L’industriel franco-espagnol, Jacques Dupuydauby, ennemi juré de Vincent Bolloré, n’en finit plus de s’enliser. Le pire est pourtant peut-être à venir.
Un an après la sentence de la Cour suprême de Madrid, qui a notamment condamné Jacques Dupuydauby à trois ans et neuf mois de prison ferme, ce dernier a été interpellé à la fin du mois de juin en France. Comme l’ont révélé nos confrères de RFI, il a ensuite été relâché sous contrôle judiciaire en attendant la décision de la justice française concernant le mandat d’arrêt européen émis par la capitale espagnole. Pour l’homme d’affaires franco-espagnol, c’est un nouveau coup dur. Un feu vert du juge pourrait en effet l’envoyer en prison pour quelques années.
À partir de 1999, Jacques Dupuydauby sert de facilitateur au géant français des ports africains, Bolloré, pour s’emparer de la gestion de plusieurs terminaux, notamment au Gabon (Owendo) et au Togo (Lomé). Les deux pays sont alors dirigés par Omar Bongo Ondimba et le général Gnassingbé Eyadéma, dont Dupuydauby, qui cultive les relations politiques depuis les années 1970, est proche. à la différence de Vincent Bolloré, qui, en revanche, développera stratégiquement ses relations avec les deux « héritiers », Ali Bongo Ondimba et Faure Gnassingbé.
En 2013, c’est lui qui avait confié à un juge français ses soupçons concernant le financement occulte par Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, proche de Vincent Bolloré
En 2005, la guerre commence entre les deux alliés : Dupuydauby transfère les actifs de la société Progosa (établie en Espagne et contrôlée indirectement par Bolloré) vers une autre structure au Luxembourg. Bolloré porte plainte pour « détournement d’actifs ».
Bolloré prend la main
Au début de 2006, plusieurs dirigeants du groupe français sont placés en garde à vue pour « corruption de magistrat »… La guerre ne cessera plus, les fronts judiciaires se multipliant.
Mais, sur le terrain, Bolloré prend la main en récupérant la concession de Lomé en 2010 et en en obtenant une nouvelle au Gabon (Progosa, de son côté, perd la sienne, et Dupuydauby déclenche une éphémère procédure d’arbitrage international contre Libreville).
Sur le plan judiciaire, Bolloré a de quoi se réjouir : décembre a marqué la fin de la bataille qu’avait livrée contre lui le groupe Necotrans – un autre concurrent – au sujet de la concession du terminal de Conakry.
Mais Jacques Dupuydauby n’a sans doute pas perdu tout pouvoir de nuisance : en 2013, c’est lui qui avait confié à un juge français ses soupçons concernant le financement occulte par Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, proche de Vincent Bolloré.
Avec Jeuneafrique