Les entreprises relevant du portefeuille de l’Etat camerounais, réputées avoir des grilles salariales confortables et autres avantages offerts aux employés généralement en surnombre, entretiendraient-elles leur train de vie princier par un endettement excessif ?
C’est la question que l’on est fondé de se poser à la suite de la récente visite au Cameroun du directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), le Japonais Mitsuhiro Furusawa (photo).
Dans un document intitulé «débloquer le potentiel de croissance du Cameroun», dans lequel il montre les voies pouvant aider le Cameroun à sortir de la mauvaise passe dans laquelle le pays se trouve actuellement, à cause de la crise des prix des matières premières, ce responsable du FMI soutient que bon nombre d’entreprises publiques camerounaises «souffrent d’un endettement élevé et affichent des arriérés».
A l’en croire, seuls «une amélioration de l’information financière et un renforcement de la surveillance de la gestion de ces entreprises protègeront le budget de l’Etat contre les passifs conditionnels qui y sont liés».
En effet, la pratique courante dans le pays veut que l’Etat, dont la signature est toujours bien cotée sur les marchés des capitaux, garantisse les crédits contractés par les 127 entreprises et autres établissements publics administratifs relevant de son portefeuille. Il n’est donc pas rare que, par divers mécanismes, l’Etat se retrouve à payer, sous forme de subventions, des dettes contractées par des entreprises publiques lorsque celles-ci sont dans l’incapacité de payer.
Le cas le plus patent, ces dernières années, est le payement par le Trésor public, de manière répétée depuis 2011, des dettes réclamées par les fournisseurs de Camair Co, la compagnie aérienne détenue à 100% par l’Etat, et dont l’endettement est officiellement évalué à environ 35 milliards de francs Cfa.
Cette manière de mettre la trésorerie publique au service d’entreprises censées pourtant payer des dividendes à son actionnaire principal, et qui ont, en plus de cela, la réputation de réaliser de «piètres résultats», selon un rapport du FMI de 2013, met à mal les finances publiques, surtout dans le contexte actuel marqué par une baisse continue des recettes publiques.
Bref, avait déjà fait remarquer Elung Paul Ché au cours d’un conseil de cabinet tenu le 25 février 2016 à Yaoundé, «l’accroissement de l’endettement» de ces entreprises «pourrait, à moyen terme, constituer un risque pour le budget de l’Etat». Le ministre délégué auprès du ministre des Finances avait été invité à exposer sur «la performance dans la gestion» des sociétés d’Etat, au cours de cette grand’messe du gouvernement camerounais.
«En vue d’une plus grande efficience, les entreprises devraient recourir de moins en moins aux subventions provenant du budget de l’Etat, et élargir leurs outils de financement, en s’orientant vers les formules nouvelles comme les prêts non souverains des partenaires au développement ou des banques privées.», avait conseillé Elung Paul Ché dans son exposé.
Selon le directeur général adjoint du FMI, ces subventions allouées par l’Etat camerounais aux entreprises relevant de son portefeuille «représentent environ 1% du BIP» du pays. En considérant le PIB du Cameroun en 2015, estimé à environ 15 000 milliards de francs Cfa par le FMI, l’on peut mathématiquement évaluer le volume des subventions annuellement octroyées par l’Etat à ses entreprises, à environ 150 milliards de francs Cfa.
Cette enveloppe est largement supérieure aux 110 milliards de francs Cfa investis dans la construction du second pont sur le Wouri, à Douala, qui fut pendant des années réclamées par les opérateurs économiques.
Avec agenceecofin