L’histoire de l’anacarde au Cameroun est celle d’un rêve qui n’a jamais pu être réalisé. En effet, afin d’éviter à l’économie des trois régions septentrionales du Cameroun une trop grande dépendance vis-à-vis du coton, qui était alors et demeure jusqu’ici l’unique culture de rente dans cette partie du pays, le défunt président camerounais, Ahmadou Ahidjo, introduit l’anacarde dans la région du Nord.
C’est ainsi, qu’à la faveur d’une campagne de reboisement dans la localité de Sanguéré, plusieurs hectares d’anacardiers sont plantés dès 1975. Au bout du compte, soulignent des sources proches du dossier, il est question, parallèlement aux 10 000 hectares de plantations projetés, de monter une usine de production de jus d’anacarde et de commercialiser la noix de cajou.
42 ans plus tard, seulement 650 hectares d’anacardiers ont effectivement été plantés, dont 60 hectares pour la seule année 2017, grâce à une opération conduite par l’Agence nationale d’appui au développement forestier (Anafor), précise Marie Hortense Onana, chef d’agence de l’Anafor pour le Nord. Au cours des prochaines années, l’Anafor ambitionne de développer plusieurs autres centaines d’hectares d’anacardiers dans le verger de Sanguéré, où le Gic Ribaou revendique également un peu plus de 100 hectares de plantations nouvelles depuis 2002.
Fort de ce nouvel engouement pour cette culture encore inconnue au Cameroun, en dépit des opportunités dont elle recèle, ce Gic s’est même doté d’une petite unité de transformation, capable de concasser 1,5 tonne de noix de cajou chaque jour. A l’origine de cette sorte de revitalisation du projet anacarde de Sanguéré, se trouve la préparation, par le gouvernement, d’un projet visant à mettre en place une stratégie nationale de développement de la filière anacarde.
Selon nos sources, la stratégie en gestation bénéficie du soutien du GIZ, l’organisme en charge d’implémenter la coopération allemande qui a notamment aidé au développement de la filière anacarde au Ghana.
«La seule culture de rente d’envergure ici au Nord est le coton. Nous pensons qu’à l’instar des régions méridionales, il faut développer d’autres cultures de rente comme l’anacarde qui est adapté aux réalités climatiques des régions septentrionales. La production cotonnière est tributaire des caprices du climat, notamment la pluviométrie. Quand vous avez une culture comme l’anacarde, qui est adapté aux zones chaudes, c’est beaucoup plus intéressant», confie Foudama, le délégué régional de l’Agriculture et du Développement rural pour le Nord.
Avec agenceecofin