La saison de cacao en Côte d’Ivoire est bonne. C’est ce qui ressort des chiffres communiqués par l’Organisation internationale du cacao (ICCO), rapporté par l’agence Xinhua. En effet, le premier producteur et exportateur mondial pourrait atteindre la barre historique de deux millions de tonnes de fèves au terme de la campagne en cours.
Dans son dernier bulletin officiel paru fin août, l’ICCO a revu à la hausse, de 30 000 tonnes, ses estimations de récolte de fèves de cacao en Côte d’Ivoire pour la campagne 2016-2017 qui s’achève fin septembre. Elles passeraient à «2,01 millions de tonnes» contre 1,7 million durant la campagne écoulée.
Avec ces «estimations révisées» à la hausse, l’ICCO prévoit une production mondiale record de 4,7 millions de tonnes en hausse de 18,1% par rapport à la campagne 2015-2016 qui s’est établie à 3,981 millions de tonnes. Sur la campagne 2016-2017, la production en Afrique devrait atteindre 3,565 millions de tonnes contre 2,918 millions de tonnes en 2015-2016, en progression de 647 000 tonnes.
Ce qui aurait pu être une bonne nouvelle pour une autre filière de production ne semble enchanter guère les observateurs, en ce sens que les cours internationaux de cacao vont être impacté négativement. L’agence Xinuha rappelle qu’en 2016 déjà, la forte production ivoirienne avait déjà «influencé négativement les cours mondiaux» et la baisse des cours mondiaux devrait se poursuivre, selon des spécialistes de la filière.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement a dû baisser de 35% le prix d’achat aux producteurs et réduire de 9% le budget de l’État. Les ressources procurées par le cacao participent à hauteur de plus de 20% du PIB de la Côte d’Ivoire, représentent près de 50% des recettes d’exportation du pays et font vivre plus de six millions d’Ivoiriens.
Cela renvoie, encore une fois, à la faible transformation des matières premières produites sur le Continent. L’exportation des fèves de cacao à l’état brut rend la Côte d’Ivoire et son économie vulnérables à la volatilité des cours internationaux. C’est la raison pour laquelle le gouvernement ivoirien a mis en place une stratégique qui vise à ce que 50% de fèves récoltées soient broyées sur place en 2020 contre le tiers de la production annuelle actuellement.
En mars et mai dernier, deux usines de transformation de cacao et de production de chocolat ont été ouvertes à San Pedro (sud-ouest) avec le groupe singapourien Olam et à Abidjan avec le chocolatier français Cemoi.
D’ailleurs, la Banque africaine de développement (BAD) se prépare à apporter une aide d’envergure aux producteurs africains de cacao, notamment le Ghana et la Côte d’Ivoire, à réduire la volatilité des cours internationaux de ce produit. La BAD a annoncé en août dernier que les négociations étaient sur le point d’aboutir. Entre autres mesures, la Banque a accepté d’aider les pays à mettre en place un fonds de stabilisation et un organisme de réglementation des marchés du cacao qui permettront d’en gérer la production.
La BAD a également accepté de collaborer avec ces deux pays dans le but de mettre en place un fonds d’industrialisation. Après son installation effective, ce fonds facilitera le développement des marchés régionaux pour les produits dérivés et le traitement d’autres produits à l’échelon national pour les fournir ensuite à des espaces régionaux africains ciblés.
Avec la tribuneafrique