Les dirigeants de la planète vont adopter vendredi 25 septembre au siège de l’ONU à New York un programme pour “transformer notre monde” d’ici à 2030. Les objectifs sont ambitieux : éradiquer l’extrême pauvreté, promouvoir la santé et l’éducation, maîtriser le réchauffement climatique.
Ce plan d’action fait suite aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), lancés en 2000 et qui se terminent cette année. Mais il est beaucoup plus ambitieux et détaillé.
Quels sont les objectifs ?
Les 193 pays membres de l’ONU ont défini 17 Objectifs de développement durable (ODD), déclinés en 169 « cibles ». Le premier est « d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes »: plus de 800 millions de personnes vivent encore avec moins de 1,25 dollar par jour, notamment en Afrique subsaharienne et en Asie. D’autres concernent la santé, l’accès de tous à l’éducation, la réduction des inégalités, la promotion des femmes et la bonne gouvernance. Les pays promettent aussi de lutter contre le changement climatique. Tous les objectifs intègrent la protection de l’environnement. Les sceptiques jugent ces ODD trop ambitieux et mal définis, alors que les OMD n’étaient que huit et concentrés sur la pauvreté, ainsi que la santé maternelle et infantile dans les pays en développement. Les nouveaux objectifs s’appliqueront aussi aux pays développés et la société civile a été associée à leur élaboration. Ils entreront en vigueur au 1er janvier 2016. La date limite pour les réaliser est le 31 décembre 2030.
Comment les financer ?
La facture est colossale: entre 3 500 et 5 000 milliards de dollars par an sur 15 ans. A titre de comparaison, le PIB de la France atteint 3 000 milliards de dollars. Une partie de l’argent viendra de l’aide publique au développement (APD). Mais celle-ci sera largement insuffisante: peu de pays riches tiennent leur promesse de consacrer à l’APD 0,7% de leur richesse nationale. Par exemple, la France y consacre 0,4% de son PIB. L’ONU veut donc inciter les gouvernements à accroître leurs ressources nationales en collectant mieux l’impôt et en réduisant la corruption, en particulier dans les pays producteurs de pétrole. L’ONU compte aussi beaucoup sur le secteur privé. Trop, selon les sceptiques, pour qui rien ne garantit que les investisseurs verront dans chaque objectif une promesse de gain et qu’ils préféreront toujours le développement durable à la rentabilité à court terme. Pour les inciter à investir, la Banque mondiale ou la Banque africaine de développement aideront à financer les infrastructures nécessaires.
Quelles sont les chances de succès ?
Chaque pays participe au programme sur une base volontaire et choisit les moyens d’atteindre les objectifs. Mais l’ONU va mettre au point quelque 300 indicateurs pour juger des progrès accomplis pays par pays. Personne ne croit vraiment que tous les objectifs seront atteints dans les temps mais on compte sur l’effet d’entraînement et sur la vigilance de la société civile pour rappeler aux gouvernements leurs engagements solennels. Les précédents objectifs ont eu des résultats mitigés : baisse rapide de la grande pauvreté, réduction de moitié de la mortalité infantile par rapport à 1990, mais des inégalités qui se creusent et une Afrique subsaharienne toujours à la traîne. Pour certains experts, même sans le coup de pouce de l’ONU, la misère aurait de toutes façons reculé sous l’effet de la croissance économique accélérée en Chine ou en Inde. Et à l’horizon 2030, le défi sera de compenser la forte croissance démographique attendue en Afrique subsaharienne.
Avec JeuneAfrique