Des projections officielles font état de ce que les pertes fiscales et douanières du pays s’élèveront à 4 377 milliards F CFA à l’horizon 2030.
Deux mois après l’entrée en vigueur effective de l’accord d’étape vers un accord de partenariat économique (ape) entre l’Union européenne et le Cameroun, les spéculations sur les pertes qui vont en découler inévitablement vont bon train. Et, tout porte à croire que c’est le Cameroun qui va payer le lourd tribut de la ratification de cet accord de libre-échange à moyen terme. Selon une étude menée récemment par le ministère camerounais des Finances, « les pertes sur les recettes fiscales d’ici 2023, sont estimées à 1 330 milliards F CFA et 2 470 d’ici 2030.Les pertes sur les recettes douanières sur les importations en provenance de l’Union européenne sont quant à elles estimées à 820 milliards F CFA en 2023 et à 1 907 milliards F CFA en 2030 », a indiqué Edwin Nuvaga Fongod, directeur général des Douanes, mercredi dernier à Douala, au cours du traditionnel dîner-débat du groupement inter patronal du Cameroun (gicam). Calculette en main, après sept ans, le Cameroun aura enregistré des pertes fiscales et douanières de 2 150 milliards F CFA ; à l’horizon 2030, le pays aura perdu 4 377 milliards F CFA.
La ratification de ces ape, à en croire les économistes, aura non seulement des conséquences sur le budget de l’état, mais aussi sur les entreprises qui croulent au quotidien sous le poids de la pression fiscale (62%), la corruption (54%)camer.be , la difficulté d’accès au crédit (38%) et les formalités administratives (37%). L’appropriation de l’accord d’étape risque être freinée par le commerce illicite qui plombe l’économie nationale. Les produits entrés en fraude ou en contrebande oscillent entre 80% et 90% entre 2015 et 2016.
«Le commerce illicite entraîne les pertes de chiffres d’affaires pour les entreprises de 183 milliards F CFA par an et 72 milliards de FCFA de recettes pour l’Etat», dénonce Nicolas Njoh, directeur commercial de la Cotonnière industrielle du Cameroun (Cicam). Les produits les plus touchés par le commerce illicite sont entre autres, les cigarettes, les huiles végétales, les pâtes alimentaires, les vins, les whiskies et autres liqueurs, les allumettes, le sucre, les produits brassicoles, le carburant et le textile.
Un phénomène qui s’accentue ces derniers mois avec la chute vertigineuse de la monnaie nigériane, le «Naira». Les opérateurs économiques tendent la main au gouvernement pour lutter contre la contrefaçon et la contrebande qui sont des freins à la compétitivité des entreprises. La réaction de l’état ne s’est pas faite attendre, vu les conséquences de ce phénomène : pertes de recettes douanières et chômage technique dans certaines entreprises. C’est ainsi qu’une mission baptisée «Halte au commerce illicite » (Halcomi) a été créée le 9 août dernier par la direction générale des douanes. Et, en un mois d’activité, 3053 articles en contrebande ont été saisis pour un montant de 1,6 milliards F CFA.
La mission constituée de 100 agents a pour objectifs de quadriller le territoire national pour restaurer l’autorité de l’état, renforcer les dispositifs locaux de lutte contre la fraude douanière, densifier et systématiser l’application des mesures de lutte contre la contrebande et la contrefaçon. Une enveloppe de 160 millions F CFA allouée à cette mission.
Camer.be