Le vice Président de la République prend part au 17e Forum économique international sur l’Afrique.
La croissance économique en Afrique n’a pas été pérenne et inclusive bien que le continent se soit classé deuxième dans le monde en termes de rapidité de croissance. Face à ce constat amer qu’admettent tous les spécialistes, il fallait réagir. Et c’est qu’a fait l’Union africaine (Ua) qui a élaboré son agenda 2063, bâti autour de sept objectifs.
Et le forum qu’organisent, depuis hier, à Paris l’institution panafricaine et l’Ocde, en partenariat avec l’Agence française de développement(Afd) sur le thème central « Entrepreneurs et industrialisation en Afrique » offre une belle opportunité aux dirigeants africains d’approfondir ces grandes questions du développement.
Invité à participer activement, au nom de la Côte d’Ivoire, à cette rencontre de haut niveau, Le vice-Président ivoirien, Daniel Kablan Duncan, a prononcé un important discours qui lui a permis , non seulement de donner son regard sur le développement du continent mais aussi de livrer à l’assistance les choix économiques et stratégiques opérés par son pays.
Pour le vice-Président Duncan, parler du futur de l’Afrique «impose un regard nouveau, loin du pessimisme des dernières années. » « Il nous faut, ajoute-t-il, jeter un regard attentif et lucide, notamment sur les progrès notables que l’Afrique réalise, mais aussi sur les faiblesses et les défis importants qui restent à relever. Notre vision est une vision optimiste du futur de notre continent. »
Ce bel optimisme s’appuie, selon lui, sur la stabilité politique globale du continent, sur les réformes structurelles et sectorielles d’envergure mises en œuvre au niveau macroéconomique, sur la grande richesse du sous-sol africain , sur le fait que l’Afrique dispose de 60% des terres arables inexploitées au monde et sur des ressources humaines de qualité.
Et quand on ajoute à tout cela le fait que la population africaine est très jeune, avec moins de 40% de la population qui a moins de 15 ans, on comprend pourquoi le vice –Président affirme que « l’Afrique est un continent d’opportunités et d’avenir » ; mieux, qu’elle est la «nouvelle frontière du développement », voire l’avenir de l’humanité. »
Mais, démarche exégétique oblige, Daniel Kablan Duncan n’a pas occulté les nombreuses faiblesses de l’Afrique ; faiblesses à cause desquelles elle accuse un grand retard dans son développement par rapport aux autres continents. Par exemple, le commerce intra-africain n’est que de 12% contre 55% en Asie et 70% en Europe .Et le continent « ne représente que 3% du commerce mondial et seulement 2% des Ide. » Et cela, sans compter que « les économies africaines restent, par ailleurs, principalement dominées par la production et l’exportation des produits de base ; ce qui les rend vulnérables face aux fluctuations des cours de ces produits et aux chocs extérieurs. »
Dès lors, après avoir relevé «l’insuffisance des investissements dans les infrastructures technologiques et dans l’innovation », M. Daniel Kablan Duncan a proposé sa recette pour surmonter ces faiblesses : « l’éducation/formation pour disposer d’un capital humain bien formé ; la transformation structurelle des économies africaines ; le développement des infrastructures ; la lutte contre l’insécurité et le terrorisme ; la lutte contre le réchauffement climatique ;le défi du financement adéquat de notre développement . »
Pour mieux montrer aux participants au forum que ses affirmations n’étaient pas une incantation vaine, le vice-Président s’est appuyé sur l’exemple de développement choisi par la Côte d’Ivoire pour mieux se faire comprendre.
Aussi a-t-il indiqué que sous l’impulsion du Président Félix Houphouët-Boigny, suivi en cela par son fidèle héritier et disciple le Président Alassane Ouattara, la Côte d’Ivoire a, très tôt fait, de l’intégration de la science et de la technologie dans les modèles de production et d’organisation, une priorité. A telle enseigne que le pays dispose «d’entrepreneurs connectés au marché mondial, d’entrepreneurs de savoir et industrieux, à même de saisir les opportunités du marché. »
En outre, pour bien coller au thème central de la rencontre, il a tenu à souligner que la détérioration des termes de l’échange constatée ces dernières années a amené les autorités ivoiriennes à miser sur l’industrialisation « à travers des mesures incitatives pour stimuler le secteur privé et l’innovation technologique, mais également en investissant massivement dans le capital humain. » . Avec l’idée claire et précise « d’aller rapidement vers l’industrialisation, notamment l’agro-industrie. » Et avec l’objectif de « parvenir à une plus grande transformation de nos produits de base, et ce, tout en élargissant la base industrielle par des industries légères et de substitution aux importations mais également à vocation d’exporter au niveau régional, continental et international. » L’objectif étant de faire en sorte que la volonté du Président Alassane Ouattara de «faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 » soit une réalité par une augmentation substantielle de la part du secteur industriel, de 25% du Pib en 2014 et 30% actuellement, à 40% en 2020.
Les panels qui ont suivi le discours du vice-Président et qui réunissent des experts de plusieurs pays africains, ceux de l’Ocde, de l’Ua et de l’Afd et dont les résultats seront connus demain permettront à n’en point douter de faire en sorte que l’entrepreneuriat et l’industrialisation constituent les clés du développement du continent. Car, aujourd‘hui plus que jamais, l’avenir du monde, comme l’a reconnu le Président français, Emmanuel Macron, se joue en Afrique.
Avec fratmat