Le développement du secteur de la bière est le symptôme d’une économie qui repart grâce à la confiance des investisseurs, la consolidation de la croissance et une agriculture qui se diversifie.
Cela avait été annoncé dès 2015. Avec la création de Brassivoire, une coentreprise détenue à 51 % par le brasseur néerlandais Heineken et à 49 % par le distributeur français CFAO, les deux groupes devaient mettre fin au monopole en Côte d’Ivoire de la Société de limonaderies et brasseries d’Afrique (Solibra). Doté d’un investissement de 100 milliards de F CFA (environ 150 millions d’euros), le site devait produire 1,6 million d’hectolitres de bière par an au début de l’année 2017.
Dans un communiqué datant du 5 avril 2017, le groupe CFAO a annoncé l’inauguration de la brasserie « ultramoderne » Brassivoire dans la zone industrielle d’Anyama, à 24 kilomètres au nord d’Abidjan. « L’inauguration de notre nouvelle brasserie marque pour nous le démarrage d’un véritable projet agro-industriel en Côte d’Ivoire, dont l’impact se mesure déjà très concrètement en termes d’emplois et qui devrait s’étendre à d’autres secteurs, notamment la filière rizicole », s’est félicité Alexander Koch, directeur général de Brassivoire.
En effet, 200 emplois directs ont été créés depuis la pose de la première pierre de la brasserie en septembre 2015, et le développement de la filière rizicole devrait se renforcer grâce à l’utilisation du riz en complément du malt d’orge dans la fabrication de la bière «Ivoire», marque commercialisée par Brassivoire depuis le mois de novembre 2016.
L’agriculture, « clé du développement économique du pays »
Une double bonne nouvelle pour la Côte d’Ivoire. D’un côté, la croissance du secteur brassicole témoigne de la santé économique du pays, dont le PIB a progressé de 9 % en moyenne sur les cinq dernières années. D’un autre côté, le soutien à la filière rizicole devrait contribuer à la diversification de l’agriculture, un domaine que le gouvernement ivoirien est « déterminé à améliorer constamment », car il « constitue la clé du développement économique » du pays.
Une déclaration prononcée par Alassane Ouattara lors d’une réunion en prélude au Forum pour la révolution verte en Afrique (AGRF), qui se tiendra à Abidjan du 4 au 8 septembre prochains.
Intitulée « Accélérer la marche de l’Afrique vers la prospérité : contribuer à la croissance d’économies inclusives et à la création d’emplois à travers l’agriculture », la septième édition de l’AGRF réunira décideurs politiques, experts, producteurs agricoles et autres partenaires « afin de garantir à l’agriculture toute son importance dans les économies africaines », selon la Banque africaine de développement (BAD).
Pour la Côte d’Ivoire, premier pays francophone à accueillir le Forum, l’événement sera l’occasion de souligner la capacité de l’agriculture à redresser la situation économique du continent. Ce secteur représente la moitié des actifs et fait vivre deux tiers de la population ivoirienne. Il constitue à la fois un patrimoine et l’avenir d’un pays qui intensifie ses efforts pour assurer une croissance inclusive.
Une agriculture qui séduit les investisseurs étrangers : en juillet 2017, Havas Paris et l’Institut Choiseul ont publié une vaste étude pour connaître les secteurs africains plébiscités. Un panel d’une cinquantaine de grandes institutions financières présentes sur le continent estime à 57 % que la Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus attractifs d’Afrique et en premier lieu grâce à son agriculture. Premier producteur de cacao, la Côte d’Ivoire diversifie sa production et s’impose sur le marché mondial : caoutchouc, noix de cajou…
Dans les prochaines années, le continent africain pourrait représenter un quart de la population mondiale, soit deux milliards d’individus. Un défi qui est aussi une véritable opportunité pour des pays comme la Côte d’Ivoire, dont l’agriculture se modernise et se diversifie pour être à la hauteur des besoins de demain.
Avec financialafrik