Le transport aérien britannique pourrait subir une baisse de de 40% du nombre de passagers si Londres ne parvient pas un accord bilatéral avec l’Union européenne (UE) dans le cadre du Brexit, rapporte l’agence Reuters, citant une étude menée pour le compte des aéroports britanniques, notamment les aéroports londoniens de Heathrow et Gatwick.
Selon les prévisions de l’étude, des avions pourraient être immobilisés et l’économie britannique affectée faute d’une garantie d’accès au marché unique du transport aérien au-delà du Brexit. Le Royaume-Uni quittera l’UE en mars 2019 mais de nombreux passagers réservent leurs vols des mois à l’avance et le gouvernement doit boucler un accord bien avant le Brexit, afin de limiter l’incertitude, souligne le rapport. Le scénario le plus pessimiste prévoit une chute de 41% du nombre de passagers dans les plus grands aéroports britanniques entre mars 2018 et mars 2019, avec un scénario central en cas d’incertitude sur le statut des vols post-Brexit à -11,5%.
«Le risque qu’il n’y ait pas d’accord crée de l’incertitude pour le secteur», lit-on dans le rapport. «Bien qu’un accord de la onzième heure soit susceptible d’éviter d’avoir à immobiliser des avions, les dégâts pour l’industrie du transport aérien et l’économie britannique en général auront déjà été faits.» Vu l’enjeu, le rapport juge toutefois que le risque que le Royaume-Uni et l’UE ne parviennent pas à un accord est «minime».
Ces considérations font écho à l’avertissement de Michael O’Leary, patron de Ryanair, sur un risque croissant de perturbations majeures du trafic aérien lié au Brexit. Michael O’Leary estime fort possible qu’à partir d’avril 2019, les vols de Ryanair entre le Royaume-Uni et l’UE soient momentanément « perturbés et/ou annulés », et ses avions « déplacés vers l’Europe continentale » .
L’industrie aéronautique britannique pourrait également pâtir du Brexit. L’avionneur européen Airbus pourrait délocaliser la production de nouveaux modèles du Royaume-Uni si ses conditions relatives à la libre circulation du personnel, aux tarifs commerciaux et aux modalités réglementaires n’étaient pas prises en compte après le Brexit.
Selon le Sunday Times, Fabrice Brégier, PDG d’Airbus, a menacé, au début de l’été à l’ouverture des négociations entre Londres et l’UE , de déplacer de Grande-Bretagne la production de composantes d’avion si les exigences du groupe en lien avec le Brexit n’étaient pas satisfaites. Fabrice Brégier a toutefois précisé que les projets en cours, notamment l’A320 et l’A380 Superjumbo seront maintenus, mais que la construction de modèles de nouvelle génération pourrait être déplacée. Il a annoncé qu’Airbus voulait rester Grande-Bretagne, mais à la seule condition que les exigences du groupe soient prises en considération.
« Imaginons que je ne puisse pas visiter les usines parce que je ne suis pas un ressortissant britannique », a expliqué Fabrice Brégier. Il a ajouté que trouver une nouvelle usine ne posait pas de problème et que les offres en ce sens seraient nombreuses, bien que la recherche d’un territoire alternatif ne soit pas une priorité du groupe. À l’heure actuelle, Aibrus construit les ailes pour près de la moitié de ses avions à Filton, près de Bristol, et à Broughton, dans le nord du Pays de Galles. Les deux sites comptent environ 10 000 employés et le groupe prétend soutenir 100 000 emplois en Grande-Bretagne.
Avec airjournal