Une bibliothèque pour ceux qui n’y vont jamais. C’est l’initiative lancée par l’association Bibliothèques sans frontières. Depuis le mois dernier, un centre culturel en kit est installé dans deux squares proches de la gare de l’Est, à Paris. Des parcs qui sont fréquentés par des dizaines de migrants afghans et irakiens. Une bibliothèque éphémère déjà déployée au Burundi, au Liban et en Jordanie, et qui fait le plein, aussi, à Paris.
Nom de code : « Ideas box », la « boîte à idées ». Cette médiathèque, qui tient sur deux palettes, est une malle au trésor remplie de livres, de tablettes, de jeux. Jeremy Lachal, président de Bibliothèques sans frontières, estime que c’est un moyen d’apporter la culture à ceux qui n’y ont pas accès.
« L’idée ici en France c’est de travailler en lien avec les bibliothèques, en passerelle vers les bibliothèques, pour des publics très éloignés de ces infrastructures culturelles. Eloignés pour plein de raison : parce qu’ils sont en situation de grande précarité ou de migrance. Parce que, et c’est aussi le cas en France, il y a plein de gens qui se disent que les bibliothèques ne sont pas pour eux. Parce qu’il ya des barrières symboliques, sociologiques. »
Square Villemin, entre toboggans et balançoires, une dizaine d’Afghans et d’Irakiens sont réunis autour d’un jeu de société et autour de Laure, bénévole de Bibliotheques sans frontières.
« C’est un moyen un peu ludique d’apprendre des mots. Malheureusement, tous ne sont pas utiles dans le langage de tous les jours. Je pense que « Bonhomme de neige », ils ne vont pas le placer dans les prochains mois », plaisante la bénévole.
Kamal, originaire d’Afghanistan, récapitule les mots qu’il a appris. Il confronte les nouveaux mots français à leur équivalent afghan, comme « bougie », « la bouche », « les ciseaux »…
Un peu plus loin, des Irakiens feuillettent un guide de Paris et un petit garçon découvre l’informatique. En quelques jours, plusieurs migrants se sont inscrits à la nouvelle médiathèque Françoise Sagan, toute proche. Les déracinés ont aussi le droit de rêver.
MAXWELL Source : RFI