La Côte d’Ivoire, 1er producteur et 1er exportateur mondial de la noix de cajou brute, avec des tonnages respectifs de 702510 et 675000, soit 41% de l’offre internationale, a une histoire avec la culture de l’anacardier introduite entre 1959 et 1960 dans le nord du pays pour des raisons écologiques.
Notamment dans le cadre de la politique de reboisement et de la protection des sols. 8220 hectares de plantations forestières seront, ainsi, réalisées par la Sodefor et la Satmaci, deux sociétés d’Etat de 1960 à 1970.
L’intérêt pour la noix de cajou favorise la mutation des forêts d’anacarde en plantations fruitières. De ce fait, 1972 verra les premières commercialisations avec Sovanord et de transformation avec l’usine AICI en 1975. Ainsi, la culture de l’anacarde est confirmée comme spéculation de rente principale pour les producteurs des régions savanicoles du nord et du centre de la Côte d’Ivoire. Il s’en est suivi de 1990 à 2002, une croissance régulière des prix d’achat aux producteurs atteignant 500 Fcfa le kg en 2000, puis de façon régulière les surfaces plantées vont s’étendre aux onze régions administratives du pays.
Le nombre des opérateurs directs et indirects vivant de cette spéculation a atteint 1,8 million de personnes. On a assisté de ce fait à une augmentation exponentielle de la production nationale de noix de cajou d’une année à l’autre. Cependant, cette belle chevauchée va connaître un coup d’arrêt. De 2003 à 2013, on déplore la désorganisation des circuits de commercialisation nationale du fait des différentes crises socio-politiques et militaires que le pays a subies. Conséquence : l’instabilité des prix d’achat et la décroissance régulière des revenus des producteurs. Le prix bord champ en 2013 est de 200fcfa/kg.
Pendant toute cette période, les performances de la jeune filière anacarde à côté du coton ont été saisissantes par la dynamique de leur croissance. De 70 000 tonnes de noix en 2000, cette production était estimée à 500 000 tonnes en 2013. Mais non sans avoir envoyé des signaux encourageants en 2008 avec 330 000t, 2009 (350000t) ; 2010 (380000t) ; 2011 (400000t) et 2012 (450000t). De 2008 à 2013, le rendement estimé était de 500 t/ha, quand les superficies plantées ont connu une courbe ascendante significative avec respectivement 660 000 ha ; 700 000ha ; 760 000 ha ; 800 000 ha ; 900 000 ha selon l’Areca (Autorité de régulation et de commercialisation de l’anacarde) et une estimation de 100 000 ha en 2013.
Avec une production de 550 000 en 2014, la Côte d’Ivoire est devenue le premier producteur africain de noix de cajou avec 47,82% de la production africaine et 2e producteur mondial, soit 15,33% de la production mondiale, derrière l’Inde. Cette production connaît une croissance annuelle de 11% et atteint en 2015 un niveau record de 702 510 tonnes. Avec la production de l’anacarde, ce sont entre 2,5 et 3 millions de personnes qui gagnent leur vie. Depuis 2008, la forte croissance de la production s’exprime par une augmentation des exportations ivoiriennes. Cependant, il n’existe pas de marché international de cotation des prix. Ceux-ci sont négociés de gré à gré entre exportateurs, négociateurs et utilisateurs finaux.
Une réforme hardie
Pour pallier ces insuffisances, le gouvernement ivoirien a adopté, le 22 mars 2013 en Conseil des ministres, la réforme de la filière. Qui vise à améliorer durablement le revenu des producteurs. Des mesures ont donc été prises pour structurer la commercialisation intérieure et extérieure de ce produit pour les campagnes 2013 et 2015. Elles ont permis : le respect du prix plancher bord-champ de 275Fcfa le kilogramme, l’augmentation du prix bord-champ qui a atteint un maximum de 600Fcfa/kg, le prix moyen bord-champ qui s’est établi à 400 FCfa le kg, la consolidation de la qualité moyenne qui s’est maintenue à un rendement en amende exprimé en livres britanniques de 48 pour 80 kg et un taux d’humidité moyen de 8% contre respectivement 46 et 9,6% en 2016. De 2013 à 2015, la Côte d’Ivoire a exporté sa production vers treize pays : l’Inde, le Viet-Nam, le Brésil, le Sri Lanka, la Chine, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Algérie, l’Erythrée, l’Indonésie, le Maroc et les Philippines. L’Inde, avec 227950t, soit 48,50% (2013) ; 340023 t, soit 64,52% (2014) et 330325 t, soit 49,98% (en 2015) puis le Viet Nam avec respectivement 234577t (en 2013), soit 49,91% ; 170960t (en 2014), soit 32,44% et 302393t (en 2015), soit 45,74% totalisent à eux deux plus de 95% des exportations. Ce qui dénote l’étroitesse des débouchés de la noix de cajou de Côte d’Ivoire. Cette situation met le premier producteur et exportateur mondial face à son destin et l’oblige à prendre ses responsabilités. En définissant un nouveau modèle économique pour qu’avec l’abondance de la matière première et des surfaces plantées, le pays puisse prendre à bras-le-corps les travaux du chantier de la transformation et s’engager résolument pour la politique de l’agro-industrie.
Avec fratmat