La Côte d’Ivoire, un des débouchés des carburants toxiques exportés en Afrique, peut jouer un “rôle moteur” dans une campagne visant à débarrasser le continent du “dirty diesel”, a affirmé vendredi à Abidjan une ONG.
“La Côte d’Ivoire est un pays important pour la campagne contre le +dirty diesel+”, a déclaré Patrice Guéi, secrétaire du Groupe de recherche et de plaidoyer sur les industries extractives (GRPIE).
Jeudi, l’ONG suisse Public Eye, dans un rapport intitulé “Dirty Diesel” a dénoncé la vente en Afrique de carburant à haute teneur en soufre par des sociétés suisses.
Huit pays africains sont notamment concernés: Angola, Bénin, Congo, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal et Zambie.
Public Eye a prélevé des échantillons à la pompe dans ces pays et découvert que la teneur en soufre des carburants était jusqu’à 378 fois supérieure à la teneur autorisée en Europe.
Selon l’ONG, les sociétés Vitol, Trafigura et Addax & Oryx “profitent” de la faiblesse des normes africaines pour y vendre des carburants de mauvaise qualité et “réaliser des profits au détriment de la santé de la population africaine”.
“Une amélioration des standards relatifs à la teneur de soufre des carburants produit en Côte d’Ivoire est susceptible de produire un effet domino dans des pays d’Afrique l’Ouest”, a expliqué M. Guéi, lors d’une conférence de presse.
Selon lui, le gouvernement ivoirien est “sensibilisé au niveau ministériel, alors que la grande majorité de la population n’est pas informée de son incidence sur la population”.
La Côte d’Ivoire est l’un des principaux pays producteurs et exportateurs de produits pétroliers en Afrique de l’ouest, avec un capacité de 68.000 barils/jour. 40% de la production de la Société ivoirienne de raffinage (SIR, public) sont destinées à la consommation locale et le reste est exporté vers les pays voisins du Ghana, Mali et Burkina.
L’ONG veut à travers la campagne “attirer l’attention du gouvernement sur ces groupes suisses “qui polluent avec leurs stations d’essence”.
Toutefois, le GRPIE se dit “surpris” par le retour de la multinationale Trafigura, qui a été l’affréteur du cargo Probo Koala qui déversa, en août 2006, des déchets toxiques qui a fait 17 morts à Abidjan.
“Trafigura, dix ans après la catastrophe revient en Côte d’Ivoire dans le négoce à travers sa filiale Puma Energie qui dispose de nombreuses stations d’essence” a déploré M. Guéï.
La multinationale spécialisée dans le courtage pétrolier a toujours nié toute responsabilité et n’a jamais été condamnée pour le déversement des déchets. Mais en février 2007, elle avait conclu un accord à l’amiable avec l’Etat ivoirien qui arrêtait toute poursuite en contrepartie du versement d’une indemnisation globale de plus de 100 milliards de francs CFA (152 millions d’euros).