Dans un rapport publié mardi, intitulé « Herakles Farms / Sgsoc : histoire d’un projet d’huile de palme destructeur au Cameroun », l’ONG spécialisée dans la protection de l’environnement Greenpeace International, et Oakland Institute, un groupe de réflexion indépendant en matière de politiques, épinglent le département d’Etat américain dans une affaire d’accaparement illégal de 73 000 ha de terres par la société américaine Sithe Global Sustainable Oils Cameroon (Sg-Soc), en 2009 dans le Sud-Ouest Cameroun.
Selon Greenpeace, l’ambassade des États-Unis au Cameroun a ignoré des soupçons de corruption qui pesaient SG-Soc, filiale camerounaise de la firme agro-industrielle américaine Herakles Farms. Cette dernière a obtenu de vastes hectares de terrain pour créer des plantations de palmier à huile sur simple signature d’un ministre de l’Economie alors que la loi camerounaise dispose qu’une telle prérogative revient au président de la République dès que la surface à céder est égale ou supérieure à 50 ha.
Les deux ONG martèlent qu’alors qu’ils possédaient des informations dès le début de l’année 2013 selon lesquelles Herakles « pourrait avoir » violé les lois américaines contre la corruption, l’ambassadeur des États-Unis de l’époque (Robert P. Jackson : Ndlr) et les hauts fonctionnaires du Département d’État américain ont continué à exercer des pressions auprès du gouvernement camerounais pour le compte de cette société jusqu’à la fin du mois de mai 2013 (voir même après).
Plus incisif, le rapport révèle que le Secrétaire adjoint du Bureau des Affaires africaines du Département d’État, Cynthia Akuetteh, a dit au président camerounais, Paul Biya, qu’elle « espérait que le gouvernement résoudrait son différend[avec Sg-Soc] » – se référant au fait que le gouvernement du Cameroun avait suspendu temporairement le permis de déboiser de la Sg-Soc et qu’il n’avait pas toujours accordé un bail foncier à cette société.
Au cours d’une autre réunion, Mme Akuetteh, actuellement ambassadeur des Etats-Unis au Gabon, avait en outre prévenu le Premier ministre du Cameroun, Philemon Yang, que « le Cameroun devrait agir rapidement et éviter un arbitrage [d’investissement] » ajoutant qu’« un refus d’une telle action pourrait […] avoir pour effet de décourager les investissements étrangers futurs. » Finalement le 25 novembre 2013, le président Biya a signé trois décrets concédant «provisoirement», dans la région du Sud-Ouest du Cameroun, 20 « dépendances » d’une superficie d’environ 20 ha du domaine national.
En 2015, Sgsoc a été acquise par de nouveaux investisseurs, qui ont nommé le Britannique Jonathan Johnson-Watts comme chef d’exploitation. Le bail foncier consenti à cette société expirant en novembre 2016, la mission urgente assignée à M. Johnson-Watts est de garantir la signature d’un décret présidentiel accordant à cette entreprise un bail emphytéotique d’une durée maximale de 99 ans.
L’ambassade des Etats unis au Cameroun a été sollicitée par investiraucameroun.com pour réagir à toutes ces accusations de Greenpeace et Oakland Institute, mais la chancellerie américaine est restée muette.
Avec Agence ecofin