Les spécialistes considèrent une nouvelle méthode de détection de l’anémie reposant sur la mesure du taux d’hémoglobine, au moyen de petites quantités de sang, comme un grand pas en avant, par rapport aux tests existants.
Ces derniers reposent sur l’hémolyse (destruction des globules rouges libérant l’hémoglobine dans le plasma sanguin) des échantillons de sang dans les laboratoires.
“L’aspect le plus excitant de cet analyseur est qu’il utilise du sang total (avec les composants sanguins intacts) et ne nécessite pas d’étapes et de réactifs supplémentaires pour préparer un échantillon”, explique Nathan Sniadecki, professeur de génie mécanique à l’Université de Washington, Seattle, et auteur du rapport sur l’approche novatrice publiée ce mois-ci (octobre) dans la revue AIP Advances.
L’anémie, une condition causée par une faible concentration d’hémoglobine dans les globules rouges, résulte principalement d’un manque de fer dans l’alimentation, mais peut coexister avec d’autres conditions, telles que le paludisme ou des troubles génétiques.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) la considère comme un problème de santé mondiale touchant plus d’un quart de la population mondiale, dont un grand nombre de femmes et d’enfants dans les pays pauvres.
Nikita Taparia, doctorante à l’université de Washington, affirme que la technique des canaux microfluidiques qu’ils ont développée est idéale pour une utilisation sur le terrain.
“Tout ce qu’il faut, ce sont quelques gouttes de sang à mettre dans le canal microfluidique.”
La microfluidique traite du comportement et du contrôle des fluides dans un espace limité, typiquement submillimétrique.
“L’analyseur tire parti des propriétés optiques du sang, telles que l’absorption et la diffusion de la lumière, pour mesurer la concentration en hémoglobine. Le sang anémique transmet plus de lumière par rapport au sang normal, de sorte que la gravité de l’anémie peut être mesurée comme un rapport entre l’intensité lumineuse transmise et l’intensité lumineuse initiale”, souligne Nikita Taparia.
Jose Lopez, professeur à l’école de médecine de l’Université de Washington et membre du Bloodworks Research Institute NW à Seattle, affirme que cette nouvelle approche peut être utile pour diagnostiquer les troubles infectieux associés à l’anémie (comme le paludisme) et pour dépister les anémies génétiques comme la thalassémie et la drépanocytose.”
Juan Pablo Peña-Rosas, coordinateur de programme au Département de nutrition pour la santé et le développement de l’Organisation mondiale de la Santé, à Genève, affirme que l’organisation convoquera une consultation technique en novembre pour discuter de l’interprétation des concentrations d’hémoglobine dans l’évaluation de l’anémie chez les individus et dans la population.
Les travaux de Nikita Taparia et de ses collègues figureront en bonne place dans l’agenda de la rencontre de Genève.
“Ces nouvelles méthodes nécessitent une validation interne et externe. Dans tous les cas de mesure de l’hémoglobine, l’utilisation de contrôles standard est recommandée pour améliorer la précision et la reproductibilité des résultats”, explique Juan Pablo Peña-Rosas.
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