Après avoir été les seules à mener des négociations exclusives avec Air Berlin pour la reprise d’une partie des actifs de la compagnie allemande , Lufthansa et Easyjet ont déposé une offre de reprise pour des morceaux d’Alitalia.
Ryanair étant trop occupée à régler ses problèmes avec ses pilotes, Lufthansa et Easyjet sont les deux acteurs à jouer un rôle moteur dans la nouvelle étape de la consolidation du ciel européen qui se joue aujourd’hui avec les faillites d’Air Berlin et d’Alitalia. Ces deux dernières ont toutes deux étaient lâchées par leur principal actionnaire, la compagnie du Golfe Etihad, fatiguée d’injecter des sommes pharaoniques dans un puits sans fond. Lufthansa et Easyjet étaient déjà es seules à mener des négociations exclusives pour reprendre des actifs d’Air Berlin. Celles-ci ont abouti avec Lufthansa qui va reprendre 81 des 144 avions, tandis qu’elles sont toujours en cours pour Easyjet. Elles portent sur la reprise de 25 avions d’Air Berlin à l’aéroport Tegel de Berlin.
Aucune offre pour l’ensemble du périmètre d’Alitalia
Lufthansa et Easyjet sont également présentes dans le dossier Alitalia. Ce lundi, date-limite pour déposer des offres de reprise, elles ont toutes deux annoncé avoir déposer un dossier pour des parties de la compagnie italienne, laquelle dit avoir reçu 7 offres au total mais aucune pour l’ensemble du périmètre.
Lufthansa a précisé qu’elle n’était intéressée que par “des parties” du réseau global de la compagnie italienne ainsi que par des destinations européennes et internes à l’Italie qui lui serviraient à établir une “nouvelle Alitalia”. Le Corriere della Sera a rapporté lundi que Lufthansa avait proposé 500 millions d’euros pour reprendre des avions et des créneaux d’Alitalia, ainsi que le personnel navigant. Citant trois sources anonymes, le quotidien italien a précisé que le groupe allemand voulait également réduire de moitié les effectifs d’Alitalia, qui compte 12.000 salariés, et alléger le réseau des vols court et moyen-courriers.
EasyJet a expliqué de son côté être intéressée par “certains actifs d’une Alitalia restructurée”, sans donner de détail.
Alitalia est frappé de plein fouet par la concurrence féroce des compagnies à bas coûts qui détiennent aujourd’hui 47% du marché intérieur. Par ailleurs, sur le long-courrier, la compagnie a toujours souffert de la bipolarisation du marché entre Milan et Rome, composé de flux de trafic affaires sortant à Milan et de flux de trafic loisirs entrants à Rome. Cette structure de trafic a toujours empêché la compagnie d’avoir un hub solide. D’autant plus que la présence de deux aéroports à Milan a toujours accentué les difficultés. Après avoir perdu pied sur le marché intérieur la valeur d’Alitalia ne réside plus aujourd’hui que dans son portefeuille de créneaux horaires à l’aéroport de Milan-Linate, très prisé par la clientèle affaires en raison de sa proximité avec Milan.
Les candidats ont jusqu’au 30 avril pour améliorer leurs offres, après quoi la meilleure d’entre elles sera soumise aux autorités.
Nouvelle aide d’Etat pour Alitalia
Alitalia a reçu vendredi un énième coup de pouce du gouvernement italien qui a indiqué qu’il prolongeait le délai pour sa vente et augmentait de 300 millions le précédent prêt relais. Ce qui porte l’aide de Rome à Alitlia à près d’un milliard d’euros en 5 mois, dans la mesure où le gouvernement italien avait déjà accordé en mai un prêt-relais d’un montant de 600 millions d’euros. Au total, Alitalia, a reçu près de 8,5 milliards d’euros d’aides d’Etat.
Les offres de Lufhansa et easyJet n’ont pas donné satisfaction aux syndicats italiens.
“Aujourd’hui était supposée être une journée décisive pour l’avenir d’Alitalia”, a déclaré le secrétaire du syndicat UGL Paolo Capone. “Cependant, comme on pouvait s’y attendre, dans un marché de requins, les offres faites sont des sous-offres qui auront un impact négatif sur l’avenir des salariés” d’Alitalia, a-t-il ajouté.
Alitalia compte 12.500 salariés. Elle a été placée sous tutelle le 2 mai, sur décision du ministère des Transports, après une demande en ce sens des actionnaires à la suite du rejet par les salariés d’un plan de restructuration proposé par Etihad Airways prévoyant 1.700 suppressions d’emploi.
Avec latribuneafrique