Ce match-là, George Weah devra le jouer dans les prolongations tout en évitant « la mort subite ». Sur le terrain politique, l’ancien ballon d’or devenu sénateur file en direction de la présidence libérienne. En face, Joseph Boakai, le vice-président d’Ellen Johnson qu’il a devancé de 10 points au premier tour, n’est pas décidé à libérer le couloir vers l’Executive Mansion. L’histoire bégaie: lors de la précédente présidentielle, George Weah était déjà arrivé en tête au premier tour sans réussir à se faire élire. Cet essai sera-t-il le bon ? Eléments de réponse.
La commission électorale libérienne a réfréné l’excès de zèle de ses partisans qui ont fait de George Weah, dès le premier tour, le président élu du Libéria. A l’annonce officielle des résultats du scrutin du 10 octobre dernier, le footballeur à la retraite est passé en tête des 19 autres candidats avec 39% des voix des 2,2 millions d’électeurs.
Insuffisant pour le remporter dès le premier tour mais il valide son ticket pour le second tour du 7 novembre prochain devant Joseph Boakaï, le vice-président qui le suit avec un score de 29%. Un duel aux allures de finale pour le seul Africain à avoir remporté un Ballon d’or.
Une finale pour Weah qui sonne comme une revanche sur l’Histoire
Ce second tour, c’est d’abord une revanche sur l’Histoire pour George Weah. Pour sa première entrée en lice en politique, sur fonds d’accusations de fraudes et de bourrage d’urnes, George Weah s’incline au second tour en novembre 2005 face à Ellen Johnson.
Pourtant au premier tour, la légende footballistique avait damé le pion de l’économiste chevronnée qui le critiquait sur son inexpérience en politique. Il perd aussi la présidentielle suivante en 2011, cette fois-ci en tant que vice-président de Winson Tubman.
Pour le candidat du Congrès pour le changement démocratique (CDC), ce second tour sonne donc comme un remake face à Joseph Baokaï, le candidat du parti de l’Unité (UP), la formation présidentielle. Ce dernier qui hérite de l’appareil d’Etat d’Ellen Johnson, devra aussi se faire le comptable du bilan de la première femme chef d’Etat en Afrique.
Le piège des jeux d’alliances
D’autre part, l’ancien footballeur pris dans les filets des jeux d’alliance avec les candidats malheureux au premier tour et les compromis d’entre-deux-tours, pourrait sacrifier ses grands thèmes qui l’ont jusque-là placé en tête des pronostics. L’accès à l’éducation et à la santé, l’amélioration des services publics et la lutte contre la corruption que George Weah avait mis en avant dans sa campagne seront largement insuffisants pour renverser la tendance.
Dans un Libéria post-Ebola plombé par une croissance quasi-nulle, tout reste à refaire. Le Libéria vit de l’aide internationale quand ce n’est pas de crédits accordés par le FMI. Le secteur minier, principal moteur économique du pays, est frappé par la baisse des cours des matières premières avec une répercussion sur le coût de la vie des citoyens. L’avenir est cependant plus prometteur avec cette prévision de reprise de 2,6% de la croissance portée par le secteur de l’or et du fer.
Mais le pays qui a traversé deux guerres civiles devrait d’abord solder les comptes de ses milliers de morts pour amorcer la réconciliation nationale. Plus que son image de self-made-man mise en avant pour devenir le premier fils d’autochtone à devenir président au Libéria, George Weah devra apporter des solutions sur la question de la paix autant que sur la lutte contre la corruption.
Au-delà, il devra incarner l’espoir d’un Libéria prêt pour sa première transition démocratique pacifique pour le remporter au second tour. Un projet qui demande du souffle. Mais l’ancien footballeur a encore de l’énergie pour cet ultime match politique !
Avec latribuneafrique