Ni hausse des inégalités, ni stagnation des revenus: le sentiment d’appauvrissement des Français résulte selon Natixis avant tout de la hausse des prix de l’immobilier.
C’est un petit graphique tout simple que vient de publier Natixis. Dans une note baptisée “D’où vient le sentiment d’appauvrissement des salariés français?”, la banque met en lumière ce que personne ne semble voir: le prix de l’immobilier.
Dans le débat public, relève Natixis, il est pourtant plutôt question de “déformation du partage des revenus au détriment des salaires” ou d’une “augmentation des inégalités de revenus”. Or, tranche l’étude graphiques à l’appui, “quand on regarde l’évolution depuis 20 ans du partage des revenus dans les grands pays de l’OCDE, on voit que la France fait partie du groupe de pays (avec le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie) où le partage des revenus s’est déformé en faveur et non au détriment des salaires”. Idem en ce qui concerne les inégalités de revenus. “Les inégalités de revenus après redistribution sont restées en France stables et basses, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis, au Royaume-Uni et même les inégalités extrêmes de revenus (part des 1% d’individus au revenu le plus élevé dans le revenu national) sont aussi restées faibles en France”.
L’immobilier a augmenté 2,5 fois plus vite que les salaires
Non, le problème selon Natixis, c’est le prix de l’immobilier. Le graphique présente l’évolution du prix des maisons à l’achat et celui des salaires en base 100 depuis 1998. Résultat: le prix de la pierre est aujourd’hui à 250 (soit 150% de hausse) alors que le niveau des salaires est à 160 (soit 60% de hausse). Une hausse 2,5 fois plus importante.
En revanche, et c’est contre-intuitif, l’inflation des loyers a elle été moins importante que celle des salaires sur la période.
Le coût croissant du logement pour les propriétaires, cause principale du mal-être français? Certes, les taux d’intérêt ont fortement baissé depuis 1998 (le coût de l’argent est moins élevé) et les durées de remboursement des crédits se sont allongées (de 13 ans en moyenne en 2000 selon Empruntis à plus de 20 ans aujourd’hui), ce qui atténue l’effet de cette hausse.
Il n’empêche qu’il y a tout de même eu une perte de pouvoir d’achat des salariés causée par le logement, assure Natixis. Pourtant, si l’on regarde la part du budget des ménages consacrée au logement depuis 2000, elle a certes augmenté mais de quelques points seulement. Selon l’Insee, elle était de 19% en 2000 et de 22,2% en 2014. Sauf que ce chiffre agglomère les locataires, les propriétaires accédants et les propriétaires dégagés des crédits d’achat pour qui le coût du logement est évidemment très faible. Si on ne prend en compte que les locataires et les propriétaires qui remboursent un crédit, la part des dépenses grimpe elle à 27%.
Les emplois de services au détriment des emplois industriels
Mais outre le logement, un autre élément est aussi mis en avant dans l’étude: la qualité de l’emploi. Ces vingt dernières années, les emplois de services domestiques (les moins rémunérateurs) ont crû de 25% dans l’économie française quand ceux du secteur manufacturier ont subi une évolution exactement inverse (baisse de 25%).
En conclusion, en plus du coût croissant du logement, Natixis note que “la dégradation de la qualité des emplois” est une source forte d’insatisfaction des Français. Tout un programme pour le gouvernement.
Avec bfmbusiness