De passage au Sénégal puis en Côte d’Ivoire, du 21 au 23 novembre, le PDG d’Orange a participé au lancement de deux formations dont l’opérateur et ses filiales locales sont partenaires. Le moyen de réaffirmer l’importance du continent pour le futur de son groupe.
L’Afrique ne pourra tirer profit des opportunités offertes par la transformation numérique qu’à partir du moment où elle fabriquera ses propres compétences
« L’Afrique ne pourra tirer profit des opportunités offertes par la transformation numérique qu’à partir du moment où elle fabriquera ses propres compétences », insiste Stéphane Richard, PDG d’Orange. Lors de sa tournée au Sénégal et en Côte d’Ivoire, du 21 au 23 novembre, le dirigeant du groupe français a rencontré les salariés de ses deux plus importantes filiales africaines (1,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour Sonatel et 1,1 milliards d’euros pour Côte d’Ivoire Télécom en 2016), échangé avec les pouvoirs publics, visité le premier client relié à la fibre optique au Sénégal et posé la première pierre du nouveau siège de la filiale ivoirienne. Mais il a surtout profité de sa présence pour réaffirmer la volonté de l’opérateur, qui compte dix-neuf filiales de téléphonie mobile et fixe et près de 130 millions de clients sur le continent, d’investir davantage dans le champ de la formation.
La première école de codage gratuite du pays
À Dakar, le 22 novembre, Stéphane Richard a inauguré Sonatel Academy, la première école de codage gratuite du pays. Destiné à des jeunes de 18 à 30 ans, dont certains sont demandeurs d’emploi, ce cursus court doit leur permettre de devenir des développeurs web et, pour certains, leur offrir la possibilité de créer leur entreprise. Pour eux, résume le PDG, « cela équivaut à l’apprentissage d’une nouvelle grammaire dans un contexte où 50% des métiers qui existeront dans vingt ans n’existent pas aujourd’hui ». La première promotion comprend cinquante élèves qui achèveront le programme au mois de juin. Hébergée au sein du CTIC, le principal incubateur sénégalais, la formation a été créée par Simplon, une startup spécialisée dans la formation aux métiers du numérique, déjà partenaire d’Orange en France.
L’école de codage nous permet d’ajouter une nouvelle brique à notre dispositif
Lors de la cérémonie de lancement, Alioune Ndiaye, directeur général de Sonatel, a rappelé l’implication de son entreprise dans le soutien apporté aux startups. Outre l’organisation de concours, Sonatel est membre fondateur du CTIC, l’initiateur d’un salon sur les contenus et le digital, accompagne certains projets dans le cadre d’Orange Fab Sénégal et a investi 900 millions de francs CFA au sein de Teranga Capital pour aider au développement des PME. « L’école de codage nous permet d’ajouter une nouvelle brique à notre dispositif », se réjouit Alioune Ndiaye. Interrogé sur le montant du soutien financier apporté, la filiale d’Orange n’a pas souhaité répondre. Les enseignements de l’école devraient voir leur audience s’élargir grâce l’ouverture d’une formation en ligne diplômante début 2018, pour laquelle Sonatel pourra puiser dans la dizaine de milliers de candidatures reçues avant le début du programme.
L’importance de la construction des savoirs africains
Au lendemain de l’inauguration de l’école de codage à Dakar, Stéphane Richard, a une nouvelle fois rappelé l’importance qu’il accorde à la construction des savoirs africains lors du lancement, à Yamoussoukro, du Master en analyse de données de l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny. Élaboré en collaboration avec l’École nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (ENSAE), soutenu par Polytechnique Paris, ce cursus de deux ans offre une formation pluridisciplinaire au carrefour des mathématiques, des statistiques, de la gestion et du management. « Je crois beaucoup à cette approche transversale », plaide Stéphane Richard.
Orange investira 250 000 euros chaque année
Partenaire phare de la formation, Orange investira 250.000 euros chaque année, dont 50.000 euros apportés par Orange Côte d’Ivoire. La première promotion comprend quatorze étudiants venant du Togo, du Niger du Congo-Brazzaville et de Côte d’Ivoire.
Il s’agit pour eux d’apprendre à exploiter les données issues des terminaux connectés, à commencer par les smartphones. Leur multiplication crée des milliards d’informations, appelées Big Data, qu’il s’agit ensuite d’analyser à l’aide d’algorithmes. L’usage de ces données permet ensuite aux entreprises et aux administrations d’orienter leurs prises de décisions. Après l’obtention du diplôme les participants pourront occuper des postes d’administrateur de données, d’ingénieur Big Data, d’analyse statisticien, de chargé d’études Data Mining, de Data Analyst ou de Data Scientist.
C’est un socle, mais pour une vraie croissance il faut aller au-delà
Des compétences dont le PDG d’Orange sait qu’elles lui seront utiles. Lancé dans une stratégie de diversification, l’opérateur veut élargir ses gammes de services en Europe comme en Afrique, à l’image de ce qu’il a déjà réalisé dans le secteur financier avec Orange Money et Orange Bank. La santé, la cybersécurité sont aussi des domaines dans lesquels l’entreprise veut investir.
Pour son PDG, il n’y aura, à terme, pas de possibilités de développement agressif dans le domaine de la fourniture de connectivité. « C’est un socle, mais pour une vraie croissance il faut aller au-delà”, confie-t-il. Et pour y arriver, Stéphane Richard, qui a fait de la réussite africaine d’Orange l’un de ses principaux arguments pour décrocher un troisième mandat à la tête de l’opérateur, a compris l’importance du renforcement des compétences des écosystèmes numériques africains. “Nous devons aller encore plus loin », a-t-il d’ailleurs annoncé, à Dakar comme à Abidjan.
Première pierre du nouveau siège d’Orange Côte d’Ivoire
En visite à Abidjan, Stéphane Richard a posé la première pierre du nouveau siège d’Orange Côte d’Ivoire en présence du premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly. « La construction de ce nouveau siège est la preuve de notre volonté d’un ancrage fort et durable en Côte d’Ivoire, au service de nos clients ivoiriens mais aussi de la sous-région », a déclaré le PDG. Le coût de la construction est estimé à 28 milliards de francs CFA. Conçu par le cabinet d’architecte ivoirien Koffi et Diabaté, le bâtiment, qui accueillera 900 collaborateurs d’Orange, sera livré fin 2019.
Avec jeuneafrique