Pour conserver le pouvoir Paul Biya a dompté l’armée de son pays
L’ armée au Cameroun se croit tout permis, violation des droits humains ……. en mènant une répression contre le peuple
“Le BIR une armée dans l’armée”
Depuis 1984 où fut tenté sans succès un putsch contre Biya. Pour conserver la fidélité de l’armée, le président camerounais utilise tous les moyens : gestion ethnique du haut commandement militaire, centralisation des unités les plus sensibles, avantages sociaux et financiers pour les hommes en armes etc. Le président camerounais laisse aussi le champ libre aux hauts gradés pour investir sur le terrain économique.
« Pour éviter que les forces de sécurité ordinaires ne se retournent contre lui comme en 1984, Biya a pris un certain nombre de mesures. Il leur a accordé de nombreuses faveurs » note la journaliste française, Fanny Pigeaud dans son ouvrage « Au Cameroun de Paul Biya « . Au début des années 1990, alors que le pays doit se soumettre à un plan d’ajustement structurel imposé par le Fonds Monétaire International (FMI), avec notamment la baisse des salaires et des licenciements dans la fonction publique, Paul Biya épargne l’armée de cette cure d’austérité. D’ailleurs, à ce jour, le traitement salarial des militaires n’a rien à voir avec celui des civils. « Aujourdhui, le salaire le plus élevé au sein de l’armée est de 500 000 FCFA, en comptant les primes dont le fonctionnement est très peu transparent, ce qui équivaut à celui d’un enseignant en fin de carrière » note International Crisis Group. Paul Biya a aussi favorisé l’affairisme chez les hauts gradés.
« Le président a donné aux hauts gradés la latitude d’investir l’espace économique pour s’assurer à la fois leur fidélité et les tenir éloignés du champ politique. Certains généraux ont aujourd’hui des concessions forestières, d’autres des plantations. Des officiers sont à la tête de sociétés de sécurité privée ou possèdent des terres qu’ils louent à des multinationales » indique Fanny Pigeaud.
Sous le sceau de l’anonymat, un officier à la retraite confie qu’il est difficile d’organiser un coup d’état car « le contrôle des munitions et du matériel roulant lourd comme les chars sont directement gérés depuis la sécurité présidentielle. Il n’y a que trois ou quatre personnes par exemple qui peuvent ordonner le déplacement des chars par exemple.
En plus de cela, Paul Biya a pris le soin de favoriser deux petites unités de l’armée, mieux traités et techniquement supérieures aux autres. « S’il a favorisé les individus, Biya a fait en sorte que l’armée ne soit pas opérationnelle : les militaires ont peu d’armes et de munitions et ne s’entraînent pas. Beaucoup de brigades de gendarmerie ne comptent que trois ou quatre éléments et aucun moyen de transport. Biya a ainsi rendu l’armée totalement inoffensive : elle ne peut à priori rien tenter contre lui » analyse Fanny Pigeaud. Pendant ce temps, la Garde présidentielle et le Bataillon d’intervention rapide (BIR) bénéficient d’un traitement plus enviable. « Le statut de deux de ces corps d’élite, la Garde présidentielle pose en particulier question. Tous deux bénéficient d’un régime spécial, puisqu’ils ne dépendent pas du ministère de la Défense mais directement de la présidence. Ses soldats reçoivent une formation physique de très haut niveau et sont réputés pour leur efficacité dans l’usage des armes. Les moyens donnés au BIR, qui apparaît comme une armée dans l’armée, sont plus importants et perfectionnés que les siens. Les éléments du BIR ont des avantages et primes que n’ont pas les soldats ordinaires » constate ICG.
-Le livre de Fanny Pigeaud —Nehesy Nefer