Le poids de la dette mondiale représente désormais 324% du PIB mondial, avertit une étude de l’Institute of International Finance. Ce rapport est diffusé alors que plusieurs des principales banques centrales du monde se préparent à durcir leur politique monétaire, donc à mettre fin à une décennie de crédit très bon marché.
L’ensemble des dettes accumulées dans le monde représente désormais 226.000 milliards de dollars (192.000 milliards d’euros), un montant record qui équivaut à plus de trois fois l’activité économique annuelle de la planète – 324% du PIB mondial précisément -, montre mercredi une étude de l’Institute of International Finance (IIF).
L’étude met entre autres en avant les risques auxquels sont exposés certains pays émergents qui ont emprunté massivement dans des devises telles que l’euro ou le dollar américain. Selon les calculs de l’IIF, qui fait autorité en matière de suivi des flux financiers internationaux, environ 1.700 milliards de dollars de dettes devront être remboursées ou refinancées dans les pays en développement d’ici la fin 2018, avec à la clé une probable augmentation du service de la dette si les taux d’intérêt et les devises des grands pays occidentaux remontent.
Selon l’étude, les dettes en devises “fortes” des pays émergents dépassent 8.200 milliards de dollars, soit près de 15% de l’endettement total des économies en développement.
S’il note que le rythme de l’accroissement de la dette globale a légèrement diminué, l’IIF explique aussi que la tendance s’est au contraire accélérée en Chine, où les dettes des entreprises ont augmenté de 660 milliards de dollars en 2016, une croissance bien supérieure à celle observée aux Etats-Unis avant la crise financière de 2008 ou au Japon avant la crise bancaire de 1991.
Part croissante d’entreprises “en tension”
L’étude ajoute que les entreprises ont des difficultés croissantes à assumer leurs dettes, les ratios de couverture des intérêts (ICR) mesurés suggérant que la part des emprunteurs privés “en tension” dépasse nettement son niveau de 2010.
Ces entreprises représentent ainsi plus de 20% des dettes “corporate” du Brésil, de l’Inde et de la Turquie et près de 16% en Chine. Parmi les pays développés, les ratios ICR se sont détériorés au Canada, en Allemagne et en France, alors qu’ils s’amélioraient au Japon et au Royaume-Uni, précise l’IIF.
“Même avec des taux mondiaux bas, beaucoup d’entreprises non-financières se dirigent vers des difficultés à assurer le service de leur dette“, avertit l’étude.
La fin des taux historiquement bas ?
Ce rapport est diffusé alors que plusieurs des principales banques centrales du monde se préparent à durcir leur politique monétaire, donc à mettre fin à une décennie de crédit très bon marché.
La Banque centrale européenne (BCE) devrait en effet annoncer jeudi une réduction de ses achats de titres sur les marchés, la Banque d’Angleterre (BoE) pourrait relever son taux directeur la semaine prochaine pour la première fois en dix ans et la Réserve fédérale américaine s’achemine vers sa troisième hausse de taux depuis le début de l’année.
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Si les années de taux historiquement bas qui ont suivi la crise financière et la grande récession ont permis aux marchés boursiers mondiaux d’atteindre des niveaux sans précédent, elles ont aussi favorisé l’explosion de l’endettement des ménages, des entreprises et des Etats.
Avec latribuneafrique