En quelques années, l’aéroport de Madrid s’est forgé un nom. Barajas est désormais une porte ouverte entre l’Europe et l’Amérique latine, et l’un des piliers de l’économie madrilène depuis l’ouverture en 2006 du terminal 4 qui l’a définitivement propulsé vers de nouveaux horizons.
L’aéroport de Madrid-Barajas cumule les distinctions depuis l’achèvement d’un profond remodelage au milieu de la dernière décennie. Élu meilleur nouvel aéroport en 2006 et meilleur aéroport européen en 2008, la plate-forme a aussi gagné, entre autres, le prix d’architecture international du Chicago Athenaeum en 2007. En 2011, deux distinctions sont venues s’ajouter à son tableau d’honneur avec les titres de meilleur aéroport du sud de l’Europe, et même d’aéroport de l’année pour l’Institute of Transport Management. Récemment, selon l’Airport Council International, Madrid-Barajas s’est porté à la 11e place mondiale et au 4e rang européen en termes de passagers après Londres Heathrow, Paris Charles de Gaulle et Francfort.
Pluie de récompenses
Ce grand bond en avant s’explique par l’ouverture, en 2006, du terminal 4. Sa conception aussi extravagante que performante, signée Richard Rogers et Antonio Lamela, a fait passer le trafic en quelques années d’une trentaine de millions de passagers à plus de 50 millions ; avec un potentiel de 70, voire 80millions. L’aéroport est ainsi devenu l’un des moteurs économiques de la région et totalise plus de 11 % du PIB du grand Madrid. La plate-forme fait travailler directement 54 000 personnes et génère, au total, plus de 170 000 emplois, soit presque 10 % de tous ceux de la communauté de Madrid. Selon les prévisions, ces chiffres pourraient même doubler dans les dix prochaines années. Aujourd’hui, la capitale espagnole est connectée à plus de 170 destinations par vols directs et en 2007, un an après l’ouverture du T4, 52 millions de voyageurs sont passés par Barajas ; soit près de deux fois plus que dix ans plus tôt. Pour l’anecdote, Air France y est la 9e compagnie la plus importante en termes de passagers, et la France y occupe la 3e place après l’Espagne et l’Italie en nombre de voyageurs par pays.
“C’est certainement l’ouverture du T4 qui a propulsé Madrid au rang de grande capitale, puisque nous faisons maintenant partie des quatre plus importants aéroports d’Europe”, explique José Sanz Dodero, directeur adjoint de l’aéroport Madrid- Barajas. Fait indéniable, la plate-forme est devenue un hub d’importance, notamment vers l’Amérique latine et l’Afrique. Cela explique aussi que la majorité des usagers soient des voyageurs d’affaires, avec près de 30 % des passagers atterrissant à Madrid qui transitent vers d’autres destinations. “La performance de ce terminal est due à des équipements très perfectionnés”, poursuit José Sanz Dodero. À lui seul, le T4 possède deux des quatre pistes de l’aéroport et peut accueillir jusqu’à 35 millions de passagers par an, avec ses 164 comptoirs d’enregistrement et ses 50 machines de check-in automatique. Les transferts s’y font d’ailleurs en un temps record grâce à un système de tapis à bagages de 120 km pour 42 km/h.
Correspondances intantanées
Mais leT4 est aussi un véritable centre commercial avec 30 000 m2 de boutiques et de restaurants, et même un spa doté d’une petite piscine. On pourrait presque n’y venir que pour le shopping, tant il est aisé d’accéder à l’aéroport depuis le centre historique de Madrid. En effet, une liaison par métro, très performante et surtout peu coûteuse (2,50 euros par voyage), permet de s’y rendre de façon express. Par ailleurs, depuis septembre 2011, un train relie l’aéroport à la gare d’Atocha en 25 minutes et celle de Chamartin en seulement 11 minutes.
Avec ses formes organiques, mouvantes, vivantes, le terminal 4 est d’une modernité que quatre ans d’existence n’ont pas encore réussi à entamer. Cet édifice de plus d’un kilomètre de long et de 500 000 m2 est divisé en trois blocs (check-in, sécurité, embarquement/ débarquement).Constitué de deux bâtiments reliés par un système de train rapide, leT4 a été conçu principalement pour la compagnie espagnole Iberia, bien que quelques autres compagnies, lowcost notamment, y opèrent également des vols. “Ce terminal dédié a permis de donner une nouvelle image à notre compagnie, tout en lui offrant une marge de progression de 30 % en termes de trafic”, explique Manuel López Aguilar, sous-directeur commercial et clientèle d’Iberia. La compagnie espagnole peut en outre se targuer d’avoir les plus beaux lounges du nouveau terminal – trois au total – , mais aussi un espace d’enregistrement et de sécurité VIP, inauguré l’an dernier.
“Il est vrai que le T4 est fait pour maximiser le bien-être du passager”, reprend José Sanz Dodero, en précisant que “l’aéroport s’est également doté d’un restaurant étoilé Michelin”. Le toit, aux rondeurs presque végétales, tout en vagues et qui peut évoquer par certains côtés une molécule d’ADN, est entièrement constitué d’aluminium et de lattes de bambou. “Le bambou est écologique. Il ne met que six mois à pousser ; ce n’est donc pas comme si l’on avait abattu des arbres pour cette construction”, explique une porte-parole de l’aéroport. L’endroit est paisible. Il rassure les anxieux grâce aux 550 puits de lumière qui confèrent calme et sérénité à l’endroit, même au niveau des arrivées. Une luminosité subtile à laquelle s’ajoutent des murs de verre qui baignent le bâtiment dans le soleil madrilène.
Ce terminal est, en fait, tout un symbole. Orienté du nord au sud, il voit ses couleurs varier du bleu au vert, puis du jaune à l’orangé, pour finalement virer au rouge. Du froid vers le chaud, donc. Mais les symboles ont souvent une raison d’être pragmatique : ici, la signalétique s’accorde aux variations polychromes, et les lettres correspondant aux zones d’embarquement sont elles aussi de couleur bleue, verte, jaune, orange ou rouge. Tout comme les boutiques et les restaurants qui, épousant également cette progression, permettent au passager de mieux se repérer dans l’espace et le temps. Un résultat du plus bel effet pour une évidente touche arty.
En fait, c’est tout l’aéroport qui est une galerie d’art en version XXL. Expositions temporaires et permanentes accueillent des artistes de tous horizons, avec, pour chef-d’œuvre indiscutable, L’Enlèvement d’Europe de Botero. Une façon d’affirmer que les frontières entre business, air et art sont, au fond, bien minces…
Avec : voyages-d-affaires