Adama Coulibaly : Ministre des Finances et du Budget
Silencieux mais stratégique, discret mais central, Adama Coulibaly incarne cette nouvelle génération de technocrates africains qui font de l’économie une boussole politique. Son nom n’alimente pas les controverses, mais il imprime durablement sa marque dans les arcanes du pouvoir ivoirien. De la rigueur universitaire aux rênes du ministère des Finances et du Budget, son parcours s’écrit comme une équation maîtrisée, où chaque variable est calibrée pour la stabilité et la croissance.
Né dans une Côte d’Ivoire en pleine construction, Coulibaly se distingue tôt par son amour des chiffres. Un amour qu’il affine jusqu’à l’université Panthéon-Sorbonne, haut lieu de la pensée économique mondiale, où il décroche un doctorat en sciences économiques. Le profil est clair : sérieux, formé à l’école des grandes institutions, avec la précision d’un métronome.
Il entame sa carrière en 1983 dans les amphithéâtres de l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan et au CIRES, creuset de la pensée économique ivoirienne. Mais c’est au sein du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) que le chercheur devient acteur global. De la représentation d’Abidjan au cœur de New York, puis du Burundi à la Guinée et la RDC, Adama Coulibaly traverse les continents, les crises et les transitions, toujours en technicien des politiques publiques. En 2008, il devient directeur pays du PNUD, l’un des plus hauts postes de cette institution. Là encore, sans fracas, mais avec efficacité.
C’est fort de cette expérience internationale qu’il revient au pays en 2014, à l’appel de Nialé Kaba, pour occuper le poste stratégique de directeur de cabinet au ministère de l’Économie et des Finances. En 2019, il prend lui-même les commandes du ministère, devenant le grand argentier d’un pays en pleine transformation. Il sera reconduit en 2021, puis à nouveau en octobre 2023, cette fois dans le gouvernement Beugré Mambé, avec un portefeuille élargi aux Finances et au Budget. Une constance rare, qui témoigne de la confiance qu’il inspire au sommet de l’État.
Mais le technocrate s’autorise une incursion plus concrète dans la vie publique : en septembre 2023, il est élu maire de Dimbokro, sa ville d’origine. Un choix symbolique et stratégique, où il articule désormais macroéconomie et réalités locales. Là où d’autres choisissent les projecteurs, Coulibaly privilégie le terrain.
En décembre 2022, il franchit une nouvelle étape en prenant la tête du Conseil des ministres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), un poste clé pour l’intégration régionale. Là encore, il agit dans la discrétion, loin des effets d’annonce, mais au cœur des décisions structurantes pour huit pays.
Adama Coulibaly est de ceux dont le parcours s’inscrit dans le marbre des bilans économiques. Il ne fait pas de bruit, mais il fait tourner les rouages. Il n’agite pas les foules, mais rassure les marchés. Entre Dimbokro et Dakar, entre Abidjan et New York, l’homme a tracé sa propre diagonale, celle d’un serviteur de l’État qui parle peu, mais pèse beaucoup.