Peugeot s’essaie à l’exercice difficile d’imaginer la voiture autonome, à la fois belle et rassurante. Connecté et futuriste, son intérieur ringardise instantanément le fameux i-Cockpit des récentes Peugeot 3008 et 5008, pourtant jugé parmi les habitacles les plus novateurs du moment.
Les études de style, chez Peugeot, ne sont jamais gratuites. Même les bolides oniriques dessinés pour assouvir les fantasmes des amateurs de conduite virtuelle sur console de jeux vidéo (Peugeot Vision Gran Turismo de 2015) recèlent des traits qui traduisent fidèlement les manies et les espoirs de ceux qui les dessinent. Espoirs de les voir appliqués plus tard à des modèles de grande série et de concourir à faire évoluer l’identité de Peugeot.
A cet égard, les études SR1 et HX1 présentées successivement en 2010 et 2011 ont joué pleinement leur rôle : les examiner aujourd’hui confirment combien elles étaient prémonitoires. Ici dans la découpe du vitrage sur le panneau de custode, (la berline 308 annoncée), là dans la forme du retour du feu arrière ou dans l’enchaînement entre bord de capot et sommet d’aile (Peugeot 2008). La double nervure de tôle enchâssant le Lion posé sur le capot et celle qui structure la portière sont autant de gimmicksqui caractérisent les Peugeot 208 et 308 actuelles.
Plus récentes, les toutes nouvelles Peugeot 3008 et 5008 (à l’essai la semaine dernière dans nos colonnes) ont vu leurs traits annoncées progressivement par la Peugeot Quartz de 2014 et la Peugeot Fractal de 2015. Mais leurs volumes très agressifs les ancrent résolument dans le monde des véhicules de loisirs et autres SUV. Restait donc à voir comment les designers envisagent la berline du futur, à la carrosserie traditionnellement plus basse et plus fuselée.
Un premier élément de réponse est fourni ce matin par les premières images officielles de la Peugeot Instinct Concept. La rupture est totale avec la Peugeot Onyx de 2012 et la Peugeot Exalt de 2014. Cette dernière, en particulier, a fait naître l’espoir de voir apparaître chez Peugeot une carrosserie de berline 4-portes surbaissée, dans la mouvance des Mercedes-Benz CLS et CLA, ou des Volkswagen Passat CC et Arteon. Cette dernière débarque d’ailleurs cette année à Genève. Toutefois, aux courbes sensuelles de l’Exalt, mélange équilibré entre nerfs et muscles, l’étude Peugeot Instinct Concept préfère un registre bien plus acéré : sa robe se fait plus mécanique que féline et, partant, moins sensuelle.
Le bord d’attaque très avancé du capot et la finesse des barrettes de la calandre se combinent avec l’inclinaison du Lion vers l’avant et le regard aiguisé de la Peugeot Instinct Concept pour composer un hommage subtil aux visages des Peugeot de la Série 04. L’air de ressemblance est renforcé par le rappel du nom du modèle sur le capot, comme du temps des 204, 504 et 304. On retrouve même un peu du sourire dessiné par Pininfarina pour la Peugeot 204 en 1965 dans ces longues diodes blanches qui soulignent la bouche et forment un rictus.