Premiers producteurs mondiaux d’huile de palme, l’Indonésie et la Malaisie, cherchent des marchés alternatifs à l’Europe, pour vendre leur huile de palme dont l’Afrique.
Impacts sur l’environnement, remise en cause du biodiesel produit à partir de l’huile de palme, travail des enfants, conditions de travail, déforestation, etc. les griefs portés à l’huile de palme en Europe, deuxième marché d’exportation après l’Inde, sont nombreux. Le respect de la durabilité et de pratiques respectueuses de l’environnement, via la norme Roundtable on sustainable palm oil (RSPO), la plus utilisée, ne semble pas aujourd’hui garantir un accès aux marchés.
C’est particulièrement vrai pour le biodiesel. La France a déclaré fin juillet qu’elle réduirait l’utilisation de l’huile de palme dans le biodiesel afin de limiter la déforestation (cf. nos informations). En Allemagne, le ministère de l’Environnement a indiqué qu’il soutiendra la résolution du Parlement européen demandant l’UE d’éliminer d’ici à 2020 l’utilisation d’huiles végétales dans le biodiesel.
A la recherche de marchés alternatifs
Si jusqu’à présent, les ventes d’huile de palme à l’UE ont résisté, les producteurs asiatiques, tout en combattant la position de l’UE, posent des jalons pour développer de nouvelles destinations allant de l’Afrique au Myanmar pour un marché mondial évalué à $40 milliards. Sans omettre de livrer bataille sur le plan politique et économique. En effet, le président de l’Indonesian Palm Oil Association (GAPKI), Joko Supriyono, a affirmé la semaine dernière lors d’une réunion des Nations unies sur le développement durable à New York que la gouvernance des plantations d’huile de palme en Indonésie était conforme aux standards internationaux. En parallèle, le ministre indonésien du Commerce, Enggartiasto Lukita, a mis en garde ses homologues européens sur le fait qu’il pourrait demander à Jakarta en mesure de représailles de ne pas acheter des Airbus.
En même temps, l’Indonésie se tourne vers de nouveaux marchés. En visite au Nigeria, Enggartiasto Lukita a déclaré qu’il avait proposé au pays d’échanger de l’huile de palme contre du pétrole brut. Un accord préliminaire a été aussi signé le mois dernier avec Rostec en Russie pour régler la facture de 11 chasseurs Sukhoï d’une valeur de $1,14 milliard en échange de matières premières agricoles dont de l’huile de palme.
En Malaisie, le Malaysian Palm Oil Council (MPOC) a de son côté affirmé qu’il porterait ses efforts pour se diversifier sur de nouveaux marchés comme le Myanmar, les Philippines et l’Afrique de l’Ouest, et ce quelque soit le résultat de la résolution de l’UE.
Tant pour l’Indonésie que pour la Malaisie, qui assurent 85% de la production d’huile de palme, l’enjeu est de taille. L’Indonésie, premier producteur mondial, semble moins fragile que la Malaisie. En effet, la Malaisie est plus dépendante des exportations d’huile de palme que l’Indonésie avec plus de 90% de sa production exportée contre environ 70% pour l’Indonésie, remarque Reuters. De plus, les coûts de production en Indonésie sont de 10 à 15% moins élevés qu’en Malaisie. Une compétitivité qui sera un atout sur les nouveaux marchés plus sensibles aux prix.