Le président des Etats-Unis a indiqué dans un tweet qu’il annoncerait sa décision à propos de l’accord de Paris sur le climat ce jeudi à 15 heures (21 heures, heure de Paris). En coulisse, une lutte impitoyable s’est jouée.
De sa carrière de star de la téléréalité, Donald Trump a gardé le goût du suspense. Fin janvier, il avait orchestré une cérémonie devant les caméras pour présenter son choix de candidat pour la Cour suprême, Neil Gorsuch. Mercredi, il a donné rendez-vous pour une annonce qui est sans conteste la plus importante depuis son arrivée à la Maison-blanche, celle dévoilant sa décision quant à l’implication dans l’accord de Paris sur le climat, ratifié en 2016 par son prédécesseur, Barack Obama. «J’annoncerai ma décision sur l’accord de Paris jeudi à 15 heures (21 heures, heure de Paris) dans le rose garden de la Maison-blanche. RENDRE A L’AMERIQUE SA GRANDEUR», a tweeté le président. Dans la journée de mercredi, des informations de presse avaient indiqué que Donald Trump s’apprêtait à jeter aux orties l’accord historique, conclu à l’issue de la COP21 en décembre 2015.
En coulisses, deux factions s’affrontent dans l’entourage de Donald Trump. Les plus radicaux prônaient un retrait de l’accord, tandis que des modérés plaidaient pour un maintien. Parmi ceux-là, les «New Yorkais», ainsi que certains les désignent à la Maison-blanche, à savoir Ivanka Trump, la fille du président, et son époux, Jared Kushner. Tous deux conseillent le président Trump et ont, sur certains sujets, adopté une ligne moins dure que les conservateurs les plus acharnés de l’équipe présidentielle. Concernant le climat, Ivanka Trump a tenté de peser sur la décision de son père. Selon Politico, la jeune femme a fait en sorte que Donald Trump soit confronté aux opinions des partisans de l’accord sur le climat. Elle espérait notamment que le soutien de plusieurs grandes entreprises pèserait dans la balance. «Ivanka fait tout ce qu’elle peut pour qu’il reste [dans l’accord]. Mais ça ne veut pas dire qu’il va le faire», a indiqué une source de l’administration au très informé site d’actualité.
Quand bien même les efforts d’Ivanka Trump porteraient leurs fruits, la politique climatique des Etats-Unis risque bien de ne pas être à la hauteur de l’objectif de l’accord de Paris, contenir le réchauffement climatique «nettement en dessous de 2°C» d’ici 2100. Ceux qui, à la Maison-blanche, souhaitent que Washington reste dans le cadre de l’accord, espèrent que ce geste permettra aux Etats-Unis d’obtenir des mesures… favorables aux énergies fossiles et notamment à l’industrie du charbon, cajolée par Donald Trump. En clair, il s’agit d’éviter le coup de tonnerre diplomatique que constituerait l’abandon des engagements de la COP21 pour mieux les revoir à la baisse.
Le nationaliste Steve Bannon à la manoeuvre
Face aux «New Yorkais», le clan de ceux qui dénoncent les dangers de l’accord pour l’industrie est mené par le nationaliste Steve Bannon, qui s’est montré particulièrement actif. Un temps présenté comme en disgrâce, cet homme de l’ombre aux convictions extrêmes a, selon la presse américaine, tout fait pour peser contre l’accord de Paris. Bannon est l’ancien patron du site Breitbart News, qui multiplie les articles climato-sceptiques. Jeudi, sa Une affichait ce titre : «Tout le mal que nous évitera le rejet de l’accord de Paris sur le climat»

Le conseiller populiste a trouvé un allié solide avec Scott Pruitt, le dirigeant de l’EPA, l’agence pour la protection de l’environnement. Cet homme de 49 ans, ancien procureur général de l’Oklahoma, est un ami des énergies fossiles, en particulier du lobby du «fracking», la technique de fracturation hydraulique utilisée dans l’exploitation des pétroles et des gaz de schistes. Il a déjà commencé un travail de sape systématique des réglementations mises en oeuvre par l’administration Obama. Selon une source de Politico, Scott Pruitt est convaincu que le président va acter le retrait de l’accord de Paris et que «que tous les débats n’ont servi qu’à donner aux modérés le sentiment qu’ils ont été entendus».
Jeudi matin, la décision paraissait incertaine. Paradoxe de l’administration Trump, l’ancien patron du géant pétrolier ExxonMobil Rex Tillerson, devenu secrétaire d’Etat, est un des défenseurs du maintien de l’accord. Donald Trump s’est entretenu avec lui mercredi, d’après le «New York Times». Le président pourrait-il changer d’avis à la dernière minute? C’est ce qui s’était passé avec sa menace de quitter l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), fin avril. «J’étais prêt à y mettre fin. J’avais hâte de le faire. J’allais le faire», avait-il confié au «Washington Post» dans une interview. Finalement, des discussions de dernière minute avec le Canada et le Mexique l’avaient convaincu de ne rien en faire.
Avec parismatch