Les présidents ivoirien et sénégalais seront reçus ce vendredi 20 avril au Palais de l’Elysée par leur homologue français Emmanuel Macron. La France est un partenaire stratégique des deux premières économies de l’UEMOA qui se livrent une bataille feutrée pour se positionner comme hub régional notamment pour les investisseurs. En toile de fonds, une guerre de leadership plus entre les deux capitales que entre les deux chefs d’Etat pour qui les enjeux des relations avec la France convergent sur plusieurs points.
Comme en 2017 où les 11 et 12 juin le président français a reçu successivement ses homologues ivoirien et sénégalais, Emmanuel Macron recevra, ce vendredi 20 avril à l’Elysée, Alassane Dramane Ouattara et Macky Sall à quelques heures intervalles. Cette fois encore, l’ordre a été respecté puisque c’est le chef d’Etat ivoirien qui sera le premier à s’entretenir avec Macron. ADO est arrivé à Paris hier mercredi en provenance du Koweït où il vient de séjourner pour une visite officielle. De son coté, le Macky Sall se trouve lui aussi dans la capitale française depuis le mardi dernier et où il restera jusqu’au dimanche 21 avril et selon la présidence sénégalaise, «le séjour du président de la République sera notamment marqué par des entretiens avec son homologue français, Emmanuel Macron sur des sujets d’intérêt commun». La présidence ivoirienne s’est également bornée à annoncer «l’entretien entre les deux chefs d’Etat» comme principal motif du séjour d’Alassane Ouattara à Paris.
Ce vendredi sera donc particulièrement africain sur l’agenda du président français. Comme il fallait s’y attendre, cette coïncidence trop fortuite de la présence des deux chefs d’Etat à l’Elysée a ravivé les récurrentes suspicions de «guerre de leadership» entre les deux chefs de l’Etat. Ce qu’on réfute à Abidjan comme à Dakar et à Paris, on met surtout en avant la solidité du partenariat entre la France et ses deux ex-colonies. C’est la troisième fois que ADO se rend chez Macron en un peu plus d’une année et pour marquer l’excellence des relations entre la France et les deux premières économies de la zone UEMOA, le président français a également rendu la politesse à ses deux homologues comme en témoigne sa présence à Abidjan, en novembre 2017 à l’occasion du Sommet UA-UE et quelques mois plus tard en février à Dakar où il assisté à la conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation.
Guerre de positionnement entre Abidjan et Dakar
Au delà de ce que certains perçoivent donc comme une querelle de leadership entre ADO et Macky, il y a surtout cette guerre de positionnement que se livre le Cote d’ivoire et le Sénégal en matière de partenariat stratégique avec la France. Les deux pays sont certes des partenaires de premier choix pour l’Hexagone en matière notamment d’échanges commerciaux et ces dernières années, les investissements français ont particulièrement fleurit sur les bords de la lagune Ebrié tout comme au pays de la Téranga. En cette période de conjoncture difficile, la France s’est révélé comme un partenaire par excellence pour ADO et Macky qui ont mis en œuvre chacun à sa manière, une stratégie de croissance des plus ambitieuses. Avec le Programme national de développement (PND) pour la Cote d’ivoire et le Plan Sénégal émergent (PSE), la course vers l’émergence a été depuis enclenché et c’est un secret de polichinelle que depuis des années, Abidjan et Dakar se livrent une bataille de positionnement comme hub régional de l’Afrique de l’Ouest particulièrement l’espace économique francophone.
Les sujets d’intérêts communs avec Macron ne manquent pas tant pour ADO que pour Macky avec la France et les entretiens de ce vendredi vont permettre certainement de faire le point sur le partenariat existant ainsi que le suivi des engagements pris à travers les différents accords de coopération et de financement dernièrement souscrits.
Il convient aussi de noter que ce double entretien que le président français aura avec ses pairs de la Côte d’ivoire et du Sénégal intervient dans des contextes différents pour ADO et Macky Sall. C’est particulièrement le cas pour le chef de l’Etat sénégalais qui fait actuellement face à une explosion de la contestation politique née de sa volonté de modifier la constitution en prélude aux prochaines élections présidentielles de 2019 où il va remettre son mandat en jeu. Pour le président ivoirien qui, en principe est en train de finir son second et dernier mandat, l’enjeu sera plus d’accélérer certains décaissements pour lui permettre d’atteindre les objectifs de sa stratégie de croissance. Pour Macron, au delà des relations bilatérales, la rencontre des deux chefs d’Etat servira à échanger sur d’autres dossiers à caractère régionaux comme la lutte contre la migration ainsi que le terrorisme particulièrement au Sahel et en Afrique de l’Ouest, des défis qui constituent la priorité de l’heure pour Paris. La France qui a annoncé dernièrement la hausse de son aide publique notamment en faveur des pays africains a aussi annoncé une hausse des engagements de l’AFD et dans le sillage de la mobilisation des IDE français que prône Macron pour refonder la politique africaine de l’Elysée, le président français en profitera pour faire le VRP du secteur privé français dans les deux pays.
Avec latribune