“Virilité enfantine,” manque de “fair-play”, “défi aux contre-pouvoirs”… L’apostrophe du président déplaît dans les rangs de l’opposition.
Il est sorti de son silence avec l’envie d’en découdre. Silencieux depuis l’explosion de l’affaire des violences commises par son conseiller Alexandre Benalla et de leur gestion par les services de l’État, Emmanuel Macron a fini par s’exprimer ce mardi 24 juillet, soit près d’une semaine après la révélation du dossier par Le Monde.
Et pour briser le silence, le chef de l’État a choisi de prononcer un discours devant les parlementaires de la majorité, depuis la maison de l’Amérique latine, dans le septième arrondissement, à Paris. Une allocution au cours de laquelle il a notamment ironisé sur les rumeurs entourant celui qui a notamment eu la charge de la sécurité lors de sa campagne victorieuse en 2017, mais où il s’est aussi positionné en homme prêt à lutter contre ses détracteurs, les apostrophant d’un “S’ils cherchent un responsable, il est devant vous. Le seul responsable, c’est moi et moi seul. Qu’ils viennent me chercher. Je réponds au peuple français.”
« Qu’ils viennent me chercher » (#Macron)… : pas très fair play quand la Constitution (ce que nous ne contestons pas) le protège précisément de toute obligation de rendre des comptes. MLP #AffaireBellanaMacron
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 24, 2018
L'ivresse des cîmes."Qu'ils viennent me chercher " dit le Président devant son cercle de députés fidèles. Il ne viendra donc pas de sa propre volonté s'expliquer ? C'est un bras d'honneur au Parlement et au Peuple ! Un Président ne devrait pas dire cela. https://t.co/I6MWedafLx
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) July 24, 2018
https://twitter.com/charligarotte/status/1021869227928637440
E. Macron préfère donc s’exprimer en chef de clan, au détour d’une sauterie, devant ses seuls députés dociles. Dans un élan d’humilité et de maturité, il lance aux français: « Qu’ils viennent me chercher ! ». Le nouveau monde se nourrit de la petite morgue.
— Aurélien Pradié (@AurelienPradie) July 24, 2018
Des mots qui ont largement fait réagir sur la scène politique, en particulier du côté du Rassemblement national et de la France insoumise. Marine Le Pen a notamment regretté un manque de fair-play de la part d’un homme protégé par sa fonction de toute obligation à comparaître devant la justice, quand Alexis Corbière évoquait “l’ivresse des cimes” pour qualifier l’attitude du chef de l’État.
Le député insoumis de Seine-Saint-Denis est même allé jusqu’à dénoncer “un bras d’honneur au Parlement et au Peuple”. Charlotte Girard, cadre du mouvement créé par Jean-Luc Mélenchon, a elle demandé à Emmanuel Macron de simplement accepter de venir s’expliquer devant la commission d’enquête montée pour faire le jour sur l’affaire.
« Qu’ils viennent me chercher ! ». Franchement #Macron abuse ! La #CommissionEnquete est à seulement 3 minutes de trajet ! Quelqu’un lui commande le taxi ? #AffaireBenallaMacron #AllonsChercherMacron https://t.co/GO90KOrjzj
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) July 24, 2018
Sur la route du Tour de France demain ? Ah non. https://t.co/JO5ko5Orc8
— Jean-François Gérard (@jeanfrancgerard) July 24, 2018
Macron avec son "qu'ils viennent me chercher" emprunte encore un peu plus au style Sarkozy et son "descend un peu on va s'expliquer" lancé aux pêcheurs en 2007
— Bruno Jeudy (@JeudyBruno) July 24, 2018
Par contre l'apostrophe finale"Qu'ils viennent me chercher", si elle a été ainsi prononcée, se lit comme 1 défi à tous les contre-pouvoirs institutionnels (Parlement) ou informels (presse). Assez ressemblant au "Bring it on" de #Trump. #Macron #Benalla RT+ https://t.co/ZD82uua9EZ
— Corentin Sellin (@CorentinSellin) July 24, 2018
Sur les réseaux sociaux, au-delà de la classe politique, les mots du président de la République ont suscité de nombreuses réactions. Certains ont notamment vu un parallèle entre sa position et celle, très critique envers la presse, d’un Donald Trump, d’autant qu’Emmanuel Macron a également déclaré: “Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité.”
D’autres ont dénoncé le choix du chef de l’État de fuir les rendez-vous populaires où la presse aurait pu le relancer au sujet de l’affaire, comme le tour de France, quand certains croyaient revoir Nicolas Sarkozy avec cette phrase de défi. Et puis forcément, réseaux sociaux obligent, de nombreux internautes ont préféré s’amuser de la sortie velléitaire d’Emmanuel Macron.
#quilsViennentMeChercher pic.twitter.com/ROaODxkiiW
— L'Indéprimeuse (@LIndeprimeuse) July 24, 2018