« Exploiter le potentiel de l’innovation pour transformer les secteurs de l’agriculture et de l’énergie ». Tel était le mot d’ordre du colloque sur l’état de l’Afrique, qui s’est tenu le 21 avril dernier, au siège de la Banque mondiale, à Washington. Événement-phare des assemblées annuelles et des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), cette réunion au sommet sert à faire régulièrement le bilan de l’évolution de l’activité économique du continent.
Modéré par Gugulethu Mfuphi, journaliste et présentatrice sur CNBC Africa, le colloque du 21 avril dernier a, sur ce premier point, apporté quelques bonnes nouvelles : « La croissance a rebondi en Afrique subsaharienne, mais pas assez rapidement », a indiqué Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique. « La Côte d’Ivoire et le Sénégal portent la croissance en Afrique de l’Ouest et ont été rejoints par la Guinée et le Ghana, dont la performance est prometteuse ».
Après avoir encore évoqué l’évolution de la composition de la dette publique des pays du continent, les intervenants ont pu en arriver au cœur du débat.
Attirer les investisseurs
Autour de la table, entrepreneurs, responsables publics et experts en développement ont mis en avant les innovations réussies et leurs potentiels, que d’aucuns voient déjà comme un accélérateur du développement économique de l’Afrique. « Le Kenya se tourne résolument vers les énergies renouvelables pour satisfaire ses besoins en énergie, et nous pouvons être fiers ! », s’est ainsi félicitée Rebecca Miano, directrice exécutive et générale de KenGen.
« Grâce à l’adoption de nouveaux modes de production énergétique, le Sénégal a pu réduire le prix du kilowattheure à quatre centimes de dollar », a quant à lui indiqué Makhtar Diop, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique, avant d’émettre un souhait : « L’Afrique doit créer un environnement propice aux nouvelles technologies. Et elle doit s’appuyer sur le secteur privé local pour accélérer son développement ».
Une position qu’à également défendue Thierry Tanoh, ministre du pétrole, de l’énergie, et du développement des énergies renouvelables de Côte-d’Ivoire : « Le financement public ne suffira pas à lui seul à assurer la production énergétique dans nos pays. Nous devons donc améliorer le cadre macroéconomique pour attirer le secteur privé ».
Former les créateurs de demain
Cette innovation qui viendrait directement d’Afrique pourrait dynamiser toute l’économie du continent. A condition d’être bien accompagnée. « Il faut absolument que l’Afrique possède le capital humain adéquat pour éviter de dépendre toujours des experts internationaux », a martelé Makhtar Diop.
Une conclusion à laquelle est également arrivée Esther Kunda, coordinatrice du programme et des opérations du Next Einstein Forum : « L’innovation n’est pas un ennemi, et nos pouvoirs publics doivent l’accueillir positivement pour aider à résoudre les problèmes plus rapidement. Il faut créer les conditions propices pour permettre aux jeunes innovateurs africains de faire sortir leurs découvertes du laboratoire, pour les promouvoir à l’échelle nationale ».
Cette inertie des pouvoirs publics serait visible à tous les niveaux et empêcherait le développement de projets à grande échelle. « Les pouvoirs publics ont parfois peur de collecter des données, de crainte que cela n’expose les problèmes. Mais les données doivent être nos amies », a ironisé Ugwem l. Eneyo, cofondatrice et directrice générale de Solstice Energy Solutions. « Sans les données, on navigue à vue. Il est difficile de prendre des décisions informées, pour la recherche et le développement, à tous les niveaux de notre écosystème ».
Clé de sa sécurité alimentaire et énergétique, le bond technologique de l’Afrique vient tout juste de commencer.
Avec latribuneafrique