Sous les stands de la foire-exposition qui caractérise la 6ème édition des Journées d’excellence de la recherche scientifique et de l’innovation du Cameroun (Jersic) qui se tient du 21 au 23 février 2018 à Yaoundé, l’ingéniosité et la créativité des chercheurs et inventeurs camerounais apparaît au grand jour. SciDev.Net en présente ici une petite sélection…
Construction en matériaux locaux
Si l’usage de briques de terre battue, pressée ou cuite pour la construction n’est pas nouveau en soi ; la Mission de promotion des matériaux locaux (Mipromalo) y ajoute une certaine touche nouvelle.
“L’exemple que l’on voit ici est de la terre qui a été écrasée, puis chauffée à 1000°C”, explique Francline Ntumfon, technicien du génie civil dans cette institution.
Qu’en est-il des trous qui traversent ces briquettes ? “Ils servent à absorber la chaleur et les bruits. De sorte que les occupants de la maison ne soient pas perturbés par les bruits de l’extérieur”, ajoute la même source.
L’intéressé poursuit en expliquant que ces trous servent aussi pour le passage du courant électrique et des câbles, voire des tuyaux de la plomberie. “Ce qui évite de creuser les mûrs comme c’est souvent le cas”, précise-t-il, avant de conclure : “la solidité de ces briques est telle qu’une balle ne peut pas les traverser”.
Eolienne à axe vertical
A la différence de la plupart des dispositifs éoliens existants, celui-ci tourne sur un axe vertical et peut produire de l’énergie au passage du moindre courant d’air. C’est du moins ce qu’indique son inventeur, Marcel Senghor Tchiofo, un chercheur indépendant qui s’intéresse aux énergies renouvelables.
“Comme cette éolienne est entièrement conçue sur place ici, on peut personnaliser ses pales selon les besoins. Si vous êtes par exemple dans une zone où il y a peu de vents, on peut faire en sorte que les pales tournent, même si le vent ne souffle qu’à deux mètres et demi par seconde”, explique-t-il.
“Cette technologie peut être très utile pour les zones sans électricité où les ménages peuvent l’utiliser pour alimenter leurs maisons, ne serait-ce que la nuit”, commente un visiteur impressionné.
Néanmoins, pour l’utiliser, “il faudrait s’équiper d’une batterie, d’un contrôleur de charge éolien et d’un convertisseur de tension qui fera passer le courant de 12 à 220 volts”, indique l’inventeur.
Semences de café robusta prêtes en 6 mois
Selon Laurent Baleba, chercheur à l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD), l’objectif du gouvernement camerounais d’atteindre une production de 125.000 de tonnes robusta d’ici 2035 se heurte à un déficit annuel de l’ordre de deux millions de plants.
C’est pour cela que les chercheurs de cette institution ont décidé de changer de procédé. “Avant, on fournissait aux producteurs des boutures racinées (case de droite sur la photo), issues des bacs de bouturage de nos centres de production. Elles émettaient des racines après trois mois et le producteur devait les maintenir dans des pots pendants six mois. Soit neuf mois avant que les plants soient mis en terre au champ”, explique le chercheur.
Or, à présent, la recherche a trouvé le moyen de supprimer l’étape des bacs de bouturage pour aller directement dans les pots (case de gauche sur la photo). “On trempe tout simplement la bouture dans une hormone et on la plante dans le pot. On la couvre ensuite avec une bâche pendant trois mois au cours desquels vont apparaître les premières racines et les premiers bourgeons. Trois autres mois plus tard, le plant est prêt pour être mis en terre au champ”, dit-il.
A l’en croire, cette technique qui permet de gagner trois mois, garantit aussi un taux de succès de 70 à 80%, soit “exactement” l’inverse de l’ancienne approche.
Cafetière industrielle
“Prenons le cas d’un service ministériel ou une entreprise où tous les employés veulent prendre du café avant de prendre service à 8h ; avec les cafetières habituelles, s’ils sont 400 ou 500, il faudra attendre deux jours pour servir la dernière personne. Or, avec cette machine, on sert tout le monde en 30 mn”. Ainsi s’exprime Valentin Samuel Djoko pour décrire cet appareil qu’il a développé.
A en croire les explications de cet artisan, chacun des six robinets de la machine fournit deux tasses de café par minute et répond aux besoins de dosage de chaque consommateur.
En outre, conclut-il, “dans cette machine, il y a la concentration et l’évaporation et la vapeur du café est captée pour le rendre plus doux”.
Plafond à base du papier recyclé
“Nous utilisons tous les types de papier. Nous les transformons en pâte d’abord, puis nous le mettons dans un moule et le laissons sécher. Il est bio et bon marché par rapport aux autres”, décrit Charles Kébila Sama, le président de l’association Aspromod, qui réalise ce travail pour l’instant dans la ville de Bamenda, située à 350 kilomètres à l’ouest de Yaoundé.
“Mais, comment empêcher que les souris, si friandes de papier, ne rongent et ne détruisent un tel plafond”, s’enquiert un visiteur.
“Pour l’instant, nous n’avons pas encore eu de plainte de ce genre de la part de ceux qui ont déjà utilisé ce plafond. Toutefois, progressivement, nous allons améliorer le produit afin de faire face à un tel problème”, répond Charles Kébila Sama.
Avec scidev