Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, a annoncé cette semaine le lancement d’une nouvelle stratégie par la banque panafricaine afin de rehausser la production agricole africaine en misant sur l’utilisation de la technologie. L’initiative, « Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique », s’inscrit dans le cadre des priorités de la BAD et vise à assurer 513 millions de tonnes de production alimentaire en plus et ainsi sortir près de 250 millions d’Africains de la pauvreté d’ici à 2025.
La stratégie « Nourrir l’Afrique », qui fait partie des cinq priorités de la Banque africaine de développement (BAD) s’enrichit d’une nouvelle initiative. Il s’agit de la TAAT, (Technologies for African Agricultural Transformation) dont l’objectif est de permettre une transformation de l’agriculture africaine à travers la technologie c’est-à-dire la combinaison du savoir et de l’innovation pour déployer à grande échelle les technologies éprouvées à travers l’Afrique. C’est le président de l’institution, Akinwumi Adesina qui en a fait l’annonce, jeudi dernier, à Des Moines aux États-Unis, où il recevait le prix mondial de l’alimentation édition 2017. L’initiative soutiendra ainsi la stratégie de la BAD destinée « à mettre un terme aux importations alimentaires massives de l’Afrique aujourd’hui actuelles et à transformer ses économies, en ciblant l’agriculture comme moteur majeur de diversification économique, de richesse et de création d’emplois ».
Selon le président de la BAD, vingt-cinq pays africains ont déjà manifesté leur intérêt et leur volonté de participer à cette initiative et ainsi aider à transformer l’agriculture sur leur sol. Détaillant la stratégie, Adesina a fait savoir que quelques 655 actions vont être minutieusement développées dans ce cadre, ce qui devraient générer près de 513 millions de tonnes de production alimentaire en plus et ainsi sortir près de 250 millions d’Africains de la pauvreté d’ici à 2025.
« La nouvelle initiative aidera à briser des décennies de systèmes nationaux de distribution de semences limités par des frontières. Les entreprises de semences auront des investissements commerciaux régionaux, non plus seulement nationaux. Ce sera révolutionnaire et cela va décloisonner les industries et les marchés régionaux de semences ». Akinwumi Adesina
Domaines d’interventions
D’après les détails données par le président de la BAD, l’initiative TAAT est née d’une consultation majeure et regroupe des acteurs mondiaux de l’agriculture notamment le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, la Banque mondiale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole, le Programme alimentaire mondial (PAM), la Fondation Bill et Melinda Gates, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA), la Fondation Rockefeller ainsi que des organismes nationaux et régionaux de recherche agricole.
« C’est le renforcement des efforts le plus important pour accélérer l’adoption de technologie agricole en Afrique » a estimé Adesina qui a ajouté que « la technologie permettra de faire face à la variabilité et aux nouveaux ravageurs et maladies qui vont sûrement survenir avec le changement climatique ».TAAT, a-t-il expliqué, va être mis en œuvre à travers une plateforme centrale d’exécution collective, coordonnée par l’Institut international d’agriculture tropicale, avec des centres de recherche agricole nationaux, régionaux et internationaux. L’initiative TAAT mettra en œuvre des plans audacieux pour contribuer à une transformation rapide de l’agriculture à travers l’Afrique, en augmentant la productivité agricole dans huit domaines d’intervention prioritaire : le riz, le manioc, le mil, le sorgho, l’arachide, le niébé, le bétail, le maïs, le soja, l’igname, le cacao, le café, la noix de cajou, l’huile de palme, l’horticulture, les haricots, le blé et le poisson a indiqué le président de la BAD.
« Ce que TAAT va devoir faire, c’est travailler avec les gouvernements, a-t-elle déclaré. Nous avons beaucoup d’institutions prêtes pour ces technologies. Nous devrions travailler avec les gouvernements pour s’assurer que les technologies ne sont pas seulement prêtes à l’emploi, mais vraiment disponibles pour les pays concernés. Faire en sorte que les agriculteurs accèdent aux technologies dont ils ont besoin est un enjeu majeur et crucial selon moi » a commenté Agnès Kalibata, présidente de l’AGRA. Pour Haleh Bridi, directeur de la communication externe pour la région Afrique du groupe de la Banque mondiale, « L’Afrique pouvait s’inspirer de l’Asie, qui a fait de grands pas dans sa révolution agricole et c’est pourquoi nous sommes impliqués dans le programme TAAT ». De son coté, Nick Austin, directeur du développement agricole à la Fondation Bill et Melinda Gates, a estimé que « la technologie fait clairement évoluer vers la prospérité, une transformation des économies et vers une participation des petits exploitants agricoles».
Dans le cadre de sa stratégie « Nourrir l’Afrique », la BAD œuvre à accélérer le développement agricole avec un investissement prévu de 24 milliards de dollars sur les dix prochaines années.
Avec latribuneafrique