Jean-Marie SOMET:
Directeur Général de Côte d’ivoire Tourisme.
Les acquis et défits de Côte d’ivoire Tourisme
Technocrate dans le sens noble du terme, Monsieur Jean-Marie SOMET est le Directeur Générale de Côte d’ivoire Tourisme. Dans l’entretien qu’il a accordé à PMEPMI MAGAZINE, Monsieur Jean-Marie SOMET lève un point de voile sur l’office du tourisme qu’il dirige et les 10 raisons de visiter la Côte d’ivoire. Découvrez la trajectoire d’un entrepreneur d’exception.
Monsieur le Directeur Général, pouvez-vous vous présenter ?
J.M.S: Je suis Jean-Marie SOMET, diplomate de carrière et Directeur Général de Côte d’Ivoire Tourisme, l’Office National du Tourisme depuis mars 2013.
Comment se porte aujourd’hui Côte d’Ivoire Tourisme, l’Office National du Tourisme ?
J.M.S: Je voudrais vous remercier pour cette lucarne que vous ouvrez, me permettant ainsi de parler et faire apprécier une fois de plus les avancées du tourisme dans notre cher pays, tout en mettant en exergue les efforts consentis par Côte d’Ivoire Tourisme, l’Office National du Tourisme, la structure en charge de la promotion de la destination et de l’image de la Côte d’Ivoire.
Côte d’Ivoire Tourisme se porte de mieux en mieux ! Nous essayons chaque jour de faire un peu plus pour renforcer son ossature sur le plan administratif et financier afin d’offrir aux usagers une meilleure satisfaction dans cette mission noble de service public qui nous a été confiée par l’Etat de Côte d’Ivoire.
Un travail considérable a été fait et les choses avancent progressivement vers l’expression de la qualité de nos services aux usagers et professionnels du secteur. Toutefois, notre satisfaction serait encore plus grande lorsque les ivoiriens, dans leur grande majorité, auront pris conscience que le Tourisme est une véritable industrie qu’il faudra construire ensemble. Cette vision doit s’inscrire dans une bonne compréhension des activités de Côte d’Ivoire Tourisme.
Notre métier de promotion et de développement dépend essentiellement d’une notion de la transversalité, qui implique presque tous les axes de l’économie de notre pays, dont nous sommes dépendants.
Si nous n’avons pas un minimum de compréhension de la part de tous les acteurs, nos efforts peuvent rester sans résultat palpable. Il s’agit de se positionner sur un marché concurrentiel en ayant cette volonté d’amener le secteur privé à y apporter des solutions à l’investissement. Si nous prenons des exemples dans certains domaines qui passent, soit par la construction de réceptifs de plusieurs catégories à Abidjan et à l’intérieur du pays, soit par la construction d’un véritable parc d’exposition, pour l’organisation de foires et salons majeurs, soit par la construction d’un parc d’animation, soit l’organisation du transport dans son ensemble et aussi, par l’exploitation du plan d’eau lagunaire pour des balades en péniches ou des bateaux mouches à la découverte des sites magnifiques entre Abidjan et San Pédro, avec des escales à Dabou, à Grand Lahou, et à Jacqueville (…) tout ceci ne peut se faire qu’avec des opérateurs privés à la recherche des possibilités d’investissements dans notre pays.
Ces possibilités existent, cependant nous demeurons dans l’appréciation des éventuels investisseurs à qui l’on pourrait accorder un cadre incitatif à l’investissement dans ce secteur.
Notre fierté à ce jour, est que notre pays demeure et doit continuer à être stable politiquement et conscient de son potentiel économique. Ce vent de stabilité continue depuis ces cinq dernières années apporte un souffle de crédibilité qui plane sur nos actions, rassurant ainsi les éventuels investisseurs et les touristes internationaux, voir nationaux.
Nous avons de notre côté un maximum d’atouts touristiques sur des niches existantes telles que le balnéaire, le sportif, le religieux, le culturel, le tourisme de mémoire, le culinaire, l’agrotourisme, l’écotourisme… De plus, le jeu en vaut la chandelle, car le tourisme est un grand pourvoyeur d’emplois qui pourrait absorber une grande partie des demandeurs à la recherche d’une activité valorisante. Le tourisme est aussi facteur de cohésion sociale. Prétexte au développement d’une région, il devient le sujet de valorisation pour l’accueil des visiteurs et touristes venus d’ailleurs !
Les indicateurs internationaux nous signalent que le retour sur investissement dans le secteur sont assez précis et certainement très alléchants :Un touriste étranger dépense en moyenne six cent à sept cent mille francs CFA, pour 5 à 6 jours de visite, c’est pratiquement le prix d’une tonne de cacao que l’on peut obtenir en très peu de temps. Allons ensemble imaginer la présence de touristes chinois qui dépensent six fois plus que les autres touristes dans le monde. Ces recettes pourront être injectées directement dans l’économie nationale au profit des planteurs de cacao, d’hévéa, de noix de cajou, d’ananas… Vous pouvez par conséquent, saisir tous nos messages pédagogiques réguliers en direction des initiatives privées pour valoriser ces segments constitués de niches. Le secteur du tourisme est générateur de revenus forts intéressants. Notre message reste encore mal perçu, car beaucoup d’entrepreneurs ne visent qu’un retour sur investissement rapide.
Entreprendre dans la construction d’un réceptif digne de ce nom, vous prendra 3 à 4 ans d’investissement pour des travaux ! Combien sont ces ivoiriens prêts à consentir autant d’effort ?
Quelle est la vision et la politique du Directeur Général de Côte d’Ivoire Tourisme que vous êtes ?
J.M.S: Lorsque nous parlons de vision, il faut avoir à l’esprit que nous sommes une structure sous tutelle du Ministère du tourisme et que notre mission est axée avant tout, sur une orientation politique de la tutelle et par la suite, il appartient à notre structure d’y apporter une déclinaison stratégique pour une bonne visibilité de cette orientation par des actions concertées avec la tutelle. C’est ainsi que Côte d’Ivoire Tourisme peut prendre des initiatives pour agir sur le plan national et international. Nous restons toujours vigilants à l’évolution du marché et ses tendances afin d’accompagner au mieux, les acteurs du secteur sur les offres qu’ils pourraient proposer.
La vision d’ensemble va déboucher sur une politique managériale. Cette vision partagée avec le Ministre du Tourisme, M. Roger Kacou, sera la feuille de route qu’impose une bonne lecture des attentes du premier responsable. A travers lui, c’est surtout une vision globale qui tire sa substance de celle du Président de la République Son Excellence Alassane Ouattara et de tout son gouvernement pour faire de notre pays, une destination touristique majeure sur le continent africain en commençant par l’Afrique de l’Ouest.
Nous sommes tout de même conscients du retard pris par notre pays dans ce secteur à la fois très sensible et concurrentiel qu’est le tourisme. C’est pourquoi, nos efforts concertés, nous ont valu de glaner des lauriers avec des indicateurs forts intéressants enregistrés, notamment au niveau du tourisme d’affaires, qui, aujourd’hui, est le fer de lance de notre industrie touristique. S’appuyant sur ces résultats, il nous semble opportun d’analyser les niches existantes.
A ce jour, la réalité nous impose de sensibiliser les responsables des différentes Régions de notre pays àune prise de conscience qui passe par la valorisation des atouts touristiques existants sur leur territoire. L’Etat, dans sa bonne compréhension, a laissé le soin aux présidents de régions, une marge de manœuvre considérable pour la valorisation de leurs potentiels touristiques qui pourraient constituer in finet, à moyen terme, une source intarissable de revenus et de création d’emplois. L’attractivité d’une région est et doit être une affaire de volonté politique qui dépasse tous les clivages car source véritable de richesses qui peut procurer une valeur ajoutée aux régions.
C’est dans cette même veine, que Côte d’Ivoire Tourisme, en concertation avec le Ministère du Tourisme, a mis en place le Projet d’Appui au Développement et à la Valorisation des Territoires de Côte d’Ivoire (PADVTCI)
. Ce projet qui vise à mettre en place une plate-forme opérationnelle de valorisation du potentiel touristique des régions souffre d’une adhésion concrète des présidents de régions. A ce jour, le projet pilote qui a démarré avec le Sud Comoé sur trois ans avance bien dans sa concrétisation. Maintenant, il fait des émules qui, au demeurant, n’avaient pas pris conscience de sa portée.
Mesurant aujourd’hui, toutes les déclinaisons de sa mise en place effective dans le Sud Comoé par l’ouverture prochaine de l’Office Régional de la Promotion du Tourisme à Grand-Bassam, plusieurs régions se signalent maintenant dans cette vision du développement et de la promotion de leur potentiel touristique existant.
Nous aurons très prochainement, la signature de conventions avec quelques régions de la Côte d’Ivoire, dès septembre 2016 pour avancer sur ce concept assez intéressant pour la valorisation des territoires.
Aussi, voudrais-je signaler que la Région sud-comé à travers des opérateurs économique du secteur, tels que M. Ollo Germain et des partenaires étrangers, sous l’impulsion du Ministre du Tourisme viennent d’inaugurer l’école hôtelière de Grand Bassam, sous licence de l’école hôtelière de Genève et de l’école hôtelière de Casablanca. C’est une initiative qui vient à point nommé pour le secteur de l’hôtellerie et du tourisme. Ce grand vide dans la formation des métiers du secteur sera comblé par une formation tant universitaire que technique. Ces actes concrets participeront à l’évolution du tourisme de qualité dans notre pays.
Le Salon International du Tourisme d’Abidjan 2016 avait pour thème : « Tourisme en Région, source de richesse ». Ce fut l’occasion également d’expliquer et d’échanger avec les régions de l’importance de la valorisation de leurs atouts touristiques.
Depuis votre arrivée à la tête de Côte d’Ivoire Tourisme, quel est le bilan et quelles sont les grandes réformes que vous avez apportées à la structure?
J.M.S: Le bilan aujourd’hui en termes de promotion, de visibilité et de fréquentation de notre destination, doit partir d’un constat global sur le pays.
Au lendemain de son élection, le Chef de l’Etat a pris son bâton de pèlerin pour sillonner un ensemble de pays dans le monde en y apportant le message constructif d’un pays ouvert vers les autres…Il a su, lui-même, récurer l’image d’un pays qui a traversé des années de crises.
Il a intensifié les visites officielles et les visites d’amitiés, afin de renouer les relations diplomatiques et économiques et surtout, rassurer les différents interlocuteurs, investisseurs, du retour de notre pays sur l’échiquier international.
Parallèlement, il fallait tisser de nouvelles relations, se mettre à jour vis-à-vis de nos contributions dans les Institutions Internationales, telles que l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), signalant ainsi le retour de la paix, et de la sérénité dans notre pays.
Toutes ces actions d’envergure ont permis à la Côte d’Ivoire, plongée dans un profond sommeil de reprendre son positionnement entant que locomotive de l’Afrique de l’ouest.
Aussi, permettez-moi de dire que nous surfons, nous Côte d’Ivoire Tourisme, sur ce succès diplomatique et économique pour mieux nous faire entendre et comprendre sur la promotion du potentiel touristique de notre pays. Le travail que nous entreprenons devient de facto plus facile et notre message passe assez bien auprès de nos interlocuteurs étrangers. « La destination Côte d’Ivoire ne fait plus peur à nos visiteurs et les ivoiriens eux-mêmes sont à la découverte du pays ! ».
Aussi, quand nous parlons de sillons, nous voulons dépeindre toutes les réformes entreprises par le Ministère du Tourisme. Ces réformes ont insufflé de la vitalité au secteur en général et au sein de côte d’Ivoire Tourisme en particulier. Elles ont permis la restructuration et la réorganisation en 2015 de Côte d’Ivoire Tourisme-Office National du Tourisme, pour plus de notoriété et d’efficacité.
C’est une chaîne opérationnelle qui est mise en place. Côte d’Ivoire Tourisme est en mesure de proposer et adapter différentes stratégies pour atteindre les objectifs fixés pour la promotion et le développement du secteur. Tous ici, nous nous accordons à dire que le Tourisme doit être une pièce maîtresse de notre économie.
Pour y arriver, il nous faut accepter de construire le socle du secteur par des décisions importantes qui doivent servir pour aujourd’hui et pour l’avenir. C’est ainsi que le Ministre a présenté la ligne directrice des actions à mener pour faciliter les indications de la boussole proposée. Une série de réformes institutionnelles et juridiques favorisant l’attractivité du secteur ; entre autres nous pouvons citer :
- La politique Générale du Tourisme ;
- Le code du Tourisme, qui est le premier du genre dans notre pays depuis l’indépendance ;
- La restructuration de Côte d’Ivoire Tourisme, Office National du Tourisme ;
- Le décret d’organisation et le fonctionnement du ministère ;
- Le décret portant réglementation des activités ou et de
professions touristiques,
- Le décret portant réglementation des établissements d’hébergement touristique …
Le troisième point qui touche le cœur des activités de Côte d’Ivoire Tourisme, a consisté à doter notre structure mandatée par l’Etat en matière de promotion de la destination, d’outils conséquents pour accueillir tel un vase adapté, toutes ces réformes afin de faciliter leur mise en exécution dans la politique de promotion de la destination.
Notre métier qui est un métier de contact, tient compte de la présentation de l’image de la destination et de l’organisation de la présence de notre pays, sur toutes les manifestations à l’étranger.
Nous sommes par conséquent, capables d’ajuster des thématiques en fonction des cibles visées sur le plan international. Il ne faut pas réduire la mission de Côte d’Ivoire Tourisme à la mise en place des stands, de l’accueil de nos visiteurs ou encore s’attendre à une subvention pour l’organisation d’événements…
Nous allons au-delà de ce cantonnement intellectuel et pratique, pour préparer les dossiers de candidature de notre pays sur diverses manifestations décidées par l’Etat à travers un certain nombre de Ministères ou des Institutions qui nous en font la demande. Ce qui signifie qu’il est utile de nous interpeller longtemps à l’avance pour l’accompagnement sous plusieurs formes et créer, organiser toutes formes de manifestations dès l’instant où, il s’agit de présenter, défendre et de valoriser l’image de notre pays.
Notre présence de plus en plus remarquée sur un certain nombre de manifestations internationales est le reflet de la vision et de la grandeur que nous avons de cette nouvelle Côte d’Ivoire.
« Notre pays mérite ce qu’il y a de plus beau à l’instar des meilleures destinations touristiques au monde ».
Aujourd’hui, Côte d’Ivoire Tourisme fait participer la Côte d’Ivoire aux grands rendez-vous des salons internationaux de FITUR sur le marché espagnol, d’ITB à Berlin en Allemagne, d’IFTM Top Resa à Paris en France et à BITE en Chine. Etre absent à ces différents Rendez-vous incontournables, c’est ‘’suicider’’ la destination de notre pays.
Les marchés touristiques que nous citons ici, sont des salons majeurs. Notre présence s’inscrit parfaitement dans la vision que nous avons du tourisme en Côte d’Ivoire.
Le marché chinois qui va s’ouvrir très prochainement à la Côte d’Ivoire est le fruit d’une vraie réflexion du Ministre qui a entrepris des négociations dès son arrivée dans son Département, afin de conquérir le cœur des chinois. L’éligibilité au statut du D.T.A(Destination Touristique Autorisée) qui fait à ce jour de la Côte d’Ivoire une destination autorisée et prioritaire aux millions de touristes chinois a été un travail de fourmis entrepris depuis plus de 4 ans. Côte d’Ivoire Tourisme a préparé et mis en forme, la présence de notre pays sur plusieurs années, par la participation active au Salon BITE de Pékin et des rencontres au plus haut niveau avec les autorités chinois pour notre ministre.
C’est un pas de géant que notre pays vient de faire parce qu’il a obtenu la confiance du plus gros marché émetteur du monde. Cependant, C’est un vaste chantier qui nous attend car beaucoup reste à faire pour satisfaire la demande du marché chinois.
Aussi, la transversalité dont j’évoquais plus haut la réalité doit s’appliquer avec un certain nombre d’acteurs partie prenante de ce succès. Pour recevoir des touristes chinois, il va falloir s’adapter et accepter d’avoir des indications en anglais et en chinois, dès leur arrivée à l’aéroport Felix Houphouët Boigny d’Abidjan. Avoir des guides touristiques parlant chinois, apprendre quelque peu la culture chinoise pour mieux les recevoir… tout ceci qui participe à la progression et au charme de notre destination. Il ne s’agit pas seulement des chinois, toutes les autres nationalités que nous convoitons doivent être alignées sur cette même philosophie du savoir et du recevoir !
Côte d’Ivoire Tourisme, aujourd’hui, a les coudées franches pour collaborer avec des opérateurs chinois du secteur et les plus grandes agences de vente de produits touristiques en ligne dont la CTRIP qui nous a accueillis dans ses locaux lors de notre dernière participation au salon du tourisme de Pékin, qui s’est tenu du 20 au 22 mai dernier(BITE 2016).
Avant d’évoquer d’autres paramètres liés à la promotion du tourisme dans toute sa dimension, il faut souligner qu’au vu du rôle primordial qu’a un Office National du Tourisme, d’entretenir l’image de la destination de son pays, il faut au besoin, s’arrêter un moment et scruter le degré de compétitivité avec les autres Offices dans le monde.
C’est pourquoi, il nous importait de prendre des dispositions d’amélioration de la vision du personnel à Côte d’Ivoire Tourisme.
C’est ainsi qu’en 2015, nous avons entamé le processus qui doit aboutir à la certification ISO 9001que nous obtiendrons probablement à la fin de l’année 2016.
Cette certification viendra conforter Côte d’Ivoire Tourisme dans sa mission de promotion par la qualité de ses prestations aux usagers, marquant ainsi, l’adhésion de tout son personnel à ce concept iso qui est une garantie international du message que nous voulons véhiculer. Elle permettra de garantir cette confiance vis à vis des usagers et des différents interlocuteurs internationaux.
Cette certification servira de repère aux opérateurs et partenaires qui trouveront utile de se référer à Côte d’Ivoire Tourisme en vue de bénéficier de sa caution institutionnelle avant de s’engager sur une quelconque action liée au tourisme.
Pouvez-vous nous ressortir le bilan de 2015 avec les chiffres qui prouvent la bonne santé de Côte d’Ivoire Tourisme ?
J.M.S: Le tourisme doit être en symbiose avec les autres secteurs d’activité qui favorisent l’évolution exponentielle de ses chiffres. Ces secteurs sont pour nous des adjuvants, que ce soient l’agriculture, la pêche, le transport, les infrastructures, la santé, l’éducation, la formation etc., tous ces secteurs sont essentiels pour la bonne progression de notre tourisme.
Le bilan de Côte d’Ivoire Tourisme est forcément lié à celui du Ministère du Tourisme, alors il faut faire un zoom sur l’ensemble des résultats obtenus depuis 4 ans.
La contribution du secteur dans l’économie de notre pays s’élève à environ 580 milliards de francs CFA. Sur le plan du PIB, le secteur a enregistré au Produit Intérieur Brut (PIB), les progressions suivantes :de 1.6% en 2012 à 4.8% en 2014 (source :Banque Mondiale).
La plateforme aéroportuaire Félix Houphouët d’Abidjan a enregistré 1 500 000 voyageurs pour 470.869 touristes internationaux. Sur le plan intérieur, nous avons enregistré 706 213 visiteurs ou touristes nationaux, pour la période fin 2014. Alors que les objectifs du Ministre étaient 500.000 touristes fin 2015.
Je peux vous assurer que les chiffres ont beaucoup évolué depuis 2015 jusqu’en 2016. En tenant compte d’un certain nombre de paramètres et d’indicateurs, il en ressort que ces chiffres ont évolué de façon progressive, eu égard aux nombreux déplacements à l’intérieur du pays et les arrivées de plus en plus nombreuses d’hommes d’affaires et de vacanciers en Côte d’Ivoire.
En ce qui concerne les hôtels, près de deux mille réceptifs hôteliers ont reçu leur agrément en 2014.L’implantation de grandes chaines hôtelières telles le Radisson Bluairport, SeenHotel, Chain Hotel, hôtel Azalai…, vient renforcer le parc hôtelier. Ces grandes enseignes rejoignent Onomo Hôtel qui existe depuis plus de trois ans maintenant.
Le taux d’occupation des hôtels en Côte d’Ivoire est passé de 58% à 69%, fin 2014.
Au niveau de la création d’emploi, l’industrie du tourisme a engendré3000 emplois directs et plus de 9 000 indirects créés, toujours fin 2014.
Côte d’Ivoire Tourisme de son côté se sert de ces agrégats pour orienter ses actions. Nous ne pouvons pas nous engager sur un marché émetteur pour inviter des touristes à venir visiter notre pays, si nous ignorons totalement la capacité du parc hôtelier pouvant les accueillir. C’est la raison pour laquelle, nous avons tenu à rappeler ces performances.
Nous nous sommes attelés à renforcer l’image du pays par le biais des salons internationaux susmentionnés en présentant les offres touristiques du pays dans toute sa diversité.
Richement doté par la nature, la destination Côte d’Ivoire est un produit fort attractif. Chaque marché émetteur peut y trouver son compte. De l’agrotourisme au culturel via l’écotourisme… Enfin ce qui nous reste à faire, c’est d’intensifier la promotion au profit des marchés émetteurs et demander aux Agences de voyage de notre pays de se professionnaliser pour donner le meilleur service.
Nous tenons le bon bout, et pour cela, nous organisons régulièrement ce que nous appelons dans notre jargon des « EDUCTOURS » ou voyage de familiarisation à l’intention de voyagistes, journalistes et Tour-opérateurs étrangers (français, allemands, espagnols, nigérians…) leur permettant ainsi de palper l’offre, de la savourer avant d’en devenir eux-mêmes les vendeurs.
Au niveau local, nous étendons ces éductours aux Institutions Internationales, comme la BAD, les diplomates accrédités dans notre pays et les journalistes.
Aujourd’hui, nous sommes aussi à la conquête de la sous-région, ainsi des Tours opérateurs, agences de voyages, journalistes nigérians ont récemment bénéficié d’un éductour visant la niche du tourisme religieux dans notre pays. Plus de 20 millions de catholiques au Nigéria dont une grande partie envisagent des pèlerinages. Leur choix s’est porté sur la Côte d’Ivoire !!!
Nous intensifions nos actions sur la scène nationale en focalisant nos efforts, en accompagnant l’organisation de certains évènements susceptibles d’inciter à la pratique du tourisme intérieur. Ainsi, nous sommes partenaires d’un chapelet de festivals culturels à savoir l’ABISSA qui a atteint des proportions internationales, le Popo carnaval de Bonoua, La Foire Forum Carnaval de Bouaké qui a repris de plus belle, le Paquinou, le Festibo dans le bounkani, les Journées d’Excellence et du mérite du Loh Djiboua. Nous donnons l’occasion à des jeunes (15 à 20) de la cette région de découvrir Abidjan durant 5jours, surtout ceux qui ne sont jamais venus dans la capitale économique.
A côté de ces festivals, il y a le concours de beauté Miss Côte d’Ivoire, le FEMUA, le Marathon de Côte d’Ivoire… avec lesquels nous sommes partenaires. Nous comptons renforcer ces partenariats pour impulser des innovations concertées lors des prochaines éditions.
Côte d’Ivoire Tourisme, outre sa participation active aux festivals et autres actions de promotion, a jugé indispensable de créer deux plateformes d’expression que sont le Salon International du Tourisme d’Abidjan (SITA) et EXPO’ART qui se révèlent être deux « concepts maison ».
SITA 2016 a connu une participation massive cette année, avec plus de 34.000 visiteurs, 300 exposants que nous avons accueillis dans les jardins de l’Eden Golf Hôtel Abidjan.
L’Assemblée Générale de la Commission de l’OMT pour l’Afrique (CAF OMT) dont la tenue à Abidjan a coïncidé avec le SITA du 20 au 24 Avril 2016, a donné l’occasion au Secrétaire Général de l’OMT d’inaugurer le SITA en compagnie de 27 ministres du Tourisme de pays frères et amis.
En effet le Secrétaire Général de l’OMT qui a rang de chef d’Etat, a conduit une forte délégation de ministres des 56 pays membres. Sa venue à Abidjan et sa participation effective au SITA ont permis aux opérateurs du secteur, aux partenaires et hommes d’Affaires, de se servir de cette tribune pour nouer des contacts.
EXPO’ART quand à lui, est une plateforme dédiée aux artisans d’art. À défaut d’avoir un parc d’exposition pour leur donner plus de visibilité et surtout leur permettre d’écouler leurs œuvres d’art, Côte d’Ivoire Tourisme organise chaque année au mois de décembre, cette rencontre d’échange sous un grand chapiteau de 440 m2 qui leur permet de vendre et de nouer des contacts. En 2016, cette manifestation sera délocalisée à Grand Bassam.
Quels sont les programmes ou les grandes lignes d’action du Directeur Général pour les temps à venir ?
J.M.S: La feuille de route de Côte d’Ivoire Tourisme est précisée par le Directeur Général, mais il faut savoir que nous sommes une équipe au service des usagers. Multiplier les éductours et accroître la participation de la Côte d’Ivoire aux salons majeurs dans le monde. Accompagner les organisateurs de manifestations à l’intérieur du pays, sous l’impulsion des Conseils Régionaux qui voudront bien s’approprier le PADVTCI (Projet d’Appui au Développement et à la Valorisation des Territoires de Côte d’Ivoire). Tous ces organisateurs doivent être en règle vis-à-vis de l’Etat et surtout se faire connaître auprès des Préfets et des Maires de leurs circonscriptions.
La méthode choisie reste pour nous, la sensibilisation des acteurs. Il s’agit d’amener la population d’une part à comprendre le concept du tourisme et son apport dans l’économie locale. Elle doit accepter que le tourisme fasse partie intégrante de son quotidien. Chacun d’entre nous doit se considérer d’abord comme un acteur du tourisme. Depuis l’aéroport, vous devez être capable de présenter votre pays et ses atouts à un visiteur. Tout ivoirien doit être en mesure de donner envie de poursuivre la découverte de sa ville, de son village, et du pays par des mots simples en y mettant son cœur et son âme au service de l’émerveillement.
C’est pour impliquer les communautés dans le développement et la pratique du tourisme, que le concept des relais paillottes aussi a été pensé. Le projet d’en construire sur toutes les niches à l’échelle nationale avec des matériaux locaux qui s’adaptent aux goûts et à la culture de la communauté locale, alimenté par l’énergie solaire devrait donner au citoyen lambda l’envie de découverte à moindre coût.
Les collectivités locales ont une mission de valorisation de leurs potentiels touristiques qu’il faut prendre en compte. L’Etat ne peut pas tout faire…Il devient urgent de faire comprendre la nécessité d’intégrer le tourisme dans leur budget de fonctionnement.
En dehors de tout ce que vous nous avez dit, quelles sont les innovations que Côte d’Ivoire Tourisme compte mettre en œuvre ?
J.M.S: Tout d’abord, nous souhaitons consolider nos efforts sur le tourisme intérieur en créant un partenariat gagnant-gagnant avec notre compagnie aérienne nationale. En effet le projet qui consistera à mettre en place des vols spéciaux à la découverte de nos régions en collaboration avec Air Côte d’Ivoire sera un coup de pouce non seulement pour notre Compagnie aérienne mais également pour les opérateurs du secteur à l’intérieur du pays (hôtels, loueurs de véhicules, restaurants…). Pour un montant raisonnable, les ivoiriens doivent pouvoir profiter d’un package pour un week-end à l’intérieur du pays.
Nous comptons poursuivre le renforcement des liens de coopération sous régionale axée sur le développement du tourisme.
La coopération Sud-sud, est une voie royale pour attirer vers nous, les pays de la sous-région qui sont à prendre en compte dans la nouvelle configuration de notre paysage touristique.
Si nous voulons que le SITA devienne une plateforme incontournable d’échanges, un marché des produits touristiques dans lequel les pays de la sous-région et par ricochet africains dans leur ensemble se reconnaissent, il nous revient d’aller à leur rencontre afin de leur dérouler le bien-fondé d’une collaboration.
Des missions successives auxquelles Côte d’Ivoire Tourisme a pris part à Lagos au Nigéria portant sur la prospection économique du 09 au 12 mai et dans la capitale togolaise du 20 au 22 juin 2016, faisant mention d’un forum sur les investissements hôteliers, se sont révélées bénéfiques. Les nigérians ont demandé à effectuer une visite de familiarisation dans notre pays qui a effectivement eu lieu du 30 juin au 06 juillet 2016. L’ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Nigéria S.E Mme TOURE s’est particulièrement investi dans la réussite de cette mission de familiarisation.
Mon homologue nigériane Mme Mbanefo, s’est déplacée avec des membres de son département et des investisseurs, pour prospecter le marché ivoirien et surtout, ils ont pu visiter des sites touristiques religieux catholiques qui les intéressaient en l’occurrence, la Cathédrale Saint Paul du plateau, le Sanctuaire Marial dans la commune d’Attécoubé, la Basilique Notre dame de la paix de Yamoussoukro et l’église Sacré cœur de Grand-Bassam, la première église catholique de Côte d’Ivoire.
L’objectif à court terme, est de mettre en place des packages, destinés au marché nigérian qui seront commercialisés par les agences de voyages spécialisées. Mais comme nous ne sommes qu’à la phase expérimentale de la conception de ces packages, le soin de conduire le projet à maturité sera laissé à l’Office National du Tourisme. Il reviendra aux agences d’entrer en action quand le produit sera commercialisable.
La méthode pour agir efficacement aujourd’hui, est d’inviter nos agences de voyages à participer aux salons et foires sur l’international, avec des produits touristiques à vendre. Leur apprendre à négocier des tarifs, avec les compagnies aériennes partenaires, les hôtels, les loueurs de voitures… mais il faut reconnaitre aussi, que depuis bientôt trois ans, quelques agence commencent à comprendre que ce lobbying est fait pour leur donner plus de visibilité.
Celles qui n’ont pas été réticentes et nous ont suivis sur les salons ces dernières années, que ce soit sur les anciens marchés aussi bien en Europe que sur les nouveaux (BRICS),elles ont pu ramener dans leur gibecière un carnet d’adresses qui leur facilite l’organisation des voyages pour des touristes en provenance des pays émetteurs où ils ont des points focaux avec lesquels, les contacts sont noués.
Pour nous, il n’est plus question d’aller sur un salon à l’international sans les agences de voyages, ou des opérateurs du secteur qui ont pris le temps de formaliser une ou plusieurs offres touristiques.
Un message à l’endroit de vos partenaires et à la population ?
J.M.S: Tous les pays qui ont réussi à faire du Tourisme un des piliers de leur économie, se sont appuyés sur leurs populations qui ont compris l’intérêt de s’associer à une démarche de qualité, où chacun peut tirer profit des devises qui entrent dans le pays.
Je veux faire remarquer que pour la deuxième fois consécutive, notre pays a remporté le prix du meilleur stand face à plus de 80 pays, à l’occasion du salon international du Tourisme de Beijing (BITE 2016) en chine qui s’est tenu du 20 au 22 mai.
C’est un signal fort qui doit être souligné. Marquant un réel professionnalisme de notre structure. Notre pays mérite le meilleur de nous !
« Le tourisme est un lien fort entre les Hommes. Source de bonheur pour les uns et pour les nations, il doit trouver sa place dans nos cœurs et dans notre esprit pour devenir le trait d’union d’un idéal de partage et d’Amour pour notre pays ».