Le marché bancaire angolais n’est pas près de se voir retiré de la «blacklist» des banques américaines. Selon Moody’s Investors Service, celles-ci craignent toujours que la reprise d’activité en Angola ne génère pas des revenus pour compenser le paiement de possibles amendes. Luanda, pour sa part, rappelle sa volonté de réformer son secteur bancaire en maintenant à leur poste les ministres de Finances et le gouverneur de la Banque centrale.
L’Angola semble encore loin de convaincre les banques américaines de reprendre les services de compensation en dollars en faveur du marché angolais, et ce malgré les progrès réalisés par Luanda dans la lutte contre le blanchiment d’argent. Tel et le constat de Moody’s Investors Service, dont les analystes estiment que les «banques américaines ne reviendront probablement pas de sitôt en Angola».
Activités à l’arrêt depuis 2015
Pour la filiale spécialisée dans le conseil de l’agence de notation, le marché bancaire angolais est perçu comme manquant «de sens commercial» pour les banques américaines. Pour rappel, Bank of America a interrompu la livraison de dollars aux prêteurs angolais en 2015, cinq ans après qu’un rapport du Sénat qui signalait qu’un trafiquant d’armes avait réussi à transférer des millions de dollars aux Etats-Unis. Une décision suivie par d’autres banques américaines, déclenchant au passage le départ d’une partie des travailleurs étrangers payés en dollars.
Ce mouvement a également aggravé la crise économique causée par la chute des prix du pétrole en 2014, sachant que ce dernier représente plus de 90% des exportations angolaises. Le nouveau gouvernement présidé par Joao Lourenco, qui a succédé le mois dernier à José Eduardo dos Santos (après 38 ans au pouvoir), a de son côté annoncé la poursuite de la réforme du secteur bancaire initiée par le gouvernement précédent. En témoigne la reconduction d’Archer Mangueira à la tête des Finances et de Valter Filipe Duarte da Silva comme gouverneur de la Banque centrale.
Une perception qui se maintient
Bien que le Groupe d’action financière (Financial Action Task Force), un organisme intergouvernemental créé par le G7, ait retiré l’Angola de sa liste noire en 2016, citant des progrès significatifs dans la lutte contre le blanchiment d’argent, les banques américaines et des ONG ne semblent pas partager cet avis. Transparency International a ainsi classé l’Angola parmi les 20 pays les plus corrompus au monde, durant les trois dernières années.
La frilosité des grandes banques américaines s’explique par la crainte qu’une offre de services de compensation en dollars aux prêteurs angolais ne puisse générer assez de bénéfices pour compenser d’éventuelles amendes auxquelles ces dernières pourraient être confrontées pour avoir fait affaire avec un établissement qui n’est pas conforme à la réglementation américaine. Pour faire face à cette situation, les banques angolaises ont eu recours à l’euro et au rand comme alternative au dollar. Il n’empêche que ces devises ne peuvent parfaitement remplacer le dollar pour importer la quasi-totalité des produits de consommation, alors le kwanza angolais n’est pas commercialisable à l’étranger.
Malgré les difficultés que connaissent les banques angolaises pour faire face à l’accès limité au dollar, conjugué au niveau élevé de prêts improductifs, les prêteurs angolais conservent un fort potentiel de croissance. En effet, seuls 47% des Angolais ont eu recours aux services bancaires en 2014, selon KPMG. Pour l’heure, la faiblesse de la base de dépôts des banques angolaises limite les possibilités de prêts, poussant une grande partie à réinvestir leurs fonds dans des titres gouvernementaux.
Avec latribuneafrique