Le président Cyril Ramaphosa confie le ministère des Finances à Tito Mboweni, ex-ministre de l’Education sous Nelson Mandela et premier noir gouvernement de la Banque centrale sud-africaine. Reconverti au secteur privé depuis 2010, il remplace Nhlanhla Nene qui a démissionné suite au scandale de ses rencontres avec les Gupta.
Il a prêté serment hier soir, mardi 9 octobre, à Cape Town en présence du président de la République Cyril Ramaphosa qui a ouvert la cérémonie. Tito Mboweni est donc le nouveau ministre des Finances d’Afrique du Sud.
Il remplace à ce poste Nhlanhla Nene éclaboussé par une enquête pour corruption autour des Gupta dans laquelle il a finalement avoué -après plusieurs mensonges- avoir été au domicile des Gupta à huit reprises lorsqu’il officiait sous Jacob Zuma. Vendredi 5 octobre, il a présenté des excuses publiques à la nation qui, au lieu de rassurer- ont suscité une virulente polémique, soulevant de nombreuses questions sur son intégrité. Ce cadre de l’ANC sur qui Ramaphosa comptait pour relever les finances publiques sud-africaines a préféré démissionner. Hier soir, le président sud-africain a accepté son départ et nommé immédiatement son successeur.
« C’est en tenant compte de l’importance de son engagement envers la nation qu’il [Nhlanhla Nene] a décidé de démissionner, bien qu’il ne soit impliqué dans aucune faute. Je suis confiant que M. Mboweni apportera le leadership nécessaire. […] Il possède une vaste expérience dans les domaines des finances, de la politique économique et de la gouvernance », a déclaré Cyril Ramaphosa.
Retour au gouvernement 20 ans plus tard
C’est donc lui qui devra porter les nouveaux objectifs financiers de l’actuel gouvernement sud-africain, qui peine encore à redorer son blason dans ce domaine, après les moments difficiles traversés sous Jacob Zuma.
En portant son choix sur Tito Mboweni, le président sud-africain a déjoué tous les pronostics de la presse nationale et internationale. A 59 ans, cet économiste -diplômé de l’Université d’East Anglia au Royaume-Uni- signe son retour au gouvernement 20 ans plus tard, lui qui a été ministre du Travail sous Nelson Mandela entre 1994 et 1999. Il est, par ailleurs, plus connu pour avoir été le huitième gouverneur de la Banque centrale du pays et le premier Sud-africain noir à occuper ce poste en août 1999. A l’époque, sa nouvelle fonction l’oblige à se désengager de la politique, lui qui a été un fervent militant et cadre de l’ANC qu’il a rejoint en 1980, alors en plein exil au Lesotho où il étudiait les sciences politiques.
A plein temps dans les affaires depuis 8 ans
En 2009, Tito Mboweni quitte la Banque centrale. Celui est sacré leader mondial des forums économiques mondiaux depuis 1995, s’engage alors dans le secteur privé. Depuis 2010, il est conseiller international de Goldman Sachs International où il accompagne particulièrement la multinationale dans sa démarche d’investissement en Afrique du Sud. Dans le même sillage, il a fondé avec sa famille Mboweni Brothers Investment Holdings, une structure d’investissement qui mise dans les secteurs, entreprises et projets porteurs. Outre cela, il siège en tant qu’administrateur non exécutif pour l’Afrique du Sud au conseil d’administration de la Nouvelle banque de développement des BRICS.
Prochain gouverneur de la Banque des BRICS ?
Pour l’heure, les autorités sud-africaines ne sont pas encore prononcées, mais il est fort probable que Tito Mboweni remplace également Nhlanhla Nene à la tête de la Nouvelle banque de développement des BRICS.
En Afrique du Sud, l’opinion publique en général salue sa nomination. Une partie de l’opposition en revanche, évoque des« inquiétudes » quant à son retrait ces dernières années de la vie politique et du fait qu’il aurait souvent affiché, « sur les réseaux sociaux », des avis anti-gouvernement sur des questions d’ordre public. Mais l’homme, qui a toute la confiance de Ramaphosa, a du temps devant lui pour démontrer de quoi il est capable dans les rangs de l’Exécutif.
Avec la tribune afrique