« Rideau sur le troisième acte du scénario sur les réformes institutionnelles au Tchad !, s’exclame L’Observateur Paalga. Après le forum conclusif sur la réforme des institutions tenu fin mars et boycotté par l’opposition et une bonne partie des organisations de la société civile, le Conseil des ministres a adopté, hier, le projet de la IVe République. Il ne reste plus que le quatrième et dernier acte, relève encore L’Observateur Paalga, l’onction parlementaire, l’option référendaire ayant été rejetée par le pouvoir. Mais avec une majorité écrasante du MPS, parti au pouvoir, pan après pan, on déroule le tapis rouge au roi Idriss à l’horizon 2021, terme de son cinquième mandat. »
En effet, constate le quotidien burkinabè, cette nouvelle République accorde d’importants pouvoirs à Idriss Déby… « Avec la suppression en vue du Premier ministère et le refus du pouvoir de créer un poste de vice-président, tous les pouvoirs se trouveront désormais concentrés entre les seules mains de l’ancien petit berger de Berdoba. Il pourra, seul, traire le lait et compter les veaux. (…) Cerise sur le gâteau, la durée du mandat, déjà illimitée, passera de cinq à six ans alors que le plafonnement à 70 ans pour la candidature à la magistrature suprême a purement et simplement été sauté. »
Monarchisation…
Ce qui inspire au quotidien Aujourd’hui, toujours à Ouaga, ce titre : « Constitution de la IVe République au Tchad : bienvenue au royaume de Deby !
(…) Devant le doux euphémisme de présidence intégrale, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une monarchisation du Tchad qui ne dit pas son nom, estime le quotidien ouagalais. (…) Voilà Idriss Déby qui remet les compteurs à zéro, pour régner, et évidemment les Occidentaux fermeront les yeux, car, il est un pivot dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Le Warrior en chef sait se battre, le siège de Barkhane est au Tchad, et il y a toujours un peu du pétrole. En dépit donc de la clameur désapprobatrice des Tchadiens, soupire Aujourd’hui, des grèves à tiroirs, de la quasi-banqueroute du pays qui n’arrive plus à payer les salaires des fonctionnaires, il aura sa constitution, son sextennat et goûtera encore à ce nectar nommé pouvoir. »
Potentiellement président jusqu’en 2033 !
Un pouvoir qui pourrait durer jusqu’en 2033 !, remarque pour sa part Ledjely en Guinée. « Le véritable mobile de la réforme, c’est le pouvoir à vie, affirme le site guinéen. (…) Idriss Déby veut s’inscrire dans la logique de Denis Sassou Nguesso, Pierre Nkurunziza, Paul Kagamé et dans une certaine mesure, Joseph Kabila. Bref, il veut s’octroyer quelques mandats supplémentaires, mais s’abstient de mettre l’accent sur ce mot, plutôt controversé désormais sur le continent africain. Pour s’éviter les ennuis qu’avaient récoltés Sassou Nguesso et Nkurunziza, Kabila avait essayé le glissement. Déby, lui, expérimente le contournement, analyse Ledjely. En effet, avec la nouvelle république en perspective, le président tchadien est assuré d’aller très loin au-delà de la limite de 2021. Il sera potentiellement président jusqu’en 2033, donc. Mais en mettant la lumière sur les autres aspects des réformes, il détourne les projecteurs et s’évite la critique des médias. Et la stratégie semble fonctionner, pointe encore le site d’information guinéen, dans la mesure où tout le monde se focalise davantage sur la suppression des postes de Premier ministre et de vice-président, et plus globalement sur la concentration des pouvoirs entre les mains du seul président. Ce qui en soi, cependant, n’est pas une nouveauté. »
Les magouilles de Total avec le Congo…
A la Une également, ce dossier brûlant révélé par Le Monde Afrique : « comment le groupe Total a aidé le Congo à berner le FMI. »
C’est le fruit d’une longue enquête axée sur des centaines de documents des Panama Papers et Paradise Papers, deux fuites de données massives issues de cabinets d’avocats offshore, révélées en 2016 et 2017 avec le consortium international des journalistes d’investigation et ses partenaires, dont le quotidien Le Monde, donc.
Dans cette enquête, Le Monde Afrique « révèle comment le groupe pétrolier français a imaginé un opaque montage offshore pour permettre au Congo d’échapper à la vigilance du Fonds monétaire international. » Objectif, d’après le journal, « obtenir de la part du FMI l’accession du Congo au statut très convoité de ‘pays pauvre très endetté’, qui garantit une annulation substantielle de la dette d’Etat. »
Le Monde Afrique qui souligne que « la République du Congo, dont 80 % des ressources économiques proviennent du pétrole, n’est pas le pays le plus exemplaire en matière de transparence financière. Au contraire, la corruption est au cœur de la vie politique et économique du pays. On retrouve, dans son histoire récente, plusieurs affaires dans lesquelles les bénéfices pétroliers du pays ont été soustraits au profit de quelques puissants. »
Avec rfi