L’homme d’affaires français, Vincent Bolloré, inculpé après 48 heures de garde à vue pour “corruption d’agents publics étrangers” au Togo et en Guinée. Il est présent dans pas moins de quarante-six pays africains. Pour un chiffre d’affaires de près 3 milliards d’euros.
Mais comment sont menées ses activités ?
Où sont-elles les plus florissantes ?
Un dossier BBC Afrique fait une plongée dans les affaires africaines de Bolloré.
Outre l’industriel et milliardaire de 66 ans, deux cadres de son groupe sont entendus depuis mardi dans les locaux de la police anticorruption en région parisienne: le responsable du pôle international de Havas et le directeur général du groupe Bolloré.
Francis Perez, président du groupe Pefaco, société spécialisée dans l’hôtellerie et les jeux et très implantée en Afrique, est aussi en garde à vue depuis mardi, selon cette source judiciaire.
Le groupe Bolloré avait obtenu la gestion du port de Conakry alors qu’une filiale de Necotrans gérait le terminal à conteneurs depuis 2008.
Vincent Bolloré en garde-à-vue
Bolloré avait été condamné en 2013 à verser plus de 2 millions d’euros à Necotrans.
Services et contre services…
Après avoir saisi de nombreuses pièces comptables, lors de leurs perquisitions chez Havas, en 2014 et 2015, puis au siège de Bolloré, à Puteaux, en avril 2016, les enquêteurs ont acquis la conviction que des dépenses électorales des deux présidents ont été prises partiellement en charge par le groupe Bolloré.
Ils ont notamment récupéré des factures adressées par Havas à Bolloré Africa Logistics pour de prétendues prestations de communication en Guinée.
Des factures, payées par BAL, qui correspondraient en fait à des prestations destinées à la campagne d’Alpha Condé.
“En Guinée et au Togo, le groupe Bolloré a été choisi uniquement pour ses compétences et sa capacité à réaliser les investissements portuaires, que ses concurrents n’avaient pas réalisé par le passé”, rétorque un porte-parole du groupe.
La garde-à-vue de Bolloré prolongée
Vincent Bolloré doit maintenant répondre à la justice sur des faits présumés de “corruption d’agent étranger et de “trafic d’influence”.
Affaires closes…
En 2008, le Bénin et le Niger avaient lancé un appel d’offre en commun pour construire et gérer le tronçon ferroviaire de 1.000 km reliant Cotonou à Niamey. Il avait été remporté par Petrolin, la société de l’homme d’affaires Samuel Dossou.
Ce marché lui avait été retiré en 2013 au profit du groupe Bolloré, via la société Benirail, provoquant un conflit entre les deux groupes.
En octobre 2017, la justice béninoise a donné raison à Petrolin, déboutant Bolloré.
Après des années de bataille judiciaire, et des mois de négociations, le projet est toujours au point mort.
Les présidents des deux pays africains ont indiqué le 7 avril dernier qu’ils envisagent désormais une coopération avec la Chine.
Les activités économiques florissantes de Bolloré en Afrique
Du stockage au transport des marchandises, Bolloré Africa Logistics est incontournable en Afrique de l’Ouest. Le groupe gère directement les terminaux à conteneurs de 10 ports, dont ceux de Conakry en Guinée et de Pointe-Noire au Congo.
Il opère aussi dans 16 terminaux à conteneurs sur le continent par l’intermédiaire de partenariats public-privé.
Le groupe Bolloré détient la majorité dans trois concessions ferroviaires en Afrique: Sitarail (Côte d’Ivoire, Burkina Faso), Camrail (Cameroun) et Benirail (Bénin).
Activités agricoles…
Bolloré détient 38,8% de la holding luxembourgeoise Socfin, qui gère environ 187.000 hectares de plantations, principalement de palmiers à huile et d’hévéas, en Afrique et en Asie.
Ces activités de production d’huile de palme ont valu à la Socfin des accusations d’accaparements de terres.
Dans cette affaire, la Socfin a attaqué en justice des médias et ONG pour diffamation, mais le tribunal correctionnel de Paris les a relaxés en mars 2018.
Bolloré poursuit aussi pour diffamation le journaliste français Tristan Waleckx et la présidente de France Télévisions pour un documentaire.
Des extraits consacrés aux activités de la Socapalm, filiale de Socfin au Cameroun, dans lesquels des sous-traitants dénoncent leurs conditions de travail sont notamment ciblés.
Avec bbcafrique