.
Il y a quelques mois, par exemple, l’institution rappelait qu’entre 2003 et 2012, la production de travaux de recherche dans le domaine des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) émanant de chercheurs africains avait plus que doublé – même si ces disciplines ne jouissaient que d’un intérêt mineur face aux des domaines de l’agriculture et des sciences de la santé. Car c’est bien le secteur de la santé qui monopolise les quelques efforts en matière de recherche, les pandémies révélant rapidement les lacunes des États. Et il ne s’agit pas seulement du sempiternel paludisme.
Si certains scientifiques africains ont effectué des travaux remarquables en rapport avec le virus Ebola, ils sont entravés par le manque de moyens dans les laboratoires locaux. En raison de la récente crise sanitaire en Afrique de l’Ouest, des essais de vaccin ont été menés… d’abord aux États-Unis.
avec faceafrique