Comme de nombreuses villes africaines, la capitale kényane ne parvient pas à gérer l’explosion de ses déchets. Des entreprises tentent de transformer ce fardeau écologique en opportunités.
En juillet 2018, on a vu le gouverneur de Nairobi, les mains dans d’épais gants de caoutchouc, pousser avec enthousiasme une charrette à déchets à travers les rues du centre-ville. Fidèle à son style flamboyant, Mike Sonko, qui a fait de la gestion des déchets une priorité de son mandat, n’a pas hésité à montrer sur les réseaux sociaux qu’il s’impliquait concrètement dans les opérations de nettoyage qu’il organise dans la capitale.
Louable, l’initiative n’en reste pas moins cosmétique. Car Nairobi est dépassée par l’explosion de ses déchets. Portés par l’urbanisation rapide et l’évolution des modes de consommation, les volumes dépassent 2 400 tonnes par jour, sans compter les agglomérations périphériques. Selon la Banque mondiale, seuls 50 % sont collectés – un chiffre qui place la capitale kenyane dans la moyenne africaine.
La mairie n’assure qu’une petite partie de cette collecte. Alors, les Nairobiens, riches ou pauvres, font majoritairement appel à des collecteurs privés qui, pour quelques dollars par mois, embarquent les poubelles à bord d’antiques camions-bennes. Leur destination ? Au pire des décharges sauvages, au mieux des sites officiels de stockage, généralement débordés, tel Dandora, pourtant considéré comme « plein » et « dangereux » depuis 2001. Les autorités n’opèrent (ni n’ont délégué) aucun site consacré à l’incinération ou au recyclage.