Pour l’Ethiopie, puissance énergétique montante sur le Continent, il s’agit de lever les derniers écueils à l’inauguration sur son sol du Barrage de la Renaissance africaine. A Addis-Abeba où elle a réuni les ministres de l’Eau de l’Egypte et du Soudan, l’Ethiopie tente de désamorcer les motifs de frictions pour faire tourner les turbines du plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique.
Une visite dans l’Etat régional éthiopien de Benishangul-Gumuz, sur les bords du Nil bleu, suivie d’une analyse des expertises techniques et de discussions approfondies. En recevant durant deux jours à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, Mohamed Abdel-Aty, le ministre égyptien de l’Irrigation, Muataz Musa, le ministre soudanais de l’Energie, Sileshi Bekele, leur homologue d’Ethiopie veut aller vite dans les travaux de construction du Barrage de la Renaissance d’un volume de 74 000 millions de mètres cubes.
Les grues éthiopiennes ont achevé plus de 60% des travaux de cette superstructure d’une capacité de 6 000 mégawatts sur le Nil bleu, à une quarantaine de kilomètres à l’est du Soudan, un des voisins de l’Éthiopie. Seulement le projet se heurte aux velléités géostratégiques de l’Egypte qui craint une baisse de débit du Nil bleu dont elle tire 80% de son eau.
En 1959, un traité soudano-égyptien stipulait même un partage exclusif du flux entre les deux pays, sans intégrer l’Ethiopie. L’Egypte avait même agité la menace d’un bombardement du barrage par son aviation en cas de construction. La question est revenue dans les discussions ministérielles d’Addis-Abeba. Les trois voisins ont convenu de la mise en place d’une coopération tripartite dans le remplissage et l’exploitation du barrage comme convenu lors de précédentes discussions à Khartoum au Soudan en 2015.
En attendant les 6 000 mégawatts du plus grand barrage d’Afrique
Pour l’Ethiopie qui se pose en puissance énergétique africaine, l’accélération des travaux, refrénés par les réserves et les craintes de ses voisins, est un enjeu de survie. Le pays qui s’est engagé dans la construction de trois barrages, veut atteindre son autosuffisance énergétique. Depuis ces dernières années, il multiplie les projets en vue de devenir un exportateur d’électricité dans des pays comme Djibouti, le Soudan et même au Kenya.
Une accélération des travaux placerait l’Ethiopie en position de concrétiser son ambition avec la réception du plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique. Encore lui faut-il déblayer le terrain accidenté avec ses voisins pour que les turbines du barrage de la Renaissance africaine injectent le premier de leur 6 000 mégawatts dans les réseaux électriques de la région.
Avec latribuneafrique